Les bijoutiers, qui ont repris leur activité, gardent l'espoir que des solutions seront trouvées le plus tôt possible pour relancer un secteur en berne. Après être entrés en grève ouverte, les bijoutiers de souk El Berka à Tunis ont dû se résoudre à faire contre mauvaise fortune bon cœur en rouvrant leurs boutiques la semaine dernière. Ces derniers avaient décidé d'exprimer leur ras-le-bol et de tirer la sonnette d'alarme afin de dénoncer la sinistrose qui a touché le secteur ces dernières années. Lotfi Mhadhebi, président de la Chambre syndicale nationale des bijoutiers et membre exécutif de l'Utica, est revenu sur le profond malaise qui a caractérisé, ces dernières semaines, le corps de la profession des bijoutiers. Le 25 décembre dernier, un Conseil ministériel devait se réunir pour se pencher sur les problèmes du secteur. Mais il n'a finalement pas eu lieu. Bien qu'ils aient repris leur activité commerciale, les bijoutiers n'ont pas pour autant renoncé à leurs revendications et jugent qu'il est, aujourd'hui, impératif de prendre des mesures nécessaires afin de sortir le secteur d'une crise qui le ronge depuis plusieurs années et qui a été aggravée par des décisions qui n'ont fait que desservir davantage la profession. Mhadhebi a braqué une autre fois les projecteurs sur les problèmes du secteur de la bijouterie : «Le secteur de la joaillerie vit depuis plusieurs années sous l'emprise de grandes difficultés. Il est gangrené par la corruption et confronté également à un autre fléau, celui de la contrebande. L'anarchie règne au sein du corps de la profession». Sur le plan législatif, la loi de 2005, qui régit le secteur, est en train de tuer à petit feu les bijoutiers et les orfèvres. Cette loi pénalise, à titre d'exemple, les bijoutiers qui ont acheté ou vendu de l'or cassé par une amende de 20 mille dinars et deux ans de prison. L'application de cette réglementation a porté un coup dur à l'activité commerciale autorisée et ouvert la porte au trafic, à la contrebande et à la vente illégale de l'or cassé sur des circuits parallèles qui échappent à tout contrôle. «Cette loi est vraiment absurde et doit être revue le plus tôt possible, tempête M. Mhadhebi. Elle ne sert l'intérêt de personne. Il faut adopter des lois plus souples, associer les gens de la profession aux décisions qui concernent le secteur et supprimer l'article 35 afin que le secteur puisse rebondir». Il y a lieu de souligner qu'un appel a été lancé aux autorités afin d'organiser une réunion, sous l'égide de la présidence du gouvernement avec la participation de la Direction générale des douanes ; des ministères concernés, dont ceux des Finances, du Tourisme, du Commerce, la Banque centrale de Tunisie (BCT), ainsi que des représentants du corps de la profession dans l'espoir de trouver une issue à la crise.