Nos ancêtres vont très rarement au toubib. Beaucoup d'entre eux mouraient à l'âge de 90-100 ans et parfois même plus, sans se prêter à la moindre consultation médicale. Pour eux, le disciple d'Hippocrate ne servait qu'à servir à leurs familles un certificat de décès, si indispensable pour l'accomplissement des formalités d'usage, à commencer par l'autorisation d'inhumation. Cela dit, pourquoi nos ancêtres ont-ils bon pied, bon œil jusqu'à leur dernier soupir ? A quoi est due cette longévité, aujourd'hui presque perdue ? Eh bien parce qu'ils vivaient de tout ce qui est bio. Point de conserves dans leurs marmites et sur leurs «midas» de repas. Point de congélation d'aliments et point de plats chauffés aux micro-ondes. Leurs «aoulas» étaient conservées naturellement grâce à M. soleil. Tomates, qaddid, poissons, etc., étaient soigneusement séchés avant d'être stockés. Les puits faisaient office de réfrigérateurs. On y rafraîchissait l'eau potable, le melon, la pastèque, les raisins, etc. Grâce à un environnement sain Leurs médicaments se trouvaient sur place, sans avoir à courir les pharmaciens de jour ou de nuit. Ces médicaments n'étaient autres que des plantes sauvages médicinales. Chacune d'elles a ses vertus notoires. Et était apprise par cœur par tout le beau monde du bon vieux temps. Il est vrai que l'air pur qu'ils respiraient à pleins poumons était, lui aussi, pour beaucoup dans la bonne constitution physique et la bonne santé de nos ancêtres. Point alors de propagation de gaz toxiques, répandant les maladies les plus redoutables, à commencer par le cancer, qui, à présent, «répond présent», dans la plupart des ménages. Et fait, de nos jours, partout, des ravages. Puisqu'on vivait au rythme saccadé des chevaux et des mulets sous le fond sonore des «hihans» des ânes et des ânons, bien à l'abri du roulement assourdissant des voitures et des camions, ainsi que de la cacophonie des klaxons. Le remède doux tout près de nous Ce préambule rétrospectif fait, nous ayant reversé dans le beau passé de la simplicité, passons sans plus tarder au corps du sujet, portant sur une plante sauvage qu'on rencontre partout autour de nous (dans les terrains vagues, sur les bas-côtés de nos routes, etc.). Ceci sans nous en rendre compte, comme nos ancêtres, des mille et un bienfaits sur notre santé. Il s'agit de la mauve, que notre dialecte désigne par le nom de «khobbiza», préparée par nos vieilles ménagères de la même manière que la «tbikha», avec la différence qu'à la «khobbiza» l'on rajoute de l'ail qui relève son goût, le rendant on ne peut plus délicieux... Véritable concentré de douceur, la mauve est une plante de tout premier ordre en phytothérapie, dès lors qu'il s'agit de trouver un remède apaisant et dénué d'effets secondaires, adapté à tout un chacun, depuis les femmes enceintes jusqu'aux tout-petits. Elle peut ainsi être d'une aide précieuse pour traiter certaines inflammations bénignes des sphères ORL, dermatologiques, urinaires et digestives principalement. Les vertus adoucissantes, anti-inflammatoires de la mauve sont clairement démontrées depuis des siècles. Ce qui vaut aujourd'hui à cette plante bienfaisante d'être aussi beaucoup exploitée en cosmétique, dans des soins apaisants et hydratants, notamment destinés aux bébés. Cueillette et précautions à prendre S'il est parfaitement envisageable de récolter soi-même des feuilles ou des fleurs de mauve pour réaliser des préparations maison et notamment des infusions, l'on veillera toutefois à prendre quelques précautions lors de la cueillette. Tout d'abord, celle-ci devra s'effectuer par temps sec. Ensuite, les fleurs sont récupérées sans leurs pédoncules et devront être saines sans présence de «rouille». Enfin, comme la mauve se conserve très difficilement, il convient de l'utiliser immédiatement ou de la faire sécher très rapidement, dans les meilleures conditions. Le remède favori d'Hippocrate et Pythagore Troubles digestifs (constipation, hyperacidité de l'estomac, gastrites, gastro-entérites, colites), affections et inflammations de la peau (irritations, démangeaisons, brûlures légères, dermatoses, piqûres d'insectes, furoncles, abcès), infections buccales (douleurs dentaires, inflammations des gencives, stomatites), irritations et inflammations des yeux (conjonctivites), troubles urinaires (cystites), etc. Telles sont les principales indications de la plante en question. La mauve était déjà bien connue du temps des Grecs et des Romains. Qui se délectaient de ses feuilles, tout en lui reconnaissant des vertus laxatives. Elle était ainsi l'un des remèdes favoris d'Hippocrate, le père universel de la médecine, ou encore de Pythagore, qui l'utilisaient contre la constipation. Au Moyen-Age, elle faisait partie intégrante des fameux jardins de plantes médicinales rares. Charlemagne imposait même qu'on la cultivât pour ses appréciables propriétés thérapeutiques. Puis, elle a traversé les siècles sans faillir à sa réputation. Originaire d'Asie et du Bassin méditerranéen, la mauve est bisannuelle de 30 à 100 cm de hauteur. Elle porte de grandes feuilles dentelées vert foncé, et, de juin à octobre, des fleurs d'un beau mauve rosé, rehaussé de stries violettes qui s'épanouissent en 5 pétales. Les atouts des feuilles et des fleurs La récolte des feuilles se fait en juin ou juillet et celle des fleurs, pendant tout l'été, au moment de la floraison. Toutes les parties de la plante sont susceptibles d'être utilisées en phytothérapie (feuilles, fleurs, racines), Toutefois, ce sont surtout les feuilles et les fleurs qui entrent dans la composition de la plupart des préparations. L'usage de la racine de la mauve a été supplanté par celui de la racine de la guimauve, dont les propriétés sont assez semblables (apaisement des douleurs ressenties lors des poussées dentaires chez les jeunes enfants). C'est d'ailleurs pour cette raison que la mauve sylvestre est aussi appelée «fausse guimauve». Par voie interne, la mauve sylvestre s'emploie surtout sous forme de tisane. Pour un effet laxatif doux (contre la constipation), même chez les jeunes enfants, laisser infuser 2 ou 3 cuillères à soupe de fleurs séchées dans 1 litre d'eau chaude. Ah la tisane aux sept fleurs ! Contre la toux, les affections respiratoires et les irritations intestinales, prévoir 2 cuillères à soupe d'un mélange de fleurs et de feuilles. Pour 1l d'eau, boire 1 à 3 tasses par jour. Par ailleurs, pour lutter plus spécifiquement contre la toux, on peut associer la mauve des bois à d'autres plantes réputées, elles aussi, pour leurs propriétés calmantes et pectorales (guimauve, bouillon blanc, tussilage, coquelicot, pied de chat et violette odorante). L'ensemble constitue la fameuse «tisane aux 7 fleurs» tant appréciée des Anciens. En usage externe, les décoctions servent en bains de bouche (affections buccales) et gargarismes, ainsi qu'en lotions nettoyantes et apaisantes, à appliquer en compresses (peaux irritées, fatigue oculaire, conjonctivites, lavages de petites plaies). Prévoir 30 à 50 g de feuilles et de fleurs en mélange pour 1 litre d'eau bouillante. Appliquer plusieurs fois par jour. Le suc des feuilles fraîches calme les piqûres d'insectes. Sans aucun caractère nocif, ce qui en autorise la prise chez les femmes enceintes et même les bébés, la grande mauve ne doit toutefois pas être consommée avec excès, du fait de son action sensiblement laxative. A fortes doses, elle pourrait en effet entraîner des diarrhées. Il est indispensable de toujours respecter la posologie recommandée et, en cas de doute, de suivre les recommandations de son médecin ou de son pharmacien, surtout si le remède s'adresse à un très jeune enfant.