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Un héros s'en va, la promotion Bourguiba en deuil
Hommage Posthume au général de corps d'armée Mohamed Saïd El Kateb
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 07 - 2017


Par le Colonel Boubaker BENKRAIEM*
L'Armée nationale a perdu, le 20 juillet, l'un de ses héros, le général de corps d'armée Mohamed Saïd El Kateb, décédé cinquante-six ans, jour pour jour, après l'action héroïque qui le rendit célèbre, l'ayant accomplie alors qu'il était encore très jeune et à peine sorti de l'école militaire. Appartenant à la génération de l'indépendance, il participa, entre 1952 et 1955, comme ses camarades, aux évènements qui ont abouti à l'indépendance du pays. Et c'est par patriotisme, par amour pour la Tunisie qu'il a choisi, malgré le manque absolu de cadres dans tous les domaines, le métier le plus dur, le plus dangereux, le plus difficile, le plus fatigant, mais le plus noble, celui de servir, servir la patrie et défendre son indépendance, fraîchement acquise. Et c'est ainsi qu'il se trouva, ainsi qu'une centaine de jeunes tunisiens, embarqué par ce qui deviendra, deux ans plus tard, «la promotion Bourguiba», la première promotion d'officiers de la Tunisie indépendante, formée dans la prestigieuse Ecole spéciale militaire inter-armes de St-Cyr Coëtquidan.
Après une spécialisation dans l'arme blindée et la cavalerie, il a pu, tout au long de sa carrière, parfaire sa formation en suivant les cours de capitaine et d'état-major en France, ceux de l'Ecole supérieure de guerre en Allemagne et ceux de l'Institut de défense nationale à Tunis.
Ses grandes capacités de meneur d'hommes et ses compétences techniques lui ont permis d'exercer toutes les fonctions existant dans l'armée : celle de chef de peloton, d'escadron, de bataillon, d'officier d'état-major, de régiment, de commandant de l'école des sous-officiers, de commandant de l'académie militaire, de commandant de brigade, d'attaché militaire à Paris, de chef de cabinet militaire du ministre de la Défense, de chef d'état-major de l'armée de terre, et de chef d'état-major inter-armées auprès du ministre de la Défense. Et c'est ainsi qu'il a atteint le sommet de la hiérarchie militaire. La formation militaire étant polyvalente, elle lui a permis de servir le pays dans d'autres domaines et c'est ainsi qu'il a été désigné ambassadeur de la République tunisienne au Cameroun et en Indonésie, mission qu'il a remplie avec satisfaction et brio.
Mais l'action qui l'a marqué le plus, et toute sa vie durant, a été celle de sa participation à la guerre de Bizerte. En effet, les pays occidentaux, en solidarité avec la France, ont refusé de nous vendre les armes dont on avait besoin, arguant du fait que cet armement pourrait être cédé aux combattants algériens qui se battaient contre les troupes françaises, depuis le 1er novembre 1954. Cependant, grâce aux excellentes relations qu'avait le président Bourguiba avec certains chefs de pays socialistes, la Yougoslavie, gouvernée par le maréchal Tito, nous a fourni une importante quantité d'armes collectives dont des lance-roquettes antichars et des mortiers de 81 mm, alors que l'Egypte du président Nasser nous a procuré des fusils «Hakim».
En 1960, le jeune lieutenant Saïd El Kateb a été chargé par le commandement de former son peloton sur les mortiers de 81 mm, nouvellement acquis. Et c'est ce qu'il fit aussitôt. Quelques semaines plus tard, des responsables de l'état-major de l'Armée ont assisté, au champ de tir de Bouficha, à un tir de démonstration du lieutenant El Kateb avec ses mortiers. Le tir a été fort bien réussi et le jeune officier reçut les félicitations d'usage. Alors qu'en juin 1961, les relations tuniso-françaises, envenimées par le refus du gouvernement français de répondre, favorablement, à la demande du gouvernement tunisien relative à la fixation d'un délai pour l'évacuation de la base de Bizerte, avaient atteint leur paroxysme, le lieutenant El Kateb a reçu l'ordre, début juillet 1961, à seulement 25 ans d'âge et avec une expérience militaire très modeste (quatre ans dont deux années d'école), de se positionner, en toute discrétion, à la lisière de la base aérienne de Sidi Ahmed (Bizerte), avec son peloton de mortiers, de se fixer des objectifs à l'intérieur de la base, en vue de les bombarder, sur ordre du commandement, le jour J. Cette mission est extrêmement difficile pour les raisons suivantes :
la proximité immédiate de la base qui présente un grand danger pour tout élément qui s'en approche,
les environs de la base, dénudés et sans végétation, ne permettant aucun camouflage,
les délais des préparatifs pour l'exécution de la mission n'ont pas été fixés,
la présence de tout ce personnel aux limites de la base ne pouvant passer, facilement, inaperçue.
Les ordres étant ce qu'ils sont, il faut les exécuter. Et le jeune lieutenant, seul, doit faire preuve d'imagination, d'initiative, d'originalité, d'astuces pour entamer les préparatifs de sa mission nécessitant d'abord des travaux d'organisation du terrain, tâche primordiale et vitale pour tout le peloton, ensuite organiser les emplacements des mortiers et de leurs munitions en assurant leur camouflage total, préparer des objectifs pour ses mortiers et enfin prier Dieu pour que l'ordre de tir lui parvienne le plus tard possible, en vue d'avoir assez de temps pour que tous les préparatifs soient bien exécutés. Et Dieu était avec le jeune lieutenant Saïd El Kateb, puisqu'il a eu tout le temps nécessaire à la préparation de sa mission dans tous ses détails. L'ordre de tir lui a été donné le 19 juillet 1961 en fin d'après-midi avec exécution, à son initiative, à la tombée de la nuit.
En effet, vers minuit, le lieutenant Saïd El Kateb donna l'ordre à tous ses mortiers, de tirer jusqu'au dernier obus sur l'objectif, préalablement, défini pour chaque arme. Trente minutes plus tard, la riposte française par des tirs d'artillerie de contre batterie a été exécutée sur sa position mais la mission du lieutenant El Kateb a été menée à sa fin. Nous saurons, plus tard, que les dégâts occasionnés, étaient fort importants. Comme prévu d'avance, et vers 01 heure du matin du 20 juillet, le décrochage de ses éléments, par équipe de quatre personnes, débuta avec consigne d'atteindre, le point de ralliement à la gare de Tinja, distante de quelques kilomètres de là. La majorité de ses hommes n'a pu l'atteindre qu'en rampant, durant des heures, et ce, pour échapper aux tirs et éviter l'observation aérienne. Lorsque le jeune lieutenant Saïd El Kateb, qui décrocha le dernier, de la position, téléphona, à l'aube du 20 juillet, de Tinja, au général Tabib, le chef d'état-major général, celui-ci ne crut pas ses oreilles car il était persuadé que le Lt El Kateb était mort en martyr ainsi que les hommes de son peloton. En fait, notre camarade s'est rendu compte, une fois ses hommes arrivés au point de ralliement, qu'il s'en est tiré à très bon compte puisqu'il n'avait perdu que le tiers de son effectif.
Très respecté et aimé de ses hommes parce que lui, il les affectionnait, les protégeait et les défendait, il a un cœur gros comme ça, malgré ses apparences de chef dur et sévère. Très attaché à ses soldats, quel que soiet leur grade, il s'occupait beaucoup de leur formation, de leur situation sociale et de celle de leur famille.
«Faress» accompli, dans le véritable sens du terme, il est un grand fana de l'équitation dont il est un éminent supporter et dont il a présidé, durant de nombreuses années, la fédération.
Par son honnêteté, par son amabilité, par sa gentillesse, par son sérieux, par sa sagesse et par ses hautes qualités morales, il a été l'homme intègre, le chef aimant tout ce qu'il fait. Il demeure l'ami sincère qui n'a laissé, là où il est passé, que de très bons souvenirs.
Il retrouvera, certainement, les héros de Bizerte et des autres actions d'éclats qui ont jalonné la courte mais riche histoire de notre armée nationale. Il rejoindra, assurément, notre grand ancien, le commandant Mohamed Bejaoui, mort l'arme à la main, à Bizerte et qui mérite le plus grand des hommages, ainsi que ses camarades dont le valeureux Hamida Ferchichi,le père incontesté des paras-commandos tunisiens, Bechir Ben Aissa, Noureddine Boujellabia, Abdelhamid Escheikh, Abdelhamid Lajoued, Taieb Ben Alaya, Khelifa Dimassi, Aziz Tej et Hedi Ouali, ce groupe d'officiers qui s'est positionné dans la médina de Bizerte, a défendu l'honneur de l'armée tunisienne en empêchant les troupes françaises d'étendre sa domination sur toute la ville de Bizerte et ce, jusqu'à la décision du Conseil de sécurité de l'ONU ordonnant le cessez-le-feu le 22 juillet 1961.
Une pieuse pensée à tous nos soldats, de tous grades, morts en service commandé, en Tunisie et ailleurs, lors des missions de maintien de la paix sous la bannière des Casques bleus de l'ONU au Congo-ex belge, au Katanga, au Burundi, au Rwanda, au Cambodge, en Somalie, au Sahara occidental, en Albanie et ailleurs. Ils se sont sacrifiés au service de la paix dans le monde. Qu'ils trouvent, ici, l'expression de notre admiration, de notre considération et de notre respect.
Que Dieu le Tout-Puissant accorde, à notre cher Saïd, Son infinie Miséricorde et l'accueille dans Son éternel Paradis.
*Ancien sous-chef d'état-major de l'armée de terre, président du comité du cinquantenaire.


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