La motion énonce une série de revendications. Le syndicat brandit la menace de grève si elles ne sont pas satisfaites Les membres de la structure administrative du Syndicat de l'enseignement de base viennent de publier officiellement la motion professionnelle issue des négociations avec l'Ugtt et qui comporte l'ensemble des revendications et des recommandations issues des structures syndicales et régionales de l'enseignement secondaire et de l'éducation physique après l'examen de la situation quelque peu critique du secteur de l'enseignement et ses répercussions négatives sur l'ensemble du corps de la profession. Dans cette motion publiée, avant-hier, sur la page facebook du syndicat, ce dernier reproche au ministère de l'Education de ne pas prêter une oreille attentive aux revendications du corps enseignant, en ignorant notamment le contenu de la motion datant du 4 novembre dernier. Dans cette motion, les reproches sont nombreux. Le syndicat pointe du doigt la dégradation de la situation de l'enseignement dans le pays mettant l'accent sur l'absence d'une réelle volonté de réformer en profondeur le système éducatif actuel. Les membres du syndicat s'inquiètent, par ailleurs, des répercussions de la loi de finances 2018 sur le pouvoir d'achat des enseignants qui risque de se détériorer davantage. Au vu des conditions difficiles dans lesquelles ils exercent et des spécificités de leur profession qui doit, selon eux, être classée parmi les métiers qualifiés de « pénibles », les membres du syndicat voient d'un mauvais œil la détermination du gouvernement à vouloir appliquer le projet relatif à la réforme du régime de retraite en reculant l'âge de départ à la retraite des enseignants de la fonction publique, ce qui se traduira par une augmentation des cotisations à la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (Cnrps). Conventions non appliquées Dans cette motion, le syndicat dénonce, en outre, les humiliations et les agressions verbales devenues fréquentes à l'encontre des enseignants et du cadre éducatif et administratif dans les établissements scolaires. Il ne s'agirait pas du seul problème qui touche le secteur. Les difficultés se suivent et sont nombreuses. Outre le fait que le ministère tarde à satisfaire les demandes et les revendications de divers ordres des enseignants, les conventions relatives à la régularisation de la situation des professeurs d'éducation physique et qui ont été signées par le ministère de la Jeunesse et des Sports sont restées lettre morte. A la lumière de cette situation, la motion énonce une série de revendications afin d'améliorer les conditions des enseignants et de rehausser le niveau et la qualité du système éducatif en Tunisie. Le syndicat appelle, notamment à la révision des montants des primes spécifiques dont la prime de la rentrée scolaire, la prime des examens nationaux et la prime de travail périodique. Prime de « métier pénible » au lieu de prime spécifique Ils appellent aussi à changer la dénomination de prime spécifique en la remplaçant par « prime de métier pénible ». Parmi les revendications également : la publication de la circulaire relative aux promotions ordinaires au titre de l'année 2018. Les membres du syndicat exigent — et ils l'ont signifié clairement dans cette motion professionnelle— d' activer le point dix du procès-verbal du 21 octobre 2011 stipulant le classement de la profession d'enseignant toutes catégories confondues parmi les métiers pénibles, ce qui confère le droit aux enseignants et aux éducateurs de postuler au régime de retraite anticipée si les conditions suivantes sont remplies, à savoir avoir 30 ans de service effectif à l'âge de 55 ans. Les membres du syndicat veulent également relancer le débat sur la réforme du système de l'éducation et à accélérer les négociations sur le régime de base relatif au statut des enseignants du secondaire et d'éducation physique et l'alignement des salaires de ces derniers. Si leurs revendications ne sont pas entendues, le syndicat a décidé d'un commun accord de boycotter la remise des notes du premier semestre à la direction après la réalisation et la correction des examens. Un sit-in sera, par ailleurs, organisé le jeudi 1er février 2018 et une grève est prévue le jeudi 15 février. Un appel est lancé au conseil administratif sectoriel pour se réunir à la fin du mois de février 2018 afin d'évaluer la situation et de prendre les mesures nécessaires pour débloquer éventuellement la situation. Système d'évaluation en débat Il y a lieu de souligner que les membres du syndicat qui appellent à une amélioration des conditions de travail se sont penchés sur la question du système d'évaluation actuellement en débat au sein des structures syndicales. Ces derniers désapprouvent, en effet, le système d'évaluation semestriel qui dessert les élèves, appelant à le remplacer, dans le cadre de la réforme du système, par le système trimestriel qui permet une meilleure évaluation des notions assimilées par les élèves au cours de l'année. « Le système semestriel n'est pas du tout avantageux dans la mesure où il se base généralement sur deux évaluations, à savoir un devoir de contrôle et un examen de synthèse de courte durée, ce qui rend difficile l'évaluation de tout ce qui a été enseigné à l'élève depuis le début de l'année, explique M. Eltaief Nafiti, professeur de sciences de la vie et de la terre dans un lycée et membre du syndicat de base de la ville de La Marsa. Ce dernier se retrouve avec beaucoup de cours à réviser. Par contre, le système trimestriel permet une meilleure évaluation des connaissances de l'élève car le contenu des devoirs et examens va porter sur ce qui a été enseigné au cours d'un trimestre et non d'un semestre, ce qui permet une meilleure révision des cours et une meilleure assimilation des données par l'élève. La qualité de l'évaluation est nettement meilleure ».