PARIS (AP) — A quelques semaines d'un remaniement annoncé, François Fillon marque sa différence. "Nicolas Sarkozy n'a jamais été mon mentor", affirme sur France-2 le Premier ministre, précisant également que, s'il vient à quitter Matignon, il n'entend pas recommencer "presque en bas du terrain", "après avoir exercé des responsabilités politiques aussi fortes". Dans un entretien diffusé hier sur France-2, le chef du gouvernement a marqué clairement ses distances avec le Chef de l'Etat. "Nicolas Sarkozy n'a jamais été mon mentor", a-t-il noté. "J'ai fait alliance avec lui, j'ai choisi de l'aider à être Président de la République". Il a ainsi rappelé qu'il avait été pendant longtemps "dans une partie de la famille gaulliste qui était assez opposée au mode de fonctionnement, au style" de Nicolas Sarkozy. Mais "en 2004, après mûre réflexion (...) j'ai choisi de le soutenir et de faire alliance avec lui parce qu'il m'a semblé que c'était le meilleur candidat pour gagner les élections présidentielles". Après plus de trois ans à Matignon, le Premier ministre a également expliqué qu'il avait toujours tenté de rester "modeste". Selon lui, "une démocratie moderne (...) ça nécessite une grande modération dans l'expression publique et dans la manière de communiquer". Tandis que les pronostics vont bon train sur son départ à l'occasion du remaniement prévu dans les prochaines semaines, François Fillon est resté évasif sur ses projets. "Est-ce qu'il peut y avoir une autre vie politique? Sûrement", a-t-il déclaré, soulignant l'importance d'un nouveau défi — dans ou en dehors de la politique — pour "se dépasser". "Je pense simplement que cette autre vie politique ne peut pas consister à refaire inlassablement les mêmes choses", a-t-il expliqué. "J'ai un engagement politique qui a maintenant plus de 30 ans. Je ne me vois pas (...) faire ce que j'ai vu beaucoup d'autres responsables politiques faire, c'est-à-dire, après avoir exercé des responsabilités politiques aussi fortes, recommencer — j'allais dire — presque en bas du terrain". "Il faut à chaque fois pouvoir se fixer un nouveau challenge. Ce challenge peut être dans la politique, il peut être en dehors de la politique", a avancé François Fillon. "Mais il faut avoir un objectif, il faut pouvoir se dépasser. Si on ne peut pas se dépasser, alors là la lassitude et l'ennui certainement finissent pas l'emporter". Le Premier ministre, crédité par les enquêtes d'opinion d'une plus grande popularité que le président, s'est toutefois gardé d'afficher des ambitions élyséennes trop hâtives. Quand les Français "me donnent le sentiment que leur confiance est acquise, j'estime que c'est parce que la méthode que j'utilise, la façon dont je parle répond à une attente. Voilà, alors j'essaie de conforter les choses en ce sens", a-t-il dit. "Ceci étant, il faut vraiment se méfier des sondages", a-t-il souligné, en citant l'exemple de deux de ses prédécesseurs, Lionel Jospin et Edouard Balladur, écartés du second tour de la présidentielle respectivement en 2002 et en 1995.