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Passion et liberté
«Des palmeraies sous la lune»
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 05 - 2017

Une vision manichéenne du monde, où le bien et le mal sont en conflit perpétuel, est illustrée par les différentes fresques que nous peint, minutieusement et superbement, Nouri Mimoun.
Nouri Mimoun nous fait pénétrer, au moyen de son roman «Des Palmeraies Sous La Lune», dans une atmosphère saharienne où la canicule est de rigueur. Cependant, dans ces contrées arides, les oasis émergent comme des temples où résident les dieux des lieux pour veiller sur les hommes du désert ; elles sont une source de vie, puisqu'elles servent de nourricières aux hommes et tempèrent la chaleur torride par leur fraîcheur. Ce tableau paradoxal de la nature traduit, en fait, les contradictions de la vie. Cette vision manichéenne du monde, où le bien et le mal sont en conflit perpétuel, est illustrée par les différentes fresques que nous peint, minutieusement et superbement, l'auteur. Le contexte historique, c'est l'époque coloniale. L'espace varie en fonction des actions des protagonistes, évoluant au gré des circonstances souvent imprévisibles. Cet espace suit à la fois un mouvement vertical, allant du nord au sud tunisiens, ou bien dépassant nos frontières pour remonter jusqu'à l'Hexagone, et un mouvement horizontal s'étendant entre la Tunisie et l'Algérie. Cette extensibilité de l'espace nous promène dans les quatre coins du monde et nous révèle les quatre vérités du colonialisme et du système capitaliste : leurs crimes perpétrés contre l'humanité sont partout les mêmes, ils portent tous le même cachet, celui de l'exploitation de la force de travail et des richesses des peuples démunis et sans défense. Des scènes tragiques se déroulent sur un fond d'amour, l'amour-passion et l'amour de la patrie et de tous les exclus de ce monde injuste.
Des frontières fallacieuses
L'œuvre de Nouri Mimoun est une épopée, mais une épopée moderne et non pas classique. Car, dans celle-ci, la règle c'est l'immobilité, en ce sens qu'il n'y pas de place aux surprises ni aux innovations, ni aux inventions, les déclencheurs du changement ; rien n'arrive, tout se reproduit. Ce n'est pas la vocation que donne l'auteur à ses personnages dans son épopée ; leur fonction est d'agir sur le réel, de le transformer, de le rendre meilleur. Bien qu'il les dote de qualités épiques en les chargeant de missions très dangereuses dépassant parfois la mesure, il en fait des êtres humains en chair et en os, vivant tous les états d'âme, connaissant des moments de force et de faiblesse, réalisant des exploits et essuyant des échecs, c'est-à-dire vivant un changement constant de situations au fil de l'action et du temps. Dans sa pléiade de personnages organisés en couple homogènes ou hétérogènes, l'auteur fait ériger «Laure Montagnard» comme un pilier pour tout diriger. Son nom le laisse déjà entendre. Elle est le catalyseur des événements constituant la trame narrative ; tout tourne autour d'elle, c'est elle qui tient toutes les ficelles. De par la dimension gigantesque qu'il lui donne et qui frise le fantastique, Laure se comporte comme un être qui est tellement assoiffé de justice qu'elle devient capable d'affronter toutes les difficultés et de narguer tous les grands de ce monde et toutes leurs lois. Son comportement qu'on pourrait être tenté de qualifier parfois d'aventurier nous rappelle un peu Don Quichotte qui s'attaque à des moulins à vent. Cependant, ce don-quichottisme n'est pas synonyme d'illusionnisme du personnage, mais nous permet d'appréhender la réalité dans sa vraie dimension : la lutte contre les puissants est une tâche très ardue qui requiert des héros exceptionnels que la puissance n'impressionne pas. Laure trace le cheminement de sa vie depuis son jeune âge en choisissant l'élu de son cœur, «Didi Le Vieux», un jeune arabe, bravant ainsi son père, un officier sanguinaire de la colonisation, qui s'avère être, par la suite, son beau-père et non pas son géniteur. Son vrai père, c'est son prétendu oncle, un fervent communiste, qui lui apprend la valeur humaine suprême : le sens de la justice. Cette valeur fondamentale lui servira de torche tout au long de sa vie. Son mariage avec ce Tunisien du Sud-Ouest est une belle démonstration de cette fraternité existant entre les peuples, puisque, elle, une Française, une ressortissante d'un pays impérialiste, lie son destin à un indigène privé de tous ses droits sur son propre sol où il est traité comme un étranger.
Cette union met au grand jour une vérité qui consiste dans le fait que les barrières de toutes sortes qu'on dresse entre les hommes sont fallacieuses, et que ces derniers peuvent naviguer dans tous les sens et voler dans toutes les directions en toute liberté, à partir du moment où ils sont animés par une volonté ferme et inébranlable. Rien ni personne n'est en mesure d'arrêter leur élan ; c'est le chemin qu'ils doivent emprunter s'ils tiennent à leur liberté ravie par les charognards, les ennemis de l'humanité.
Ce mariage ainsi que d'autres conclus entre l'arabe, «Mohammed le Benjamin», le cousin de «Didi Le Vieux», et Saâdia, la berbère, et entre Denise, la juive et l'autre arabe, Chokri, sont l'illustration parfaite que tous les hommes sont du même bord et qu'ils sont dans la même barque. Ils luttent tous pour leur émancipation.
L'ivraie et le bon grain
Ce sont ces valeurs mêmes auxquelles sont accrochées et dont font une foi les tribus de «Beldelhadhar» d'origine nomade et qui se sédentarisent avec le temps. Toutefois, cette fixation au sol n'altère aucunement leur grand amour de la liberté. C'est justement ce caractère inflexible et cet orgueil transmis de père en fils qui provoquent l'assassinat de Didi le Vieux, ce chevalier hors pair. Le valeureux Didi quitte la vie dans la dignité et le respect, et son vilain assassin perd la vue ; l'aveuglement vient s'ajouter à la cécité de l'esprit qu'il a traînée sa vie durant. Il est mort dans l'anonymat dans un trou à rats. La mort de Didi Le Vieux survenue à la fleur de l'âge, à vingt-sept ans, marque un tournant dans la vie de Laure. A partir de ce moment, après avoir perdu l'être qui lui est le plus cher au monde, Laure ne craint plus rien, elle s'engage dans les domaines politique et syndical, et ce, sur tous les fronts, en France, en Tunisie, en Algérie, et ailleurs, là où il n'y a pas de liberté.
Elle participe très activement dans les luttes contre l'occupant comme dans celles contre le patronat ; les libérations nationale et sociale deviennent ses priorités. L'action militante de Laure s'amplifie quand elle quitte la France et s'installe en Tunisie. Là, elle fait la connaissance d'une vraie militante, Essia, la cousine d'Emna, épouse de Mohamed Le Benjamin. C'est une femme meurtrie par une expérience conjugale complètement ratée à cause d'un mari, Chokri, qui lui miroite au départ un bonheur inégalable dans un éden terrestre embaumé des fleurs de la passion, mais qui se révèle, par la suite, un opportuniste invétéré, un traître qui trahit les siens, les gens de sa classe sociale. Cet intellectuel de gauche dans lequel Essia voit un allié finit par se trahir : il laisse tomber le masque du progressiste et montre son visage hideux, celui de l'arriviste éhonté qui veut atteindre ses buts égoïstes et mesquins par tous les moyens sordides. Essia se débarrasse alors de cet être excrémentiel qui essaye de se servir d'une autre échelle pour son ascension sociale en se mariant avec Denise, la Juive, dont le père est un patron cossu.
Mais celle-ci lui fait subir le même sort et lui inflige le même châtiment, l'humiliation et le dénigrement quand elle découvre son jeu abominable. Les femmes dans «Les Palmeraies Sous La Lune» ne sont pas que des militantes, mais des êtres entiers dans le chapitre de la passion amoureuse ; elles s'y adonnent pleinement et ne badinent pas avec les sentiments. Seulement, elles connaissent des fortunes diverses. L'enseignement majeur de cette œuvre est qu'une vie sans amour et sans passion n'en est pas une ; des palmeraies sans lune n'auraient pas d'existence, car c'est elle qui couve ces nourricières et les éclaire de sa lumière.
Le roman de Nouri Mimoun est un hymne à l'amour et à la liberté, il chante ces valeurs suprêmes de l'humanité, sans lesquelles, celle-ci n'aurait pas de sens, ni d'existence. L'homme est venu à ce monde pour être heureux, pour jouir pleinement de sa vie. L'en priver, le condamner à l'indigence, à la souffrance, au servage, c'est le dénaturer, c'est lui ôter son humanité, c'est-à-dire sa dignité. Une telle vie ne mérite pas d'être vécue. Alors, il vaut mieux mourir debout sur le champ de bataille que vivre déshonoré dans ce monde inique et dépravé...


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