La ville retrouve un nouveau souffle grâce à un projet de grande ampleur destiné à redynamiser l'activité économique et touristique. D'un coût de 4.8 MD, le projet de réhabilitation de la Médina de Kairouan est financé par l'Etat tunisien, l'AFD (Agence française de développement) et l'Union européenne. Et les travaux, qui ont démarré en 2014, ont été achevés au printemps 2017 et ont concerné d'importants travaux d'infrastructure (enfouissement de 8.000 mètres linéaires du réseau téléphonique et électrique, rénovation de 284 points lumineux, rénovation de la voirie sur 28.000 m2 et le ravalement d'environ 20.000 m2 de façades (enduits, éléments de menuiserie harmonisés, auvents, fers forgés aux fenêtres, descentes pluviales, etc.). Ce projet pilote, qui s'inscrit dans le cadre du Pnru (Projet national de requalification urbaine) et qui s'étale sur 21 hectares, a profité à plus de 7.500 habitants et 1.500 logements situés notamment au quartier El Bey à Bab Jelladine, à la rue du Souk, à la rue Sidi Atallah jusqu'à la mosquée El Ansar, à Bab El Kidda, à la rue El Khadraouine et aux placettes adjacentes, à la rue Sidi Abdelkader et à la rue Zdadma. Il va sans dire que ces travaux ont été effectués dans l'esprit d'une approche participative qui tient compte de l'implication de toutes les parties prenantes, à savoir la municipalité de Kairouan en tant que maître d'ouvrage, l'Arru (Agence de réhabilitation et de rénovation urbaine) maître d'ouvrage délégué, l'ASM, l'INP, la société civile et les divers concessionnaires. Manque de coordination Notons que les travaux de réhabilitation et de rénovation du parcours de la Médina de Kairouan ont quelque peu traîné lors de leur exécution et ce à cause d'une concertation insuffisante au départ avec la population et du manque de coordination entre les différents organismes (Steg, Télécom, Sonede, etc.). En outre, l'entreprise chargée des travaux n'a pas respecté certains aspects architecturaux du répertoire décoratif avec l'emploi de matériaux inadaptés au tissu urbain traditionnel. D'où la grogne des citoyens qui ont souffert de l'arrêt fréquent des travaux avec tous les désagréments de la boue, des gravats et de la poussière. Evidemment, ces facteurs techniques et contextuels ont nécessité le changement de l'entreprise et les interventions de la société civile, ce qui a permis beaucoup de rectifications, surtout au niveau de l'amélioration esthétique des façades des maisons et des pavages. De ce fait, aujourd'hui, on ne peut qu'admirer les résultats saisissants de ces opérations qui ont contribué à améliorer la qualité de vie des citoyens, des artisans et des commerçants et à promouvoir l'attractivité économique et touristique. Un projet de grande ampleur Notons que l'ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d'Arvor, «ce Tunisien de cœur», a effectué le 20 septembre une visite à Kairouan où il a notamment inauguré officiellement le projet de réhabilitation et de rénovation de la Médina de Kairouan et ce en compagnie de MM. Mongi Chaher, P-dg de l'Arru, Bassem Chrigui, premier délégué, Gilles Chausse, directeur général de l'AFI, et Jérémie Daussin Charpentier, directeur adjoint de l'AFD. Après avoir rappelé que l'AFD et l'Union européenne ont financé en Tunisie une opération pilote visant à réhabiliter quatre médinas (Tunis, Kairouan, Sousse et Sfax) pour un coût global de 15.6 MD, l'ambassadeur a précisé que l'opération de Kairouan constitue la plus importante rénovation sur le plan budgétaire, ce qui a permis, grâce à une grande diversité d'acteurs, de mettre en valeur un tissu urbain ancien recelant un fort potentiel d'attractivité économique et touristique. A la question de La Presse concernant l'éventualité de financement d'un autre projet similaire afin de sauvegarder la Médina de Kairouan surtout au niveau de plusieurs maisons qui menacent ruine, M. l'ambassadeur nous a répondu en substance : «Ma réponse est très simple : oui, oui et oui ! D'abord, il faut se réjouir de ce qui a été fait parce que dans le programme que l'AFD a développé à Tunis, Sousse et Sfax, Kairouan est la 4e médina dont on a partiellement restauré le patrimoine, et le chantier le plus ambitieux des quatre. Et si je suis venu aujourd'hui ici, c'est pour marquer ma reconnaissance pour le travail qui a été fait et pour me rendre compte que, de nos jours, la cité aghlabide que j'avais visitée il y a une dizaine d'années a beaucoup changé, qu'elle est propre et relativement bien entretenue. Evidemment qu'il faut faire plus et nous avons fait savoir à nos interlocuteurs tunisiens et au gouverneur de Kairouan notre totale disponibilité, et celle de l'AFD, pour envisager un plan global qui comprenne aussi les intérieurs des maisons. Cela demande un certain nombre d'autorisations et il faudrait que nos amis tunisiens nous disent qu'ils sont prêts à entreprendre une restauration dans son ensemble du tissu urbain de la Médina de Kairouan». Le cimetière chrétien réaffecté en un centre franco-tunisien ? A la fin de sa visite de l'ancien cimetière chrétien de Kairouan qui est aujourd'hui délaissé et abandonné, nous avons voulu savoir si la partie française compte le restaurer afin de le réaffecter en un centre culturel franco-tunisien, M. Olivier Poivre d'Arvor nous a confié : «Concernant cet ancien cimetière qui est aujourd'hui un terrain vide et un bel espace, nous sommes en train de réfléchir quant à l'éventualité de l'édification d'un bâtiment. Mais, est-ce qu'il y a un besoin pour la création d'un centre culturel franco-tunisien à Kairouan? Ensuite, on trouvera une localisation sur le site ou dans un autre site déjà existant. A quoi servirait ce centre ? De toute façon, je vais rencontrer des universitaires et nous évoquerons ce sujet».