Comme chaque année à pareille période, l'hippodrome de Ksar-Saïd abritera les finales de cross-country. Les nostalgiques de l'âge d'or de l'athlétisme tunisien vous diront combien cet événement était vécu dans les années 70 et 80 comme une véritable fête annuelle de la grande famille de l'athlétisme. Depuis de longues années maintenant, ce n'est plus le cas. D'une part, parce que les grands noms du demi-fond n'ont pas laissé d'héritiers. D'autre part, parce que ces finales étaient devenues une simple contrainte de calendrier se déroulant dans l'indifférence quasi générale, boudées par le public, la télé et les sponsors et même par les clubs affiliés à la fédération, n'ayant plus d'athlètes dignes de ce rendez-vous à faire valoir. Et c'est justement l'une des priorités du nouveau bureau fédéral de la FTA : redonner vie au cross-country, sans quoi tous les efforts de redressement de l'athlétisme national seraient vains. «Notre premier objectif étant de réhabiliter l'équipe nationale de cross», affirme Mohamed Mrabet, le nouveau DTN. La mission ne sera pas de tout repos car il s'agit de refaire le terrain perdu, en peu de temps. «Nous avons commencé par donner de l'importance aux cross régionaux. Et nous ambitionnons d'avoir un important cross dans chaque gouvernorat. Les finales de 2011 seront de véritables finales nationales et nous pourrons alors en cueillir les fruits en ayant de quoi mettre sur pied une véritable sélection nationale», ajoute-t-il. Cela ne veut nullement dire que l'édition de ce samedi ne sera qu'une formalité. «Au contraire», souligne Fathi Hachicha, président de la FTA. «Sur le plan purement technique, on ne s'attendra, certes, pas à des miracles pour les finales de samedi, mais nous nous sommes employés à en faire un véritable événement. Nous nous sommes dit au bureau fédéral que c'est l'occasion de montrer à tout le monde, à commencer par la famille de l'athlétisme, que nous mettons le paquet pour que tout le monde se remette à parler de l'athlétisme et à s'impliquer dans notre projet de relance». Propos que confirme l'animation particulière constatée ces derniers jours au 6e étage de la Maison des fédérations, siège de la FTA. Mais pas seulement puisque l'organisation du cross de cette année s'étend jusqu'à la Cité des sciences pour drainer les fort dynamiques services de l'Anpe où on retrouve un certain Yosr Saâdallah (oui, l'arbitre de foot), mais aussi au foyer universitaire d'El Omrane où les étudiants des Beaux-arts se font très sensibles aux nouvelles orientations du cross. En effet, l'hippodrome de Ksar-Saïd n'abritera pas cette année un simple événement sportif. Il y aura d'abord un aspect culturel qui viendra se greffer au programme des courses, en l'occurrence un concours de peinture ouvert à 30 étudiants sélectionnés qui présenteront à la fin des épreuves leurs toiles illustrant l'association entre le cross et la nature. C'est ainsi que le Baron Pierre de Coubertin a toujours conçu le sport et l'olympisme. Le sport et la culture, dans l'esprit du fondateur des JO modernes, sont indissociables. C'est pourquoi les JO sont devenus un véritable festival sportif, artistique et culturel. D'ailleurs, partout en Europe, aux Amériques et en Asie, la compétition sportive s'est transformée en un véritable spectacle artistique. Ce n'est pas tellement le cas dans nos pays. Au Cnot, où une commission de culture, d'arts et de protection de l'environnement, présidée justement par Fathi Hachicha, président de la FTA, est mise sur pied. On réfléchit à la question et on agit. Par note circulaire, les fédérations sont appelées à donner à ce volet une importance capitale. La FTA n'attend pas. Le cross du 20 février sera une véritable association entre le sport et la culture. Mais pas seulement. «A l'Association sport et culture, argumente Fathi Hachicha, est venue s'ajouter une 3e dimension au mouvement sportif et olympique, la protection de l'environnement». C'est un thème qui a pris de l'importance grâce à Jacques Rogge qui en fait son cheval de bataille, parvenant à faire adhérer la plupart des pays affiliés au CIO. «En Tunisie, souligne le président de la FTA, il est grand temps que le sport soit impliqué dans l'effort national de la protection de l'environnement et du développement durable». Le sport présente en effet un terrain naturellement favorable à des actions d'envergure touchant ce volet important de l'avenir de l'humanité. Et la FTA entend le prouver dans toute les manifestations qu'elle organise, à commencer par le cross de ce samedi qui offrira le cadre d'une grande opération de propreté et d'embellissement de l'espace environnant l'hippodrome. L'Anpe et l'Anged entreprendront, en coordination avec le gouvernorat de La Manouba et la municipalité de Den Den, une vaste opération d'embellissement à l'occasion. Et ce ne sera pas qu'une démonstration d'un jour puisqu'un programme de coopération entre la FTA et le ministère de l'Environnement sera signé, servant de cadre à une série d'actions s'inscrivant dans l'esprit de l'association entre le sport et l'environnement. En attendant, le cross de ce samedi aura bien une triple dimension : le sport, la culture et le développement durable.