Tunisie : le nouveau Code des changes ouvre grand la porte à PayPal, Bitcoin et aux investisseurs    Sara Limam Masmoudi, fierté tunisienne distinguée par Forbes parmi les Top Healthcare Leaders 2025    Hazar Chebbi à la tête de Pluxee Tunisie, Slim Ben Ammar préside le Conseil d'administration    Sarkozy se rend en prison à bord de sa voiture personnelle    Gabès : un centre anticancer et la relance de l'hôpital universitaire en 2026    Un ciel radieux au-dessus de la Tunisie ce mardi 21 octobre    Tunisie : le ministère de l'Agriculture alerte sur un danger imminent menaçant le cheptel    Baccalauréat 2026 : Les inscriptions commencent demain    Japon : pour la première fois, une femme devient première ministre    Wushu Kung Fu : La Tunisie décroche 7 médailles aux Mondiaux en Chine    Nabeul : La production d'huile d'olive estimée à plus de 90 mille tonnes    Remerciements et FARK : L'amiral Mohamed Chedli CHERIF    Tunisair lance 77 heures de promotions exceptionnelles à l'occasion de son 77e anniversaire    Le ministère de la Santé annonce la création d'un centre de lutte contre le cancer à Gabès    Elu Vice-Président de la Fédération mondiale de neurologie, le Dr. Riadh Gouider dévoile ses priorités    Zoubeida khaldi: La petite gazelle de Gaza    Macron rencontre Sarkozy à la veille de son incarcération    Météo : Températures nocturnes entre 15 et 20 degrés    BNA Assurances : le chiffre d'affaires en hausse de 9,8% à fin septembre 2025    "Le président de la République suit de près la crise à Gabès", affirme Bouderbala    Calendrier des concours Tunisiens Bac 2026, 9ème et 6ème pour l'année scolaire 2025-2026    Histoire générale de l'Afrique : l'UNESCO achève les trois derniers volumes du projet HGA    Battle of Robots 2025 : l'équipe tunisienne Blackshark participe à la finale, un exploit historique    Le drapeau tunisien fête son 198ème anniversaire    Nouveau maillot de l'équipe nationale: les Aigles de Carthage se drapent « d'or »    Ligue 1 – 10e journée : Le CSS enchaîne    Programme de la 11e journée de Ligue 1    Structuration complète du Club Africain : commissions et administration en action    L'Amiral Mohamed Chedli Cherif : Il aimait tant la mer, il aimait tant l'armée, il aimait tant la Tunisie    Kia : 1er constructeur automobile à tester un passeport numérique pour les cellules de ses batteries    Abdelwahab Meddeb, lauréat du grand prix de la Grand Mosquée de Paris (Vidéo)    Le sénateur Rodrigo Paz élu Président de la Bolivie    Deux morts dans un accident d'avion-cargo à l'aéroport de Hong Kong    Seulement 10 personnes encore détenues à Gabès    Mohamed-El Aziz Ben Achour: La médina face aux malheurs de l'histoire    Nouveau coach à la tête de l'US Monastir    Le ministère de la Défense rend hommage à l'amiral à la retraite Mohamed Chedly Cherif    Kharbga City, un festival créatif pour les enfants et adolescents à Tunis    Kais Saied : le projet de loi de finances 2026 au service de la justice sociale et du citoyen    L'église Saint Croix à la Médina de Tunis abrite l'exposition "Nouveaux langages dans les arts entre les deux rives"    Tunis fait vibrer le monde au rythme du rock et du métal    Le Festival National du Théâtre Tunisien 'Les Saisons de la Création' se déroule dans son édition 2025 à Tozeur et Tunis    Météo en Tunisie : températures entre 23 et 28 degrés    Tunisie : « The Voice of Hind Rajab » dans la shortlist des European Film Awards 2026    Pétrole russe : Pékin dénonce les “intimidations” de Trump et défend ses achats “légitimes”    Etats-Unis : la Cour suprême pourrait restreindre les protections électorales des minorités    Tunisie vs Namibie : Où regarder le dernier match qualificatif pour la coupe du monde 2026 du 13 octobre    Tunisie vs Sao Tomé-et-Principe : où regarder le match éliminatoire de la Coupe du Monde 2026    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'Indémodable
Centenaire de la mort de Léon Tolstoï (9 septembre 1828- 7 novembre 1910)
Publié dans Le Temps le 08 - 12 - 2010

Entre les différentes biographies qui lui auront été consacrées, et l'œuvre en soi, gigantesque et sublime que ce grand écrivain a légué, pour la postérité, il y a sans doute une infinité de mondes à découvrir. Et des énigmes, qui ne seront sans doute jamais levées, comme autant d'interrogations sur la complexité d'une œuvre monumentale, qui puiserait sa source dans les angoisses et les tourments existentiels qui n'ont eu de cesse de torturer l'auteur de l'immense «Guerre et paix »,
ainsi que de l'inoubliable « Anna Karénine », jusqu'à le pousser, au soir de sa vie, alors qu'il avait atteint les 82 ans, à quitter sa famille et sa demeure pour partir sur les routes, mener une vie d'ascèse et de dépouillement, persuadé que le seul chemin qui vaille vers la rédemption, c'est celui-là même qui en passe par le sacrifice de tout ce qu'ici-bas vous rattache à la terre, quand votre vœu le plus cher c'est d'étreindre le ciel. L'absolu en somme. Seulement il avait oublié que sa condition d'Homme, fait de chair et de sang, le vouait à la mortalité, quand bien même il en occultait l'imminence. Et c'est ainsi que Léon Tolstoï, né le 28 août 1828 du calendrier julien (9 septembre 1828 du calendrier grégorien) à Isnaïa Poliana, ayant attrapé froid sitôt enfui de chez lui, s'éteignit dans la maison du chef de gare où il avait dû trouver refuge, un certain 7 novembre 1910 à Astapovo.
Faut-il pour autant croire que c'était là une manière de prophète ? Rien n'est moins sûr. Et d'ailleurs ça lui aurait sûrement déplu cette façon de trafiquer le sens de son message, qui était essentiellement une quête éperdue de la vérité en toute chose, même si cela semble utopique et vain pour quelqu'un qui a expérimenté la vie sous toutes ses coutures, avec ses bruits et ses fureurs, avant de décider un jour que cela n'étanchait pas sa soif inextinguible de ce quelque chose d'infiniment grand, d'infiniment précieux, dont il ne pouvait définir les termes, sauf qu'il savait que cela devait être aux antipodes de tout ce qu'il avait connu jusque-là. A savoir, les femmes, une sensualité sauvage, l'alcool, et même les guerres, qui éreintaient alors sa grande Russie, menées par Napoléon 1er, et dont il a dépeint la fresque mouvementée et tragique, au fil de son « Guerre et paix » mais pas seulement, où la vie, l'amour n'ont de cesse de flirter inlassablement avec la mort, sachant qu'il en a expérimenté tous les travers. Mais il avait fait des rencontres, au cours de ses innombrables pérégrinations et voyages, au fil de ses lectures aussi, et il faut bien qu'il se résolve à l'idée que la part spirituelle de son humanité d'homme, elle, avait toujours faim. Alors, quitte à renier toute sa jeunesse, et même une grande partie de sa vie, il tourna le dos à ce qui avait rempli son existence, pour partir dans une autre direction.
Etait-il perdu, manipulé, ou trop vieillissant ? A relire son grand œuvre, l'on peut se rendre compte qu'en vérité, Tolstoï n'avait fait, toute son existence, que tenter de répondre à des questionnements qui ont beaucoup à voir avec cette tristesse métaphysique, qui sans doute le transcendait, mais le rendait également odieux, notamment aux yeux de sa femme Sophie Behrs, de seize ans sa cadette, dont il tomba éperdument amoureux, mais à laquelle le lia une sorte de contrat étrange fait d'amour et de haine, jusqu'à ce qu'un beau jour la haine prit de plus en plus place sur l'amour, en tous les cas pour ce qui le concernait, jusqu'à un point de non-retour qui scella leur irrémédiable séparation, et sa fuite.
Elle avait été sa muse, il paraît qu'elle changea par la suite de visage, puisque même la complicité légendaire du couple insolite, où chacun jetait au visage de l'autre, via journaux intimes interposés, tout leur fiel et ressentiment, ne résista pas à l'usure. Et ce ne sont certes pas les treize enfants qu'ils eurent ensemble, dont certains moururent en bas-âge, qui furent à même de cimenter un amour, perdu dans les limbes d'une vie, vouée à l'écriture pour un génie dans l'ombre duquel, il n'est sans doute pas aisé d'évoluer.
Sans doute faut-il aussi prendre en compte cette fameuse « mélancolie » de l'âme russe, et la rudesse particulière du climat, ainsi que les deuils successifs qui auront marqué sa vie très tôt (sa mère alors qu'il n'avait que 18 mois, son père, tombé en pleine rue, sa tante, ses frères…), et puis sa propre philosophie de l'existence, étroitement chevillée à une certaine morale qui ne prévalait pas alors, contribuèrent sûrement à forger l'édifice d'une personnalité littéraire en marge de toutes les modes et de toutes les conventions, qui influença bien d'autres personnalités par la suite, à l'exemple de Ghandi, qui ne cacha jamais sa fascination, et son admiration pour les idées de Lev Tolstoï, et son sens exacerbé de la justice et de l'équité, qui déroutèrent jusqu'à ses serfs qu'il a voulu libérer, mais qui se méfièrent de son intention, lui prêtant des équivoques qu'il ne soupçonnerait même pas.
Mais Tolstoï n'en n'était pas à une idée pré, révolutionnaire mine de rien, même dans sa manière de concevoir l'éducation et l'enseignement donné aux enfants, puisqu'à sa manière bien à lui, il avait balayé d'un revers de la main tous les vieux préceptes, n'acceptant pas la logique de l'accumulation stérile, quand il suffisait de faire le choix d'une culture, d'un apprentissage, et d'un savoir qui seraient rattachés aux véritables sens de la vie. Et tout ce qui pouvait en fonder la grandeur. Rien que pour cela, pour sa façon aussi, unique et belle, de raconter le destin tragique d'une femme libre et amoureuse, ravagée par la passion, il demeurera éternel.
La grande Russie a eu Dostoïvesky, elle a eu Tolstoï aussi. Cela, il ne faut pas l'oublier…


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.