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Entre mal-être et contradictions
Passage de l'enfance à l'adolescence
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 02 - 2018

Sous nos cieux, l'adolescence rime avec stigmatisation, incompréhension, désenchantement des sentiments partagés par des jeunes à peine sortis de l'enfance et qui vivent mal cette transition à l'âge adulte. Pourtant, elle représente une phase quasi importante de la vie, un grand pas vers la maturité.
«Il est possible que vous sembliez oublier la douleur, les souffrances énormes qui les étouffent, parce qu'ils vivent une sorte de seconde naissance accompagnée de mille contradictions. Ils voudraient grandir, mais ils ont peur, ils voudraient plaire, mais ils détestent leur corps qui changent. Ils se voudraient maître de soi-même, alors qu'ils subissent des transformations profondes qui les dirigent vers l'âge adulte. Ils arrivent à se confier, mais personne ne les comprend, et des pulsions qu'ils n'arrivent pas à assumer. Ils sont à la fois autonomes et dépendants, téméraires et timides, puissants et misérables. Ils ne savent pas quoi faire de leurs vies, leurs corps, leurs envies, ne savent même pas qui ils sont. Ils ont honte, peur, mal, faim et parfois ils ont envie de mourir. L'adolescence est un champ de mines et il faut qu'elle le traverse». Telle est l'adolescence définie et décrite par le psychiatre dans une scène du film français «ça va passer ... mais quand ?», décrivant la vie d'une fille collégienne qui passe par une crise d'adolescence qui bouleversa toute la famille.
L'adolescence, ce terme inventé pour définir une phase transitoire, désormais obligatoire, lors du passage de l'enfance à l'âge adulte. Durant cette période, l'enfant commence à se transformer biologiquement en passant par la puberté et l'activation des hormones sexuelles dans le corps. Même si, identifier l'intervalle de l'âge qui démarque le début et la fin de l'adolescence demeure l'objet de plusieurs études de recherche pluridisciplinaire, l'OMS a bel et bien défini l'adolescence en tant que période de croissance et de développement humain qui se situe entre l'enfance et l'âge adulte, plus précisément entre 10 et 19 ans. Selon des études à l'instar de celle qui a été publiée récemment dans la revue britannique The Lancet and Adolescent Health, l'adolescence pourrait se poursuivre jusqu'à l'âge de 24 ans. Qu'importe ! L'essentiel est que les changements commencent à se sentir, à se manifester lors du passage vers le collège, parfois avant, dès les dernières années de l'école primaire.
Changements et conflits
La puberté : premier moment de gêne. Certaines filles commencent à se bichonner. Elles commencent, également, à avoir du goût pour les touches de maquillage, à donner plus d'importance au style vestimentaire qui affiche de plus en plus leur féminité. Quant aux garçons, les bagarres et les querelles avec les parents, les copains, mais aussi les enseignants deviennent monnaie courante. Il est également question du premier coup de foudre, de la première histoire d'amour.
Rimeh, 38 ans, jeune mariée, se rappelle encore son adolescence. «C'était une sacrée période. A cette époque-là, je ne m'entendais plus avec ma mère. Des disputes tonitruantes détonnent matins et soirs. Je me souviens que je n'avais pas de confidente ou d'amie très proche. Je me refugiais tous les soirs à mon journal intime, pour parler du garçon pour lequel je craquais!», confie-t-elle en riant. Elle ajoute en se moquant : «Dieu merci, ça n'a pas duré toute la vie ! Je me souviens aussi de mon père qui me mettait de la pression pour que je sois brillante dans mes études. A chaque bulletin de notes trimestriel qui arrive, c'était comme si je recevais le ciel sur la tête. Rien ne l'impressionne. Pour lui, ce n'est toujours pas assez».
Pour Ala, 29 ans, célibataire et employé dans une société multinationale, les choses étaient beaucoup plus complexes. «Franchement, je n'aimais pas beaucoup cette période où j'étais lycéen. Ce n'était pas glorieux», rit-il à gorge déployée, puis il reprend : «Au lycée, j'étais quelqu'un d'effronté, je me disputais avec les surveillants, ma prof d'arabe, ma prof d'histoire et de géographie, mes camarades de classe, mon père, etc. En fait, je me rends compte que j'avais affaire à tout mon entourage ! J'ai fumé ma première cigarette, entre potes à quelques encablures du lycée. Que des aventures ! Je l'avoue parfois, c'était risqué, mais l'essentiel, c'est que je suis ce que je suis aujourd'hui !», raconte-t-il sereinement.
Des conduites à risques potentielles
Jusque-là, la société tunisienne n'accorde pas assez d'importance à l'adolescence en tant que phase transitoire fragile, fondamentale, mais surtout risquée. Pourtant, la population dont l'âge est compris entre 10 et 19 ans avoisine les 1 million et 600 mille personnes, sans compter les 900 mille jeunes dont l'âge varie entre 20 et 24 ans, si l'on veut prendre en considération les études conjecturant une adolescence qui continue jusqu'à la mi- vingtaine. Cela dit, en moyenne, chaque famille tunisienne compte parmi elle, au moins un adolescent. Toutefois, pour leur majorité, la crise d'adolescence de leurs enfants ne dit pas grand-chose. Elle passe insidieusement et sournoisement, loin de l'entourage familial et de ce qu'il peut offrir en matière de protection et de soutien. Se livrant à eux-mêmes, à leurs tourments et tout en étant démunis de tout soutien familial et/ou scolaire, les adolescents risquent d'adopter des conduites à risques, telles que le tabagisme, les rapports sexuels précoces et/ou non protégés, toxicomanie, etc. En effet, des enquêtes réalisées sur divers échantillons d'adolescents ont démontré le danger qui plane, constamment, sur la vie d'adolescent. Une première enquête réalisée par le service de psychiatrie à l'hôpital Razi et dont l'objectif est d'explorer la sexualité de 104 adolescents tunisiens, a révélé que 87,5% des adolescents enquêtés ont rapporté qu'ils n'ont jamais eu d'éducation sexuelle. De surcroît, 74% de la même population, objet de l'étude, ont affirmé qu'ils ont déjà recouru aux sites internet pour s'informer au sujet de la sexualité. Alors que 48% d'eux confirment une préoccupation dominante sur l'acte lui-même, 83% d'entre eux préféraient discuter de sexualité entre amis. Ce qui dénote le paradoxe dans lequel vit le/la très jeune, mais également la culpabilisation qu'il/elle ressent face à une famille qui, au lieu de l'accompagner, le/la stigmatise. En conclusion, le rapport met en garde contre les potentielles conséquences néfastes du non-dit ou tabou qui frappe toute approche du phénomène, tout en appelant à l'éducation sexuelle pour les plus jeunes en guise de prévention contre les conduites sexuelles à risques.
Une autre enquête réalisée en 2000 par la direction de la médecine scolaire et universitaire, auprès de 4.172 adolescents tunisiens âgés de 10 à 20 ans dans les établissements secondaires publics, privés ou suivant une formation professionnelle. Le résultat est bien inquiétant. Près du tiers des enquêtés s'est déjà initié au tabac à un âge moyen de 13 ans. L'étude a révélé que les facteurs de vulnérabilité psychologiques et comportementaux y sont pour quelque chose. On y cite par exemple le faible niveau d'estime de soi ou la survenue d'événements de vie stressants. La même étude indique que les principaux facteurs protecteurs contre l'expérimentation des cigarettes étaient essentiellement le sport et la lecture.
Finalement, être un adolescent effronté, agité, amoureux, pudique, bravache, victime de la mode, bagarreur (se) est tout à fait normal. Délaisser, négliger, rudoyer un(e) adolescent(e) est une aberration. Il n'est point facile de vivre dans la peau d'un adolescent. Vivre dans la peau des parents d'un adolescent ne l'est pas, non plus. Toutefois, les comprendre est un impératif et cela n'est possible qu'à travers une communication ouverte, permanente et sincère.


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