«Take 3 project», un projet musical réunissant le jazzman Malek Lakhoua à la batterie avec à l'affiche les jeunes musiciens Omar El Ouer au clavier, Mohamed Ali Ben Saâd au nay et le Français Nicolas Fabrizio à la contrebasse, présenté jeudi dernier au Club Tahar-Haddad à la Médina, dans le cadre de la première édition du festival «Médina jazz» qui a eu lieu du 13 au 17 février. Une belle surprise attendait le public qui a fait, jeudi dernier, le déplacement à la Médina de Tunis, plus exactement dans ce haut lieu culturel, chaleureux et intime qu'est le Club culturel Tahar-Haddad, tant en raison des qualités de la programmation proposée que du niveau et de l'enthousiasme des artistes et des organisateurs de l'événement. Loin de l'agitation des grands festivals, ce premier festival de jazz de la Médina a la douceur tranquille des nuits d'été en plein hiver. Le coup d'envoi a eu lieu mardi dernier avec un magnifique concert assuré par le trio du célèbre musicien et compositeur Faouzi Chkili. Outre les spectacles le soir, ce jeune festival artistique comprenait des conférences, des masters classes et des expositions autour du Jazz. Sur scène, le batteur est souvent le musicien placé en retrait, à la fois physiquement et musicalement. Malek Lakhoua ne l'a jamais été. C'est parce qu'il a réussi à imposer son style musical, son empreinte. Le batteur a pris bien naturellement sa place parmi les plus talentueux. Accompagné de jeunes musiciens exceptionnels, maîtrisant parfaitement leurs instruments : Omar El Ouer au piano, Nicolas Fabrizio à la contrebasse et Mohamed Ali Ben Saâd au nay, Malek Lakhoua (batterie) nous a livré une musique riche et sensuelle. A travers un répertoire presqu'exclusivement fait de compositions personnelles, le trio distille un jazz de grande précision qui vous enveloppe dans une atmosphère singulière. En mélange avec les notes suaves du piano, les phrases musicales graves et soutenues de la contrebasse et la ferveur de la batterie, les notes orientales enivrantes du nay donnent naissance à une musique riche et lumineuse. Le tout pour nous emmener loin, dans des contrées où les instruments se mettent parfois à rêver, parfois à chanter, avant d'entamer une danse rythmique d'une grâce infinie et d'une délicatesse enchanteresse, le tout dans un style d'une virtuosité volontairement très tempérée, sans failles. Nous avons pu apprécier, également, l'interprétation de titres connus par les amateurs du genre «The Boss Brass» de l'Anglais Rob McConnell et «A tea for two» de Vincent Youmans et qui représentent un somptueux enchaînement d'images, d'émotions et une alternance d'atmosphères et paysages musicaux riches et originaux. En effet, d'un bout à l'autre du concert, on a pu apprécier la parfaite maîtrise du jeu des musiciens, tant sur le plan de la technique instrumentale que sur celui de l'expression et de l'émotion. Outre ces qualités musicales, il convient de souligner la justesse d'intonation, toujours excellente, et l'unité qui se dégage du groupe. On sent que chacun écoute l'autre et cela réconforte l'oreille. Le public était charmé par ce concert qui tissait l'alchimie d'une musique envoûtante et profonde, dans laquelle le langage contemporain de la batterie et du clavier est imprégné d'un esprit poétique. Les sonorités légères du nay, parfaitement maîtrisé, se marient subtilement avec celles des autres instruments excellemment maîtrisés. A chaque nouveau morceau, on sent encore et encore la profondeur, la transparence et l'originalité des couches sonores et des accords jazzy... Le grand public présent a longuement applaudi le trio dont la musique est rendue avec beaucoup de maîtrise et de ferveur. Rappelons que la soirée de clôture du festival aura lieu ce soir, à partir de 19h00, avec le jeune musicien Mahdi Azaïez. C'est l'occasion également de découvrir l'exposition intitulée «Le jazz en Tunisie» organisée en hommage à Mongi Majeri, connaisseur et grand amateur de musique jazz, décédé le 16 janvier 2017.