Les nouvelles pratiques et métamorphoses des mendiants révèlent parfois de sombres méthodes Les anecdotes pullulent sur les comportements immoraux de nombreux mendiants en Tunisie quand il s'agit de demander l'aumône. Cela se remarque partout avec des jeunes enfants démunis qui ont été récupérés par des réseaux organisés pour faire la manche dans les ruelles et au niveau des feux de croisement sur la route. On les croise aussi dans les métros, se lançant dans de longues litanies sur leur misère pour susciter la compassion des passagers. Et ça marche...le poisson passe! La mendicité en Tunisie a pris des proportions telles que l'Etat est devenu pratiquement impuissant face aux multiples dérives et abus que l'on peut observer dans les espaces publics notamment durant le mois de Ramadan. Qui ne tente rien n'a rien ! Qui n'a jamais été pris de court dans sa marche piétonne, happé au volant de sa voiture par un de ces énergumènes quémandant votre charité, et vous forçant presque la main ? Tout y passe, du plus jeune au plus vieux, des handicapés, des enfants souvent, de jeunes femmes portant des nourrissons... Leur credo serait «qui ne tente rien n'a rien !». De prime abord, il est sacrément difficile d'obtenir des statistiques concrètes sur le phénomène de la mendicité en Tunisie auprès du ministère des Affaires sociales. Dès lors, la banalisation de la mendicité par la société traduit un réel malaise face à ce mal endémique. Pourtant, des mécanismes existent bel et bien pour venir à bout de ce phénomène et aider les personnes dans le besoin, à l'instar de ce qui se fait en France. Sur le plan social, les situations sont plutôt bien connues et cernées. Des associations sillonnent les rues. Les services en charge de l'aide sociale à l'enfance sont souvent au courant, d'une manière assez détaillée, des conditions de vie de ces enfants qui font la manche dans la rue. Sur le plan pénal, les tribunaux, après signalement, surveillance et intervention des forces de police, rendent des décisions». Spécificités de la mendicité tunisienne La mendicité en Tunisie s'est métamorphosée et a pris des allures versatiles à telle enseigne qu'elle doit faire l'objet d'une nécessaire distinction entre les différentes formes qui la caractérisent. Une demande du style : «Aurais-tu 500 millimes ?» , «Bonjour, s'il te plaît donne moi un dinar» ou plus formelle; «S'il vous plaît, un peu de monnaie pour un café» sont toutes des implorations qui frisent le ridicule tant elles sont variées, fantaisistes, multiformes...Cette mendicité active banalisée est suivie d'une variante plus agressive qui joint le fond à la forme avec des personnages qui vous stoppent, vous narrant leur situation misérable afin de vous soutirer le maximum de deniers, cela s'entend ! Ces mendiants, ils sont toujours là au détour d'une ruelle, debout contre un mur tel un piquet, devant les lieux de culte avec un pic durant le mois de Ramadan. On les trouve aussi dans les quartiers huppés à la sortie des restaurants et des fast-foods, hélant les clients installés sur les terrasses dans l'espoir que l'un ou plusieurs d'entre eux fassent preuve de générosité à leur égard. Finalement, on est souvent amenés à céder et ainsi concéder quelques pièces de peur d'une agression plus virulente surtout devant ces formes hyperactives de mendicité.