Une bonne prise en charge diminue les risques d'évolution des troubles et limite les dégâts sur le plan scolaire Pour prévenir l'éventualité d'un échec scolaire chez l'enfant, l'identification de troubles de l'apprentissage dès le plus jeune âge s'impose. D'autant plus que ces troubles sont nombreux et intimement liés. Qu'il s'agisse de la lecture, de l'écriture, du calcul ou de l'expression orale, tout est à reconsidérer et à analyser à l'aune de ce qu'on appelle les troubles de l'apprentissage qui peuvent se manifester dès les premières années de scolarité sans que les parents ne s'en rendent compte. Les premiers signes transparaissent à travers les difficultés qu'éprouvent certains écoliers pour lire, écrire ou effectuer une opération de calcul mental. A l'origine de ces troubles: des causes d'origine neurologique, congénitale, socioaffective... et même le stress qui sont les principaux facteurs pointés du doigt. «Les pédopsychiatres ne parlent plus d'enfant 100% dyslexique ou 100% dysgraphique mais d'un enfant qui a des difficultés d'apprentissage variable selon le degré ou la forme du trouble, a souligné le Dr Senda Ben Amor, orthophoniste. Une prise en charge pluridisciplinaire est nécessaire. Elle inclut un suivi thérapeutique par un orthophoniste, un psychomotricien, un ergothérapeute, un psychomotricien et un pédopsychiatre. L'enfant dyslexique présente parfois un trouble associé et traîne quelques traits d'un autre trouble tel la dysorthographie ou la dyscalculie». L'ortophoniste a, par ailleurs, affirmé que pour poser un éventuel diagnostic, un dépistage doit se faire le plus tôt possible. Ce dernier n'est généralement confirmé qu'à la fin de la deuxième année de base et au début de la troisième, le préscolaire n'entrant pas en considération : «Sauf si les parents remarquent de sérieux problèmes de langage vers 4-5 ans, annonciateurs de probables troubles de l'apprentissage», a expliqué l'ortophoniste. Accompagnement et encadrement scolaires «Les premières personnes qui sont en mesure de détecter les troubles d'apprentissage chez l'enfant sont les instituteurs et les institutrices car ils sont en contact avec les écoliers. Ils peuvent se rendre compte qu'un élève rencontre des difficultés malgré les efforts pour apprendre. Ils doivent avertir le parent d'élève pour qu'il y ait une prise en charge rapide». Cependant elle met en garde contre toutes formes de pressions exacerbées : «Il ne faut pas embêter cet enfant mais l'encourager et le soutenir. Actuellement certains parents d'élèves font appel à des auxiliaires de vie scolaire qui sont généralement à la base des éducateurs, des orthophonistes. Le chiffre du nombre d'enfants dyslexiques est en train d'évoluer à cause de l'environnement familial et scolaire». Le système éducatif tunisien ne valorise malheureusement pas les élèves atteints de ce genre de troubles. Pourtant, ils recèlent parfois en eux un QI élevé et peuvent obtenir de bons résultats». Le calvaire des parents Yassine B.A. a neuf ans. Il est inscrit en quatrième année de base dans une école privée de La Marsa. Il poursuit une scolarité en apparence normale, pourtant il est dyslexique. Le mérite revient à l'acharnement de sa maman qui l'a aidé à surmonter ses obstacles et évoluer. Mme Hajer Ben Abdallah se dit très fatiguée lorsqu'elle se confie à La Presse pour évoquer ses lacunes : «Il a des problèmes de concentration pour apprendre son texte et fait preuve de lenteur. Depuis cinq mois, il est pris en charge par l'école qui lui accorde un tiers-temps, temps supplémentaire pour passer ses interrogations et disposer d'un confort de lecture. Il a fait de gros progrès car il a pris confiance en lui-même pour peu qu'on lui lise l'énoncé». Et de poursuivre : «Je crois savoir qu'un enfant sur cinq est dyslexique. Cela touche davantage les garçons que les filles. Yassine quant à lui a une dyslexie de surface, elle est légère par rapport à d'autres cas. N'empêche, il est suivi par un orthophoniste et un psychologue. Il est très bon oralement mais présente une dysorthographie confondant les lettres m et n, en happant souvent d'autres..Il a des problèmes de calcul également». Structure spécialisée dans la prise en charge des enfants présentant des troubles de l'apprentissage «5 à 7% des enfants en âge de scolarité sont dyslexiques», de l'aveu de Mme Hannefi Farha, directrice d'une structure spécialisée dans la prise en charge des enfants présentant des troubles de l'apprentissage et qui a été créée en 2015. Elle relate son expérience : «Cela fait dix-sept ans que je prends en charge des enfants présentant des troubles de l'apprentissage par un accompagnement et un encadrement spécifiques. Nous disposons d'une équipe médicale composée d'un pédopsychiatre, un orthophoniste et un psychologue pour les bilans d'admission et le suivi. En moyenne, 120 élèves présentant uniquement des troubles de l'apprentissage sont intégrés au cours primaire puis au collège. D'autres auront la possibilité de rejoindre dès septembre 2017 un nouveau centre de formation dédié aux nouveaux métiers et l'artisanat». Le ministère de l'Education a pris de nouvelles mesures concernant la prise en charge des enfants dyslexiques en Tunisie. Mme Ben Abdallah trouve cela « très encourageant pour l'avenir.