Par M'hamed JAIBI Qui l'a nommé, qui le rétribuera, quels seront son statut et sa mission exacte ? Personne n'est en mesure de répondre, aujourd'hui, à ces questions et à tant d'autres. Comme s'il était le communicateur de Nida Tounès au chevet de HCE, ou un vèritable «manager politique» chargé de reprendre en main le parti dans la perspective des prochaines échéances électorales. 40 nouveaux arrivants L'arrivée de Borhène Bsaïess et la cooptation d'une quarantaine de «personnalités nationales» dans les sphères de direction du Nida Tounès officiel, autour de Hafedh Caïd Essebsi et de Sofiène Toubel, marquent une brusque accélération dans la fuite en avant opérée par ces derniers depuis ledit congrès non électif de Sousse. Mais, à travers deux éléments particuliers voulant sceller la rupture, cette nouvelle accélération prend l'allure d'une situation de non-retour. Le premier élément est la volonté, rendue publique par le nouveau «responsable du dossier politique», de rompre définitivement avec la démarche des confluents divers (mouvement national, syndicalistes et gauche réformatrice) qui a vu naître, se développer et triompher Nida Tounès, au profit d'un étendard unique, celui de l'héritier du mouvement national et des édificateurs de l'Etat indépendant. En découdre avec les contestataires Le second élément de rupture, c'est la ferme décision de geler l'appartenance d'un important cadre de la première heure, la députée Leïla Chettaoui, tant au parti qu'au groupe parlementaire, ce qui dénote une réelle volonté d'en découdre avec toute contestation interne au groupe parlementaire.. Et, conséquence fort significative, Leïla Chettaoui se trouve de ce fait limogée de la présidence de la commission d'enquête sur les responsabilités quant à l'envoi des jihadistes en Syrie et en Irak, initiative parlementaire qu'elle avait conduite à l'encontre des évidentes «réticences» d'Ennahdha. Rassemblée sous un étendard unique L'idée du recours à l'étendard unique pro-destourien, qui fait table rase avec les origines de Nida, est sans doute conçue comme un appel solennel à tous les destouriens à prendre leur place dans leur «parti naturel», lequel, avec la scission MPT et celle conduite par Ridha Belhaj, se serait ainsi débarrassé des syndicalistes et de la gauche. Mais la nouvelle option stratégique semble encore mal assurée, puisque le «gérant politique» a tenu à lancer, dès sa première sortie radiophonique après sa nomination, une invite à tous les dirigeants historiques qui refusent le leadership de Hafedh Caïd Essebsi à s'associer pleinement au «renouveau du parti : Ridha Belhaj, Lazhar Akremi, Abdelaziz Kotti, Khémaïès Ksila et, bien sûr, Leïla Chettaoui. Il a même souhaité le retour de Mohsen Marzouk à Nida Tounès. Que peut faire Bsaïes ? Maintenant, que pourra faire Borhène Bsaïess d'un parti qui n'a plus la confiance de sa base et qui a tout fait pour privilégier, autour de Hafedh Caïd Essebsi, l'impératif d'un contrôle absolu de la part des plus fidèles ? S'il renfloue et rassemble, il devra composer avec les anciens confluents et partager le pouvoir. Mais cela accommodera-t-il HCE ? S'il fait cavalier seul, pourra-t-il faire mieux que HCE ? En matière de communication, sans doute, mais le pays et les nidaïstes attendent bien plus. S'il réussit à rétablir les structures du parti et à les réhabiliter par un fonctionnement démocratique et une trésorerie saine, Nida Tounès pourra re-flotter. Mais quel pourra être, alors, la place de Hafedh Caïd Essebsi ?