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Média émergeants
Journaux en-ligne : Quels statut, financement et avenir ?
Publié dans WMC actualités le 19 - 04 - 2006

Comment favoriser l'émergence d'une presse électronique professionnelle, rentable, responsable et éthique ? Avec la facilité de l'outil technologique, le foisonnement des blogs, vlogs et journaux en ligne, et les tentations multiples, la concertation s'impose pour mettre en place les fondements de la réussite et les garde-fous contre les dérapages. Dans le respects de la libre entreprise, de la créativité et des libertés, individuelles et collectives.
Vous avez un téléphone portable ? Vous êtes déjà journaliste ! Voire, grand reporter international ! Puisque vous êtes capable de rendre compte au monde entier, de là où vous vous trouvez sur la planète, d'un évènement, par le texte et/ou la photo. La compression numérique aidant, tout comme le haut débit et le wifi, transforment désormais tout un chacun en citoyen-journaliste. Qu'il agisse pour son propre Blog, ou pour un journal en ligne, ou encore participant à un forum de discussion, il parvient en quelques clics et fractions de secondes à diffuser son message et atteindre l'audience mondiale la plus large possible.
Ainsi va la technologie, démocratisée, accessible à tous, en lecture comme en écriture. En texte, comme en image, et maintenant en vidéo. A eux seuls, les Etats-Unis comptent plusieurs milliers de journaux en ligne et pas moins de 22 millions de blogs. La Chine, l'Inde, mais aussi l'Europe, le monde arabe et (timidement) l'Afrique suivent le pas, en vitesse numérique. La Tunisie aussi.
Statut, rentabilité, avenir ?
Précurseurs depuis quelques années, et nouveaux nés s'installent sur le net, à partir de la Tunisie. Des expériences significatives de journaux en lignes s'accomplissent à travers webmanangercenter, tustex, africanmanager, tunisiait, mosaïquefm, gplcom.com, bourseimmo, audinet et autres moins célèbres. Tout comme celles de nombre de quotidiens et périodiques imprimés, notamment www.lapresse.tn, assabah, letemps, chourouq, tunishebdo, leconomiste, etc. Généralistes ou spécialisés, professionnalisés ou portés en sacerdoce, ils se posent tous les mêmes interrogations : quel statut, quelle rentabilité, quel financement, quel avenir ? Un questionnement qui n'est pas propre à la Tunisie, puisqu'il traverse l'ensemble du Net et interpelle sociologues, juristes, économistes, communicateurs et élus.
Dans le cas de la Tunisie, une lecture rapide de l'économie de certains journaux électroniques offre un premier éclairage. Le site-journal de la station radio www.mosaiquefm.net qui allie news et video en direct, explose en visites des quatre coins de la planète, avec plusieurs centaines de milliers de visiteurs uniques. Le pionnier, www.webmanangercenter.com déclare, selon Hachemi Ammar, 200 000 visites en mars 2006 et 15 000 envois pour la newsletter quotidienne. A 70 ans, le quotidien la Presse épouse la modernité du net avec sa version en ligne qui fidélise un large tunisien et francophone. Au contenu rédactionnel s'ajoute la partie utilitaire (carnet, nécrologie, horaires des trains et avions, pharmacies ouvertes, carnet culturel, cours des devises, etc.). Tustex s'avère la référence pour la bourse et les finances, tout comme bourseimmo pour l'immobilier ou audinet pour l'investissement en Tunisie. Le financement de ces journaux viendrait, normalement, des redevances, au titre du contenu, reversées par les fournisseurs d'accès, perçus lors des hits et, essentiellement, des bannières publicitaires. Les recettes publicitaires sont cependant encore modestes. Le plus grand chiffre d'affaires réalisé par un journal en ligne n'a pas dépassé 60 000 D en 2005, soit 5 000 dinars par mois ce qui est insuffisant pour développer et maintenir un logiciel de qualité, une maquette évolutive et un contenu rédactionnel alerte et attractif.
Ce bref détour par l'économie recentre bien le débat. Parce que, à moins qu'il s'agisse d'une œuvre philanthropique ou idéologique, un journal en ligne c'est d'abord et surtout une entreprise, appelée à se rentabiliser pour prospérer et se pérenniser. Sans aller plus loin et en profondeur dans l'analyse, plus appropriées dans des enceintes autres que celle que les colonnes d'un journal imprimé ou en ligne, je me contenterai de signaler à la réflexion trois grandes questions à savoir : la professionnalisation, le statut et le financement.
Professionnaliser
A la différence d'un acte amateur tout-à-fait légitime et appréciable, un journal en ligne ne saurait désormais réussir sans adopter une démarche professionnelle, celle d'un vrai journal. La technique change, le style aussi, le concept certainement, mais les règles de fonctionnement sont les mêmes. Une entreprise avec des règles de gestion, une rédaction avec un rédacteur en chef, des chefs d'édition, des secrétaires de rédaction pour la relecture et la mise en forme, des maquettistes, un chef de diffusion, un chef d'abonnements, un analyste de diffusion et de lectorat, et surtout des journalistes, des photographes, des éditorialistes et des commentateurs. On peut certes compacter certaines tâches, les confier à une seule personnes, mais on ne saurait les occulter ou s'en passer. Prenez l'exemple de la version électronique du Monde ou du Washington Post, ce sont de vrais entreprises quasi-indépendantes, avec un contenu différents et des équipes dédiées. Dans le cas de La Presse, toute une équipe spécialisée assure, en temps réel, sous la houlette de Cherif Arfaoui, la mise à jour et le lancement des nouvelles éditions. Cette professionnalisation repose évidemment sur une approche marketing pour bien étudier le marché, élaborer le concept, adapter sans cesse le produit, drainer lecteurs et annonceurs, garantir la rentabilité.
L'entreprise de presse électronique sera donc une entreprise à part entière, professionnelle et à but de rentabilité OU ne sera pas.
Un statut commun, mais le Net et l'auto-régulation en plus
En elle-même, l'entreprise de presse obéit aux dispositions communes en vigueur notamment celles du code de commerce et, de par sa spécificité au code de la presse. Reste, de manière encore plus particulière, les aspects relatifs à l'outil électronique. Là, les dispositions existantes ou à concevoir, ne concernent pas uniquement la presse en ligne mais en fait l'ensemble du Net, qu'il s'agisse de simple sites web, d'e-mails, de forums de discussion, et autres.
Ce nouveau droit s'exerce non-seulement sur le contenu et ses auteurs, mais aussi sur l'ensemble des infractions, délits et crimes pouvant s'y rapporter, sans exclure les attaques contre les sites, le détournement de contenu et, d'une manière encore plus générale, la cyber-criminalité. Dans cet effort de réglementation, la toute récente innovation nous vient des les Emirats Arabes Unis, pays de Media-City et Internet-City. En effet, la loi fédérale promulguée le 2 janvier de cette année, offre une approche originale et riche en enseignements, alliant respect des libertés, encouragement des entreprises et protection de la société contre tout risque ou dérive.
Une chose est certaine, quelle que soit l'ampleur de la réglementation et la puissance de sa mise en œuvre, elle ne saurait, face à cette forte natalité sur le net, cette technologie sans cesse affûtée, et cette universalisation, garantir toute sa protection/dissuasion. Elle peut, à la limite, punir, mais rarement prévenir. Les peines encourues peuvent dissuader, mais sans jamais assurer un parfait respect de la légalité. Or tous les dangers viennent, en fait, du forfait accompli et de ses ravages dévastateurs irréparables qu'aucune peine ne saurait gommer. Le seul recours additionnel, fort et puissant, efficace et performant, n'est autre que l'auto-régulation. Charte professionnelle, système d'auto-discipline professionnelle co-géré par les éditeurs, les représentants des autorités morales (conseil supérieur de la communication, etc.) et de la société civile peut valablement élaborer, faire évoluer et faire respecter une pratique saine, éthique, au service de la Tunisie. D'accord pour la loi, mais en plus, il faut la foi.
L'entreprise de presse électronique sera une entreprise respectueuse des lois, auto-régulée, éthique OU ne sera pas.
Quel financement ?
En plus de la noble mission du contenu qui anime tout éditeur et journaliste, il y a, en fin de compte, l'impératif du gain. Pas d'intérêt, pas d'action. Pas de bénéfices, pas de pérennité. Alors qui financera la presse en ligne. La redevance ? A revoir dans son accessibilité, ses taux et ses modalités. La publicité ? A organiser, professionnaliser, promouvoir. Mais est-ce suffisant ? Reste donc l'aide de l'Etat, au même titre que celle consentie en faveur de la presse.
Qu'il s'agisse d'aide directe (sous forme de soutien à la presse d'opinion et d'annonces publicitaires publiques), ou indirecte pour les frais de communication, la subvention du prix du papier ou l'abattement fiscal en faveur des journalistes et certaines autres réductions, il convient de réfléchir à un dispositif incitatif pour une presse électronique de qualité. Il ne s'agit nullement de généraliser de manière uniforme ou, à l'inverse, de discriminer, mais de réserver les deniers publics, aux expériences qui répondent parfaitement à un cahier des charges précis et rigoureux.
Cette rampe (financière) de lancement, encouragera les bonnes volontés, cultivera les talents et préservera l'indépendance des journaux sérieux. C'est la seule règle possible. C'est le préalable pour la naissance d'une presse en ligne non tout-à-fait commerciale, de qualité, à même de porter la voix et l'image de la Tunisie et des Tunisiens, à sur la toile et dans le monde entier. Comme nous l'avions fait pour l'industrie, l'agriculture, les services, le tourisme, la promotion immobilière et tant d'autres secteurs, nous devons le faire pour la presse électronique de qualité, contre cahier des charges dûment supervisé par les instances éthiques, professionnelles et sociétales.
La presse électronique naissante sera soutenue dans son lancement OU ne vivra que le temps des fleurs.
Puisse les débats initiés, il y a quelques semaines au sein de l'IPSI, puis la semaine dernière sous les auspices du Ministre de la Communication et des Relations avec la Chambre des Députés et la Chambre des Conseillers, et bientôt par d'autres instances, approfondir pareilles questions et surtout aboutir à des recommandations utiles, tant attendues. Blogs, Vlogs, presse électronique, journalisme-citoyen, digital-reporter, google-journalism et autres : la presse change, les desks d'agences de presse, les rédactions, stations radio et chaînes TV ne s'étalent plus sur les étages des buildings en verre. Il s'installe au bout du GSM et de l'ordinateur portable. Heureux sont ceux qui l'ont compris et s'y sont préparés ?


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