Assouf n'a pas manqué de diffuser une forte énergie, celle des anciens, des hommes de liberté, des amoureux de la vie, une énergie accueillie avec euphorie par un public déchaîné et fougueux. Le groupe Tinariwen n'a pas manqué, mercredi dernier, de faire vibrer le public du festival international de Hammamet aux rythmes du blues touareg, une musique créée dans l'exil et la souffrance. Emmenés, depuis plus de 30 ans, par Ibrahim ag Alhabib, les musiciens du groupe sont des Touaregs originaires du Mali et d'Algérie. Le public était, aussi, au rendez-vous entre Tunisiens fans du groupe, et autre défenseurs de la culture amazigh et Algériens qui n'ont pas hésité à brandir le drapeau amazigh. Euphoriques, ils se sont laissé guider par les rythmes des guitares électriques et autres percussions. Ibrahim ag Alhabib et Alhassan ag Touhami, les fondateurs du groupe, et 4 autres membres, tous portant avec fierté les habits de leur région, ont salué la réactivité et l'énergie du public de Hammamet, lui adressant les titres de leur dernier et 8e album Elwan (qui signifie «Les Grands» mais également «Les Eléphants») mais aussi des morceaux plus anciens. Tinariwen n'est pas un groupe comme les autres, leur musique est inscrite dans leur peau, circule dans leurs veines et vient raconter les maux et les souffrances d'un peuple. Créé officiellement en 1982, lors d'un festival à Alger, par Ibrahim ag Alhabib, Alhassan ag Touhami et feu Intayaden, Taghreft Tinariwen, qui signifie en tamasheq «l'édification des pays», a joué un rôle important pendant la rébellion touareg des années 1990, en diffusant des messages d'espoir et de résistance à leurs compatriotes. A l'origine, les trois amis jouent sur une guitare acoustique qu'ils se partagent, avant de rencontrer un orchestre de musiciens touaregs, les voix du Hoggar qui chantent en arabe et qui offrent à Ibrahim sa première guitare électrique. Après cette période d'exil en Algérie, Ibrahim, Intayeden, Alhassan rencontrent Alhousseini ag Abdoulahi, Kedhou ag Ossad, Mohammed dit «Japonais» dans les camps d'entraînement en Libye. Le groupe s'agrandit de ses nouveaux membres. Lorsqu'éclate la rébellion en 1990, ils rentrent au Mali, les armes à la main et les guitares en bandoulière. Ils se retrouvent alors intégrés au Mouvement Populaire de l'Azawad sous le commandement d'Iyad ag Ghali qui les aide à financer l'achat d'instruments de musique. Avec la signature du pacte national de 1992, et le retour de la paix, le groupe s'est consacré à la diffusion de la culture touarègue grâce à leur musique et à des paroles évoquant autant l'amour du désert que les souffrances de leur peuple. Assouf, c'est le nom que le groupe donne à sa musique, ce qui signifie en tamasheq la solitude, la nostalgie. Et cela donne, en termes de sonorités, une synthèse entre le blues, le rock et la musique traditionnelle touaregue. Tinariwen est une grande famille d'artistes touaregs, un mouvement culturel et un courant musical. Cela fait que leur formation ne soit pas figée, les artistes y participent à leur guise. Sur scène l'on voyait la mixité des générations, entre anciens membres et autres musiciens plus jeunes. Assouf n'a pas manqué de diffuser une forte énergie, celle des anciens, des hommes de liberté, des amoureux de la vie, une énergie accueillie avec euphorie par un public déchaîné et fougueux.