Les consommateurs tentent d'opter pour les articles et les produits affichant le meilleur rapport qualité/prix 10h au Marché central. La foule bat son plein. Des grappes de jeunes femmes pullulent dans le pavillon réservé aux poissons. Et pour cause : le poisson bleu a enregistré une chute de prix depuis quelques jours. Ainsi, la sardine est écoulée à 2,500 le kilo, après avoir atteint les 4 dinars. En véritable connaisseur, Mohamed Saleh, poissonnier, abonde sur un ton plein d'assurance. «Le poisson bleu devient fréquent dès l'apparition de la lune», en ajoutant que l'approvisionnement du marché local par les poissons en provenance de Libye permet également de spéculer sur les prix. «Les prix chutent lorsque les camions de poissons provenant de Libye déversent leur marchandises au marché de gros», indique-t-il. Habituée des lieux, Khadija, la cinquantaine, mère de cinq enfants en bas âge et dont le mari est décédé, nous livre ses impressions. «Le poisson est cher. Il n'est pas à la portée. Le kg de rouget coûte 24d500. L'espadon est vendu à 16d800. Le mulet est commercialisé à 19d800». Le problème de la cherté de la vie revient comme un leitmotiv sur les lèvres des consommateurs qui arpentent les allées du marché, scrutant et palpant les produits exposés sur les étals pour juger de la qualité du produit. Après avoir fait le tour du pavillon réservé aux poissons, la plupart finissent par se rabattre sur les produits qui présentent le meilleur rapport qualité/prix. Mohamed, un retraité de la Steg, père de trois enfants estime quant à lui que le prix du poisson est excessif. «Les crevettes se vendent à 19d.800. Le rouget rouge à 12d.600. Les crevettes royales à 42d600. Le mérou à 22d.900. Ce matin, je me suis rabattu sur le petit rouget dont le prix oscille entre 5d et 6d». Rencontré dans les lieux, un autre retraité, Salah, estime que le poisson demeure cher. Ce sexagénaire, qui perçoit une maigre retraite de 250d par mois et qui gère tant bien que mal le budget familial, a appris à connaître par cœur la mercuriale du Marché central où il se rend quotidiennement pour faire ses emplettes. Il est souvent obligé d'acheter des produits bon marché dont la qualité laisse à désirer. «J'habite le centre-ville. Je pointe tous les jours à l'affût de quelques baisses de prix. Or, je constate que le prix du poulet a enregistré une hausse de 500 millimes. Il se vendait à 5d.490 le kg, il a atteint les 5d.990». Cette hausse, explique un commerçant de volailles, est due à la perte d'une grande partie du cheptel, mort sous l'effet de la chaleur intense due à la canicule qui a sévi ces dernières semaines. Un autre propriétaire d'un point de vente de viandes blanches et de produits avicoles, Mohamed Ali, renchérit : «Le petit aviculteur a enregistré une perte considérable de son cheptel, et ce, à cause de la canicule. Seules les grandes entreprises d'élevage continuent à résister, étant bien équipées en termes de climatisation. Somme toute, les plus démunis, ainsi que les familles à revenu limité et nombreuses n'arrivent pas à joindre les deux bouts». Rencontrée dans le pavillon des fruits et légumes, en train de faire ses emplettes, Leila, la quarantaine, a souligné, sur un ton amer, que durant l'été, elle consomme plus de salade car elle n'a pas les moyens de s'acheter de la viande ou du poisson. «Avec la cherté de la vie on finit par devenir végétarien», se désole la jeune femme. Et de poursuivre «Je suis économe car le niveau de vie est devenu trop cher. Je suis veuve et mère de deux enfants. Tous les jours je prépare de la ratatouille ou des spaghettis». Sa classe sociale s'affiche à travers sa tenue vestimentaire modeste. Appartenant à la catégorie des personnes aux revenus limités, cette dernière a un goût très net pour la cuisine ancestrale dont les ingrédients ne sont pas trop chers, affirme-t-elle. Du côté du pavillon fruits et légumes, les tomates sont écoulées à 600 millimes le kg, les pommes de terre à 900 millimes, les raisins à 1d.800 le kg, les pommes à 4d.600 le kg et les pêches sont à 3d980 le kg. Seules le kg de dattes a enregistré une baisse : le kilo est écoulé à 8d500 au lieu de 10d. Kamel souligne que «ce sont les intermédiaires qui sont responsables de la hausse du prix des fruits et légumes». Cette hausse n'a pas découragé des consommateurs comme Slim, entrepreneur, qui préfère acheter des produits de bonne qualité «même si le prix est excessivement cher».