Par Jalel Mestiri Au-delà du «projet sportif», souvent vanté par les joueurs, c'est le projet financier saoudien qui fait rêver ces joueurs dans une compétition qui signifiait autrefois la fin de la carrière. Ils ne sont pas dans le creux de la vague, et pourtant ils choisissent un championnat et une compétition qui ne répondent pas à leurs aspirations et qui risquent de ne pas les aider à évoluer, encore moins à bien se préparer pour le Mondial. L'exode massif des joueurs tunisiens vers l'Arabie Saoudite prend-il ainsi les contours d'un choix économique ? Ce n'est pas une première : les clubs du Golfe n'arrêtent pas de se renforcer à coups de millions en offrant des salaires mirobolants aux joueurs. Mais le championnat saoudien va désormais parler tunisien. On pourra former une belle équipe avec les joueurs de football tunisiens qui évolueront dans ce pays. C'est un exode massif auquel la Tunisie du football est aujourd'hui confrontée, notamment à quelques mois du Mondial de la Russie Qu'est-ce qui pousse ces joueurs à opter pour un tel choix, alors que les opportunités d'une meilleure alternative et une cooptation complètement différente ne manquent pas ? Qu'on se le dise : les noms ronflants du football tunisien qui se sont tournés vers le championnat saoudien ne sont point à la relance. Plus encore, la compétition à laquelle ils ont opté ne peut en aucun cas constituer un tremplin pour le football de haut niveau auquel ils peuvent réellement aspirer. Ils n'ont pas résisté à la tentation de l'argent. L'intérêt sportif n'y est pas et le marché du football tunisien présente bel et bien les symptômes d'une bulle. Ceux qui sont au top de leur carrière risquent avec ces choix de ne plus être dans le gratin des clubs européens ou encore rester dans le radar des championnats de haut niveau. La compétition saoudienne ne peut pas être considérée comme un tremplin pour mieux rebondir ailleurs. Sportivement, l'intérêt n'est pas démontré et c'est un trou noir dans la carrière de ces joueurs. Il leur sera désormais difficile de revenir dans le sillage des clubs européens. Autrefois, le Golfe signifiait la fin de la carrière et durant très longtemps, le football de ce continent s'était montré frileux vis-à-vis des footballeurs étrangers. Au-delà du «projet sportif» souvent vanté par les joueurs, c'est le projet financier saoudien qui les fait rêver. Ils gagnent plus que ce qu'ils avaient en Tunisie. Le championnat du Golfe paie des salaires concurrentiels. Chose qui a poussé les joueurs tunisiens à abandonner l'ambition de faire partie des meilleurs championnats. Les clubs du Golfe ont une soif de reconnaissance internationale sur le foot. Ils l'ont en quelque sorte obtenue en accueillant des joueurs de renommées. Le Qatar organisera la Coupe du monde 2022. Et c'est une politique de rénovation et de construction de nouveaux stades qui a été menée en parallèle avec l'attraction des grandes stars du football. Il se murmure que tout ce qui a été entrepris dans ce sens n'est que temporaire. Juste le temps de mettre le football au service de la... politique !