Trois lauréats du Prix mondial de l'alimentation appellent à une action mondiale pour sauver les cultures en Afrique. Les organisations internationales qui luttent contre la faim dans le monde ont la possibilité d'empêcher une destruction massive des cultures en Afrique en stoppant la propagation du légionnaire d'automne, une larve de papillon qui ravage les cultures, ont prévenu trois des experts les plus reconnus au monde en matière d'agriculture, mercredi dernier, à des Moines, aux Etats-Unis. 28 pays africains dévastés Mais, pour ce faire, la communauté internationale doit agir de manière prompte, concertée et à grande échelle. Originaire d'Amérique, la chenille légionnaire d'automne (Spodoptera frugiperda) sévirait déjà dans 28 pays africains et dévasterait les récoltes, comme les champs de maïs, dont dépend la sécurité alimentaire de plus de 200 millions d'Africains. « Le légionnaire est un danger manifeste et bien réel», a déclaré Adesina Akinwumi, qui se voit remettre le Prix mondial de l'alimentation 2017. «Ne rien faire est inenvisageable. Nous avons besoin de mesures urgentes pour soutenir l'Afrique, afin de vite éradiquer cette vraie menace à sa sécurité alimentaire ». Le Prix mondial de l'alimentation est l'équivalent d'un Nobel de l'agriculture. Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Adesina Akinwumi, a exhorté à l'action les décideurs politiques et autres dirigeants, d'organismes à but non lucratif, d'entreprises et d'universités, venus assister au symposium de trois jours qui entoure la remise du Prix. Connu sous le nom de Dialogue de Norman Borlaug, ce symposium attire les experts mondiaux en développement de l'agriculture, venus des quatre coins de la planète pour débattre des stratégies à adopter pour répondre aux défis majeurs que pose l'alimentation de la population mondiale, qui devrait atteindre 10 milliards de personnes d'ici à 2050. «Mobiliser les ressources et l'expertise» « Stopper l'avancée du légionnaire d'automne est l'objectif suprême auquel nous pouvons dédier le Dialogue de Borlaug de cette année », a déclaré Pedro Sanchez, pédologue à l'Institute of Food and Agricultural Sciences de l'Université de Floride et lauréat 2002 du Prix mondial de l'alimentation. Et d'ajouter : «Nous espérons pouvoir mobiliser les ressources et l'expertise nécessaires pour venir en aide à ceux qui en ont besoin ». Lauréat du Prix mondial de l'alimentation en 2013, Robert Fraley, vice-président exécutif et directeur de la technologie chez Monsanto, a souligné, quant à lui, que l'on sait fort bien aujourd'hui répondre à la menace, rappelant que le légionnaire d'automne est depuis longtemps présent en Amérique du Nord et que des scientifiques et producteurs ont réussi dans une large mesure à endiguer sa propagation. «La bonne nouvelle, c'est que cette menace est tout à fait évitable», a-t-il lancé. «Nous avons les stratégies pour détecter tôt l'insecte, pour arrêter sa propagation et pour identifier les variétés de cultures qui lui résistent le mieux». Avant de poursuivre : «Les organismes qui luttent contre la faim dans le monde doivent investir les ressources nécessaires pour le faire». Lauréat du prix Nobel de la paix en 1970 et créateur du Prix mondial de l'alimentation, Norman Borlaug est connu pour avoir mis à profit les progrès accomplis dans l'agriculture et sauvé ainsi un milliard de vies humaines.