Hachemi Ouahchy martèle que l'équipe nationale est l'affaire de tout le monde. «La protéger et créer tout autour l'union sacrée me paraissent une urgence en ce tournant de son histoire», insiste l'ancien latéral droit qui a vécu une bonne décennie, de 1980 à 1990, dans le giron des Aigles de Carthage. «Lors de son premier passage en Tunisie, entre 1994 et 1998, une phase qui a coïncidé avec le printemps du onze national, Henry Kasperczak me consultait régulièrement du fait que j'assumais les fonctions de médecin de l'Etoile Sportive du Sahel, se rappelle Ouahchy. Il faut dire que l'ossature de la sélection nationale venait de l'ESS. Bien entendu, c'est avant d'arrêter la liste des convoqués qu'il me consultait sur l'état de santé de tel ou tel joueur de mon club. J'ai appris à le respecter à partir de ces échanges réguliers. Quant à la nouvelle version de Kasperczak, celle de son dernier règne entre 2015 et 2017, à vrai dire, je n'en sais rien». L'obstination du technicien franco-polonais, qui ne lève aucune des contradictions dans lesquelles il se débat, le défenseur étoilé ne la connaît pas, donc. «Je garde le plus grand respect pour le finaliste de la CAN 1996, en Afrique du Sud, nous confie-t-il. Toutefois, comme le plus ordinaire des observateurs, je ne peux m'empêcher de lui reprocher quelques erreurs de casting se rapportant à des hésitations coupables au plan tactique, et quelques listes incohérentes de convoqués. Par exemple, un défenseur comme Ammar Jemal a largement sa place en sélection. C'est mieux que de convoquer des joueurs évoluant en Ligue 2 française. Vous savez, ce n'est plus tellement un exploit que de faire partie d'une formation européenne moyenne. Ça l'était, de notre temps, quand notre football n'exportait presque jamais des joueurs en Europe. En tout cas, les listes des convoqués donnent la part belle à des expatriés ou à des binationaux très moyens. Et cela a sensiblement fait régresser le niveau général». «Une certaine indépendance» Ouahchy en a vu des sélectionneurs durant sa longue carrière: «Je me rappelle de feu Hmid Dhib qui m'appelait "l'Anglais", en raison des tacles glissés dans lesquels j'excellais, raconte-t-il. Nous aurions pu faire deux ou trois phases finales de Coupe du monde. Toutefois, une qualification relevait de l'exploit. Vous pouviez appartenir aux trois meilleures équipes du continent et ne pas aller au Mondial, puisqu'une seule nation était admise en phase finale. Maintenant, nous n'avons pas le temps de procéder à de gros bouleversements. Il nous faut un technicien d'expérience, au fait de ce qui se passe dans notre foot. Il doit avoir une certaine indépendance par rapport au pouvoir fédéral et aux interférences. Le dernier mot, au rayon des choix tactiques, doit lui revenir. Il nous faut aussi un entraîneur courageux, capable de prôner l'offensive. Les noms qui reviennent actuellement me paraissent répondre parfaitement à ce profil : aussi bien Faouzi Benzarti que Nabil Maâloul ou Sami Trabelsi, tous peuvent faire l'affaire et imposent le respect». «Retour de flamme» L'ancien latéral de l'Etoile Sportive du Sahel, connu pour être accrocheur et solide sur son flanc droit, tente de positiver : «Deux mois me paraissent largement suffisants pour préparer comme il se doit le baptême du feu dans la CAN 2019 au Cameroun, assure-t-il. Il faut aider le nouveau timonier, et croire en cette équipe, la flamme qu'elle a su ranimer lors des premières sorties dans la dernière CAN, l'hiver dernier au Gabon, le vent d'enthousiasme apporté, l'engouement revenu : tout cela constitue un solide capital qu'il faut fructifier. L'équipe est jeune et recèle beaucoup de promesses. Sa marge de progression est énorme, notamment avec le retour attendu de Ferjani Sassi et Wahbi Khazri. Nous possédons un milieu de terrain royal où les solutions ne manquent guère : Sassi, Ben Amor, Lahmar, Msakni, Sliti, Laâribi... Notre style à base d'échanges courts et rapides, de triangulations et de vivacité peut nous valoir beaucoup de satisfactions. Le team national réussit le plus souvent avec des entraîneurs tunisiens. Ce ne sera pas l'exception cette fois ou, du moins, je l'espère», conclut Ouahchy.