En six mois seulement, les jeunes compétences mobilisées, travaillant jour et nuit, ont enfin pu mettre en place le système d'information de l'Etat. Un atelier de travail sur «les mécanismes d'intégration de la Tunisie dans la révolution numérique» a été organisé jeudi 16 mars par la Fondation «Tunisie Alternatives» au siège du Cogite, en présence de M. Mehdi Jomaâ, ancien chef du gouvernement et de plusieurs gérants de start-up qui ont fait un exposé sur leurs projets réussis. Selon M. Mehdi Jomaâ, «le grand chantier du digital doit être initié par l'Etat pour permettre aux start-up de se développer. L'Etat est appelé à jouer son rôle moteur dans le développement de ces petites entreprises». L'orateur a parlé de son expérience avec le digital quand il était chef du gouvernement, soulignant qu'à cette époque, il n'y avait pas de système d'informations de l'Etat. D'où l'initiative lancée par M. Jomaâ qui a consacré un local et mobilisé plusieurs jeunes compétences de l'administration pour créer ce système d'information. «On a collecté toutes les bases de données qui concernent les différents secteurs comme les finances, la fiscalité et même l'Intérieur», a-t-il précisé. Travail de fond Les jeunes compétences se sont alors attelées à réparer ces bases de données dans le cadre d'un travail de fond. Il a été possible de créer l'identifiant unique qui peut être utilisé avec les bases de données pour faciliter les procédures administratives qui relèvent du système d'information de l'Etat. Même les impôts ont été traités avec la célérité requise. L'orateur estime qu'il faut «baisser la pression fiscale pour inciter tous les contribuables à s'acquitter de leur devoir». Par ailleurs, la compensation a été rationalisée au cours de cette période qui a vu la suppression de la compensation des grands consommateurs. En six mois seulement, les jeunes compétences mobilisées, travaillant jour et nuit, ont enfin pu mettre en place ce système d'information de l'Etat. Ils étaient responsabilisés et travaillaient en commun avec les représentants de quatre ou cinq ministères. Cette structure a malheureusement disparu actuellement et, subséquemment, l'on assiste à des tiraillements politiques sans se soucier outre mesure du concret. «La politique n'est pas dissociée du concret. Les jeunes peuvent faire des prouesses quand on leur fait confiance et qu'on les responsabilise», conclut M. Jomaâ. Parmi les entreprises présentées, celle de M. Yassir El Ismaili (Tayara) et spécialiste de l'économie de partage. Ce dernier a rappelé que, d'après son expérience, la population a besoin des services du digital et l'entreprise qui ne répond pas à cette demande risque d'être dépassée. Pour ce qui est du site d'annonces Tayara, tout est décidé localement même si l'entreprise se trouve ailleurs. Et d'ajouter : «En Tunisie, il existe plusieurs jeunes talents qui sont capables de créer des start-up de qualité. Cependant, il faut penser plus grand, au marché africain, par exemple, car le marché tunisien est restreint». D'où l'importance des solutions digitales qui constituent les moyens appropriés pour développer l'économie nationale. La création de start-up condamnées à réussir ne dépend pas uniquement du financement mais des capacités opérationnelles aussi. Un important potentiel est disponible en Tunisie et il faut savoir le mettre à profit au plus vite car d'autres pays ont déjà entamé leur ère digitale de plain-pied. Un autre projet intéressant présenté par M. Adam Chabbi, au cours de la journée, concerne l'économie de partage. Il s'agit d'une start-up qui permet aux internautes, grâce à une plateforme, de trouver les commerces de proximité comme les épiciers, les vendeurs de fruits secs, les marchands de fruits et légumes et autres. Ce type de service a trouvé un succès en Amérique et en Europe et commence à se propager en Tunisie à la faveur de cette start-up qui fait travailler 17 personnes avec une moyenne d'âge de 22 ans. Ce projet a permis non seulement de servir les habitants mais de donner plus de visibilité aux commerces qui n'ont pas les moyens de se faire connaître. L'objectif est de créer un écosystème qui permettra de servir les consommateurs à domicile. Mme Sabrina Fajal a parlé du financement participatif et a donné comme exemple l'entreprise dans laquelle elle travaille. Elle fournit des services aux porteurs d'idées et aux entrepreneurs à la faveur de deux plateformes, l'une consacrée aux dons et l'autre aux crédits sans intérêt. Le candidat au financement doit trouver une communauté en Tunisie capable de participer à financer le projet à l'instar de ce qui est fait en France où se trouve cette société. Or, on a constaté des difficultés pour les clients tunisiens qui ne parviennent pas souvent à trouver une communauté participative. Il n'existe pas non plus de cadre légal pour adopter un tel financement. La société essaye maintenant de rayonner sur toute l'Afrique.