La réaction du chef du gouvernement a été prompte, consistant en un refus catégorique de ces démissions qu'il considère injustifiées. C'est là qu'il s'agit de saluer la résistance de Youssef Chahed à céder au conventionnel, revenant ainsi à la formule du président Caïd Essebsi : la patrie avant les partis Le pays a besoin de stabilité au niveau de ses législations, de ses programmes d'avenir et de sa fiscalité. Youssef Chahed en est bien conscient et voudrait garder son équipe au complet En mettant brusquement fin à son adhésion au Document de Carthage, le parti Afek Tounès vient, lors d'un Conseil national controversé, donner un sérieux coup de boutoir au gouvernement d'Union nationale que dirige Youssef Chahed. Quatre membres du gouvernement issus d'Afek Tounès — deux ministres et deux secrétaires d'Etat — ont ainsi annoncé au même moment leur retrait du gouvernement et le gel de leur appartenance à leur parti. La réaction du chef du gouvernement a été prompte, consistant en un refus catégorique de ces démissions qu'il considère injustifiées. Surtout que l'attitude des intéressés laisse imaginer une hésitation au niveau de la démarche politique voire une contradiction manifeste. Car, en rendant publique, à la fois leur démission consécutive à une prise de position de leur parti, et le gel de leur appartenance à ce même parti, ils ouvrent la porte à mille interprétations qui restent sans réponse. La présente crise entre Afek Tounès et le gouvernement a été favorisée, semble-t-il, par l'apparition de deux types de vote chez les afakisres lors de l'adoption de la Loi de finances pour 2018. Cinq députés ont voté pour et quatre contre, dont Hajer Ben Cheikh Ahmed qui mène depuis quelques mois une fronde contre le président du parti, Yassine Brahim. Les motifs de positionnement se sont multipliés, ces derniers temps, chez diverses tendances et courants politiques qui pensent ainsi, à travers alliances, ruptures, rapprochements et coalitions éphémères, se ménager plus d'opportunités dans la perspective des municipales ou des prochaines législatives. Mais ces manœuvres et feintes ne semblent accorder que peu de place à l'intérêt majeur du pays dont les finances publiques sont au plus bas et dont la crise économique perdure, malgré les quelques acquis divers engrangés par le gouvernement en place. L'initiative présidentielle du Document de Carthage qu'ont signé neuf partis et les trois principales centrales socioprofessionnelles, et le gouvernement d'union nationale qui en est issu ont permis un léger mieux qu'il est essentiel de prolonger et consolider. C'est là qu'il s'agit de saluer la résistance de Youssef Chahed à céder au conventionnel, revenant ainsi à la formule du président Caïd Essebsi : la patrie avant les partis. Mais le refus de Youssef Chahed d'avaliser les quatre démissions ne saurait résister, à la longue, à une éventuelle détermination, chez les intéressés, à vouloir quitter l'équipe gouvernementale. Cependant, observateurs et analystes sont enclins à estimer que les démissionnaires seraient tentés, une fois leur geste enregistré, de poursuivre leur mission au sein du gouvernement. Afin de ne pas affecter une nouvelle fois sa stabilité et son équilibre. Sachant que l'instabilité de nos équipes gouvernementales constitue l'une des critiques les plus fréquentes avancées par le FMI, la Banque mondiale, les agences de notation et les bailleurs de fonds et investisseurs. Le pays a besoin de stabilité au niveau de ses législations, de ses programmes d'avenir et de sa fiscalité. De même, en est-il des personnalités qui sont en charge des dossiers. Youssef Chahed en est bien conscient et voudrait garder son équipe au complet. Sans compter que dans le cas contraire, il faudra repasser l'«examen» d'un feu vert explicite de la part de l'Assemblée.