Lundi 21 août 2017, au quinzième jour des soldes, les consommateurs tunisiens friands de textile parmi la gent féminine ne désespèrent pas de faire de bonnes affaires en s'achetant du neuf au prix le plus réduit possible. Une grande surface de la banlieue nord de Tunis a même eu l'idée de rabaisser à 50% du prix initial un grand nombre d'articles et d'accessoires allant des vêtements aux valises ou encore les ustensiles de cuisine. Le souci est que le portefeuille du Tunisien s'érode de plus en plus entre la baisse du pouvoir d'achat, le cours de change de l'euro qui est équivalent à près de 3 dinars et le cumul avec une période de fortes dépenses des ménages tunisiens. Les parents, surtout ceux issus de la classe moyenne, sont souvent amenés à jongler avec leurs économies pour pouvoir faire face aux impératifs et aux divers cycles au courant de l'année. Sur la corde raide K.B., fonctionnaire d'Etat et chef de famille, père de trois enfants, vit un rythme infernal durant la période estivale. Il fait part de son malaise à La Presse : « Je suis au bout du rouleau en ce moment et les soldes ne sont pas une occasion propice pour moi car j'ai d'autres priorités: préparer la rentrée scolaire de mes enfants et soigner convenablement ma famille. Ma femme vient de subir avec succès une opération chirurgicale dans une clinique privée». Lorsqu'on parcourt les centres commerciaux et les boutiques ayant pignon sur rue à Tunis, on remarque une affluence modérée des consommateurs sans bousculade ni fièvre acheteuse. Un couple de retraités qui vient d'acquérir chacun un téléphone portable donne son opinion sur les conséquences de l'érosion du pouvoir d'achat et les mesures à adopter : «Le Tunisien doit faire des choix, établir une échelle de priorités dans son budget afin de faire les sacrifices nécessaires et, s'il le faut, s'abstenir d'acquérir le mouton de l'aïd ou de s'acheter des vêtements aux prix inabordables afin de donner la priorité à la santé, l'éducation et la scolarité de ses enfants et ne pas vivre en permanence au-dessus de ses moyens. » Prix cassés ? Soldes folia, soldes party. Les femmes raffolent des robes, c'est connu depuis perpette. Un tour d'horizon sur les prix de ces articles soldés à 20, 30 et 40% devenait nécessaire. En vitrine, une robe longue sans manches, couleur violette avec un bustier croisé se vend tout de même à 224 D car le prix initial était de 329 D. Une robe noire avec tressage plus accessible se vend à 78,400 D mais la remise est négligeable dans la mesure où elle se limite à 20%. Les robes d'été colorées ou blanches passent de 89 D à 71,200 D. Une autre plus chère de couleur rouge et brodée sur le col en V se vend à 117 D avec une baisse consentie de 40% sur le prix de départ de 194 D. Le prêt-à-porter masculin connaît un rythme différent avec un grand choix de shorts, polos et pantalons et jeans majoritairement demandés par les hommes qui s'achètent des articles moins chers que ceux des femmes, en général. Malgré des remises de 30%, une enseigne de vêtements de qualité d'origine américaine propose une grande variété de polos à des prix assez élevés allant de 62 D pour les basiques à 83 ou 100 D pour ceux plus étoffés. Alors que de nombreux tee-shirts sont vendus ailleurs à 15, 20 D, certes de qualité moyenne, ils sont vendus dans ce magasin au prix de 48,965 D, ce qui dissuade beaucoup de clients assurément vu le grand vide dans ces lieux... Un autre commerçant de prêt-à-porter turc de qualité supérieure consent, dans une deuxième démarque, des soldes à hauteur de 50% mais le prix initial de ses fringues est décourageant. Un jeune cadre supérieur, âgé de 33 ans, officiant dans une boîte d'assurances fait la moue : « Je ne peux profiter des soldes, étant donné que j'ai d'énormes dépenses liées aux préparatifs de mon mariage qui aura lieu en septembre prochain. Habituellement je ne rate pas ce genre d'occasions pour acquérir de beaux habits et chaussures. Cette fois, je suis astreint à mettre une croix dessus. Je me contenterai d'acheter le costume pour la cérémonie de mariage. » Au final et malgré les remises consenties par de nombreux commerces de textile, chaussures et de parfumerie, il n'y a pas foule car le rythme harassant et les nombreuses dépenses freinent l'envie d'acheter de nombreux Tunisiens. Un chef de famille, désabusé, fait la grimace : « Aujourd'hui, les deux parents doivent être actifs pour pouvoir se donner les moyens d'enchaîner les achats grâce à de bonnes rémunérations couplées car la seule rémunération du père ne suffit plus ! » Un vrai casse-tête pour les familles !