La soirée du 15 juillet du Festival de Carthage était aux couleurs du patriotisme et de la fraternité qui unissent la Tunisie et la Syrie. Un public nombreux a répondu présent à cette soirée assurée par la jeune artiste syrienne Faia Younan qui était à la hauteur des attentes. Faia Younan est peut-être peu connue du grand public, pourtant, il s'agit d'une artiste exceptionnelle et talentueuse. A la fois sensible et intrépide dans ses choix artistiques, la jeune chanteuse a voué sa carrière à la chanson engagée dont les principaux thèmes tournent autour de la liberté et de l'amour de la patrie. L'année 2014 a marqué son premier succès, elle enregistre alors son premier single «Libladi» qui met en évidence les événements douloureux en Syrie. Parmi ses titres : «Libladi», «Mawtini» que nous avons pu apprécier lors du concert. Ainsi que les titres de son dernier album «Baynetna fi Bahr», sorti en 2017. Tendresse, sensibilité, ambiguïté douce-amère sont les ingrédients d'une soirée riche en émotions. La jeune chanteuse à la voix douce et suave puise dans le répertoire arabe et oriental, riche en couleurs et en saveurs musicales. Dès la première note, on est plongé dans un espace sonore captivant d'une musique d'où naissent rythmes et couleurs. C'est le point de départ d'un festin vocal, instrumental et rythmique. Chantant en arabe littéraire, en dialecte syrien et même en dialecte tunisien, la voix de l'artiste part, pure, douce et forte à la fois. Soutenue par des musiciens virtuoses, au qanoun, au saxophone, à la guitare électrique, à la flûte, au Tabla et au clavier; la chanteuse puise dans un héritage musical multi-millénaire, gérant sa grande richesse avec beaucoup d'aisance et de sensibilité. Elle chantait la Syrie, ses femmes et ses enfants, l'amour d'un pays meurtri et blessé mais toujours fort et optimiste. C'est avec le chant et la musique; avec l'art et la vie que l'on défie la douleur, la tristesse, le silence et l'oubli. On célèbre la musique arabe et le patrimoine syrien, on célèbre l'identité, on célèbre l'existence. On résiste avec l'art. On chante l'amour en réponse à la mort. Sa voix limpide et puissante campe les mélodies parfois languissantes et sensuelles, parfois enflammées et fortes, mais toujours séduisantes et réfléchies, surtout quand elles s'apparentent aux romances, mères du nostalgique. Elle a bercé les adeptes de la musique classique arabo-orientale par des chansons et des morceaux authentiques, interprétés avec grâce et harmonie créant une ambiance sereine chargée d'émotions fortes. Marquée par une musicalité pleine de tact et d'élégance, son interprétation a mis en valeur la poésie d'un discours qui captive sans cesse par sa subtilité, sa poésie et sa grande richesse émotionnelle . Un concert à la hauteur des attentes, le public était ému et ravi !