Selon le membre nouvellement élu du Conseil de l'Isie, Mohamed Mnasri, Chafik Sarsar a gravé son nom dans les pages de l'histoire de la Tunisie, qu'on le veuille ou pas C'est désormais officiel. Depuis hier, Chafik Sarsar n'est plus président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections. Dès l'annonce de sa démission le 9 mai dernier, Sarsar avait en effet promis « par sens des responsabilités » de poursuivre sa mission jusqu'aux vacances parlementaires. Hier, une petite réception a été organisée au siège de l'Isie au Lac II, et dont les frais n'ont pas été supportés par l'Instance, mais grâce à la contribution personnelle de ses collègues. « Qu'on le veuille ou pas, Chafik Sarsar a gravé son nom dans l'histoire de la TunIsie. Il aura été l'un des piliers de l'Instance en contribuant à la bâtir et en menant à bien trois grandes élections : la présidentielle, les législatives et l'élection du Conseil supérieur de la magistrature », déclare Mohamed Mnasri, membre nouvellement élu du Conseil de l'Isie, qui a également rendu hommage au travail accompli par Mourad Ben Mouelli et Lamia Zargouni, démissionnaires eux aussi du Conseil. Mais Mnasri a été le seul membre du Conseil encore en place à prendre la parole lors de cette réception pour rendre hommage aux partants. En effet, absents pour les uns, faisant une apparition furtive pour les autres, aucun de ceux qui ont vécu l'aventure avec eux depuis 2014 n'a souhaité dire un mot d'adieu ou de remerciements. Devant les représentants de plusieurs instances constitutionnelles et d'ONG partenaires de l'Isie, Chafik Sarsar a déclaré que « la Tunisie mérite beaucoup mieux que ce qu'elle a eu », imputant la responsabilité du désintérêt des Tunisiens pour la chose publique, à l'échec des partis politiques. Il a par ailleurs indiqué que, comparée à 2014, l'Instance risque de se retrouver avec beaucoup moins de compétences malgré les importantes échéances à venir. « En l'absence de textes d'application et de la mise à disposition des fonctionnaires, beaucoup de juges ont préféré quitter l'Instance et d'autres pourraient suivre », dit-il. Le président de l'Isie a tout de même indiqué que la TunIsie est capable de faire réussir les élections municipales du 17 décembre prochain. Evoquant le bilan de l'opération d'enregistrement des électeurs débutée le 19 juin dernier, Chafik Sarsar a assuré qu'il y a environ 277 mille nouveaux inscrits et plus de 45 mille mises à jour. Il prédit que d'ici la fin de l'opération d'enregistrement, les deux tiers du corps électoral pourraient être inscrits, ce qui correspond, selon lui, aux normes internationales. Le poste de président de l'Instance est désormais vacant et sans candidat favori, et la balle est dans le camp de l'Assemblée des représentants du peuple, qui devra à la fois combler le vide laissé par les démissionnaires et élire un nouveau président. Une élection qui obéira bien évidemment au jeu du quota des blocs parlementaires, et les prétendants ont d'ores et déjà commencé à préparer leurs CV, mais pour l'instant personne ne veut clairement s'afficher en candidat. « Tout le monde veut prendre sa place », nous confie pourtant un cadre de l'Isie. Mais l'ARP et l'Isie pourraient très vite se retrouver dans l'impasse. En septembre 2015, conformément à la loi, l'Isie a procédé au renouvellement par tirage au sort d'un tiers de ses membres. En toute logique et selon la loi, un deuxième tiers devra être renouvelé en septembre 2017, donc à la rentrée. Si cette option est retenue, l'Isie aura renouvelé la totalité de ses membres en l'espace de seulement quatre années. Mais certains pourraient bien jouer sur les textes et considérer les trois récentes démissions comme une substitution au tirage au sort.