Le secteur de l'énergie est un secteur sensible qui connaît ces dernières années de grandes perturbations, mais aussi de grandes transformations. Les perturbations que connaît la région de Gafsa ont montré le grand impact que pouvait avoir l'arrêt de la production de phosphate, dont les pertes ont été estimées à 1.000 milliards de dinars en 2017. Parmi les grands objectifs de l'Etat, lutter contre la fragilité énergétique et réduire la compensation, tout en œuvrant à garantir l'approvisionnement du pays en ressources pétrolières, en électricité et en gaz dans de bonnes conditions Une conférence internationale a été organisée fin 2017 pour discuter des possibilités d'accélération des projets d'énergies renouvelables qui connaissent des retards à plusieurs niveaux. Le ministre de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables, Khaled Gaddour, a promis, lors d'un point de presse tenu jeudi dernier à La Kasbah, consacré à la présentation des grands projets de son département à court, moyen et long termes (2020-2050), que ce retard sera rattrapé par un ensemble de mesures prises au cours du Conseil ministériel du 28 février dernier. Une première mesure concerne la publication de l'appel d'offres pour la sélection préliminaire des projets soumis à concession avant fin avril 2018, tout en augmentant leur capacité totale de 200 MW à 600 MW, dont 300 MW en photovoltaïque et 300 MW en éolien. Une deuxième mesure porte sur la révision du contrat d'achat de l'électricité ou PPA ainsi que le guide des procédures afin d'attirer davantage d'investisseurs. La troisième mesure concerne l'amendement du cadre juridique pour les projets à capacité inférieure à 1 MW, en adoptant le cahier des charges au lieu de l'autorisation afin de faciliter et de simplifier les procédures administratives. La quatrième mesure devra permettre aux familles à faible consommation d'électricité, soit moins de 100 KWh par mois, de bénéficier d'un nouveau programme social pour la production photovoltaïque. L'objectif, selon le ministre, est de lutter contre la fragilité énergétique et de réduire la compensation – évaluée aux deux tiers du prix, dans le cadre du Fonds de transition énergétique. Le démarrage du programme ne devra pas dépasser la fin de l'année en cours. D'autres mesures concernent la création d'une instance de régulation dans le domaine de l'électricité avant fin 2018 et la préparation d'un code pour les énergies renouvelables afin de mettre en place un cadre unique pour la promotion du secteur avant fin 2019. Le ministre a précisé, par ailleurs, que son département a consacré environ 4.300 millions de dinars aux énergies renouvelables, dont 70% sont des investissements répartis entre les secteurs public et privé. Renforcement de la production électrique Dans le domaine de l'électricité, M. Gaddour a indiqué que quatre projets ont été planifiés. Le premier est une station de production "Radès C", avec une capacité de 450 MW et un coût de 816 MDT, financé par l'Agence japonaise de coopération internationale (Jica). Les travaux ont démarré en août 2017 et on s'attend à la mise en exploitation de la première tranche en juin 2019 et de la deuxième tranche en mai 2020. Le deuxième projet est celui de Mornaguia, pour la réalisation de deux unités de turbines à gaz, avec une capacité de 300 MW chacune et un coût de 660 MW, financé par la Banque islamique de développement et le Fonds saoudien de développement. Le démarrage des travaux est prévu au courant de cette année. Pour le troisième et quatrième projet, il s'agit de deux centrales électriques à Skhira, dénommées "Skhira 1" et "Skhira 2", dont l'objectif est de sécuriser l'approvisionnement du pays en électricité. Ces projets auront une capacité de 450 MW chacune. La première sera réalisée par la Société tunisienne de l'électricité et du gaz avec coût de 1000 MD et sera mise en exploitation sur deux étapes en 2021 et 2022. La deuxième sera réalisée dans le cadre du partenariat public privé (PPP) en concession, et sera mise en exploitation à l'horizon 2023-2024. Selon le ministre, l'appel d'offres sera lancé au mois de mai prochain. En ce qui concerne le réseau électrique, M. Gaddour a indiqué que les investissements concerneront la mise en place et l'extension de stations de transfert ainsi que de lignes électriques de haute pression. Le volume d'investissement est estimé à 1361 millions de dinars. Dans le domaine de la distribution de l'électricité, il ajoute qu'un projet pilote de Smart Grid sera lancé, dans une première étape, à Sfax avec 400 mille compteurs intelligents. Ce projet sera généralisé par la suite à toutes les régions du pays, à partir de 2022. Son coût est estimé à 225 millions de dinars. Approvisionnement en gaz naturel Dans le domaine de la distribution du gaz, le ministère poursuivra la réalisation de son plan d'exécution qui concerne l'élargissement du réseau de transport et l'approvisionnement d'environ 1000 zones en gaz naturel. Il s'agit de 15 zones municipales à Bizerte, 19 au Nord-Ouest, 5 à Sidi Bouzid ainsi que les zones touristiques à Djerba et Zarzis et certaines zones à Gafsa, Tataouine et Médenine avec un coût total de 650 millions de dinars. Un grand projet de liaison électrique entre la Tunisie et l'Italie est en cours de négociations, sous forme d'une ligne maritime d'une capacité de 600 MW et avec une longueur de 200 kilomètres. En plus de deux stations de transformation. Le coût total du projet est de 600 millions d'euros. Le ministre a indiqué que ce projet a été sélectionné parmi les projets à intérêt commun pour l'Union européenne en novembre 2017, lui permettant d'avoir un don du fonds "Connecting Europe Facility". D'ailleurs, les deux ministres en charge de l'énergie des côtés tunisien et italien ont adressé une demande de financement de ce fonds, équivalent à la moitié du coût d'investissement, alors que le reste sera financé par des fonds publics des deux pays. M. Gaddour a souligné qu'un memorandum d'entente sera signé entre la Tunisie et l'Italie dans les jours qui viennent. On prévoit le démarrage en 2025. Hydrocarbures: «Nawara» d'ici à 2020 Pour le domaine des hydrocarbures, deux grands projets seront mis en exploitation entre 2018 et 2020. Il s'agit du projet "Nawara", constitué d'une station de traitement initiale à Nawara et une station finale à Gabès, avec un coût de 1.000 MD, et servira à couvrir la consommation nationale en gaz naturel. La date d'entrée en exploitation est prévue pour fin 2018 à début 2019. Le deuxième projet est celui du raccordement du gouvernorat de Tataouine au gaz naturel. Il concernera la création d'une station de traitement du gaz avec une capacité de 600 mille m3 par jour et une unité de remplissage d'un coût total de 150 millions de dollars, financé en totalité par l'Entreprise tunisienne des activités pétrolières (Etap). D'autres projets concernent le transport, le stockage et le raffinage des produits pétroliers. Trois nouveaux projets seront réalisés entre 2018 et 2020, pour la mise en place d'une capacité de stockage de 36 mille m3 et des équipements au port de Radès. Ils seront réalisés par la Société nationale de distribution du pétrole (Sndp) avec un coût de 30 millions de dinars. De même, il sera procédé à la finalisation de la dernière tranche du projet de stockage du gaz liquéfié à la station de raffinage de Bizerte avec une capacité de 6.000 m3 et un coût de 24 MDT ; ainsi que l'ajout d'une capacité de stockage de 30 mille m3 pour un coût de 15 MDT.