Surnommé «le renard de la zone de réparation», Sami Touati a été un attaquant redoutable par sa vélocité et son efficacité. Sa réputation est impressionnante. L'ex-attaquant du CA est encore à ce jour le plus emblématique de l'équipe de Bab Jedid. Durant ces années passées au CA, il a constitué la locomotive de l'équipe et la hantise de tous les défenseurs adverses. Nul doute que Sami Touati mieux équilibré et mieux encadré aurait pu avoir une carrière footballistique de dimension supérieure, notamment sur le plan international. Le «Renard» peut néanmoins se vanter d'avoir remporté quatre titres en une saison sous la conduite de Balaci et Youssef Zouaoui. Né à Tunis, Sami Touati grandit dans le quartier de Bab El Fella où le football constituait la principale animation. «Animé du désir de jouer au football, j'ai signé ma première licence à Wided Montfleury. Mon entraîneur était mon père, le prestigieux joueur de l'EST Ali Baganda. Je me suis investi progressivement comme ailier droit. J'ai montré mes qualités de buteur au fil des matches avec les écoles. Le tournant de ma carrière est venu lorsque le CA organisait des tournois de quartiers au Parc. Je me suis inscrit avec mes coéquipiers du quartier Bab El Fella pour prendre part à cette manifestation. Pendant ce tournoi, notre équipe a dominé ses adversaires et j'ai marqué 3 buts pendant la finale. On a eu le trophée et un CD retraçant la vie du CA. Ce fut pour moi une journée mémorable. Mais en rentrant à la maison, ce fut ma grande surprisse en retrouvant deux grands dirigeants du CA, Naceur Hamoudia et feu Youssef El Khel. Ils sont venus pour me faire signer une licence du CA. Il faut dire que mon père en dépit de son appartenance espérantiste a donné son accord. Ce fut pour moi le commencement d'une carrière dans l'un des plus grands clubs en Tunisie. Ils dont donné 100 dinars à mon père et ont aussi acheté mes fournitures scolaires. C'était en 1979 que j'ai entamé la reprise des entraînements dans la catégorie minimes B sous la conduite de l'entraîneur Azaïez. Mon entraîneur a été mal à l'aise lorsqu'il a vu que je m'entraînais chaussé d'espadrilles. Il a ordonné à feu Am Chedly, notre garde-matériel, de me remettre une paire de souliers Adidas. Avec les cadets, j'ai retrouvé Lotfi Rouissi qui est devenu un coéquipier fidèle, un frère et un ami, ce fut pour moi, la rencontre des amis tels que Abdelhak, Wadi Neïfer et Mohamed Ben Amor. Tout ce beau monde a été convoqué en équipe nationale sous la conduite du feu Mokthar Ben Nacef». Evoquant son passage avec les juniors, Sami Touati a réussi à s'illustrer sous la conduite de Ahmed Zitouni. Il a remporté son premier titre national avec les juniors. Mais en finale de la coupe, le SRS a remporté le trophée en battant le CA par un but à zéro. «L'arrivée de Mokhtar Tlili au CA m'a permis d'avoir une chance de m'entraîner avec les seniors. Tlili a été impressionné par mes qualités et mes dribbles, il est venu après le match me dire que je serai dès aujourd'hui avec les seniors. Pendant la saison 1983-84, j'ai fait ma première apparition avec l'équipe fanion en seconde période du match CAB-CA à Bizerte. J'ai remplacé Sanhagi. Mais lors de notre match face au SG à El Menzah, le CA a gagné par 6-0. J'ai marqué un but et j'ai provoqué un penalty. Depuis, j'ai annoncé la couleur en marquant des buts. Il est bon de savoir que j'aime les défenses regroupées. C'est là où j'étais très dangereux et très percutant. Je n'aime pas jouer avec un système de contre-attaque Pendant ces saisons, le CA a fait le beau et le mauvais temps en perdant trois fois les finales face à l'ESS. «L'arrivée de Kazbak a été fatale pour moi. En optant pour le 4-4-2, je n'ai pas eu beaucoup d'opportunité pour jouer. En dépit de tout, j'ai réalisé 8 buts. Mais mon grand bonheur a été la désignation de Faouzi Benzarti qui est pour moi un grand entraîneur avec un bon cœur. Il aime les joueurs qui jouent pour le maillot. Nous avons réalisé une saison 1989 fantastique. Nous avons remporté le titre national après une course-poursuite avec l'EST qui avait une avance de 13 points sur nous. Il est bon de souligner que le système du championnat était de quatre points pour la victoire. Avec notre volonté de vaincre et notre détermination, nous avons réalisé l'impossible en remportant le titre national. Avec Lotfi Rouissi, nous avons formé un duo d'enfer pour les défenses adverses. Malheureusement, nous avons manqué notre rendez-vous africain face à BB Lions». Le renard des dix-huit mètres a mis en évidence le travail du duo Ahmed Zitouni et Attouga : «Pour moi, sans Zitouni et Attouga, je ne serai jamais le buteur patenté du CA. Leur mérite est grand pour ma carrière». «Avec Balaci et Nicolescu, le CA a réalisé une saison exceptionnelle en dominant tout le monde en Tunisie et en Afrique. Ce duo nous a donné la joie de jouer et de marquer beaucoup de buts. Nous étions une famille. Les dirigeants étaient dévoués et responsables. Il est bon de souligner que lors des victoires, tous les joueurs avaient leurs primes, y compris les remplaçants. Ce fut l'union sacrée. Pendant cette saison, nous avons remporté quatre titres. Le dernier titre de champion afro-asiatique a été remporté haut la main face au prestigieux club Al Hilal avec ses six joueurs qui ont pris part au Mondial 94. La stratégie du grand entraîneur Youssef Zouaoui a donné ses fruits». Les saisons passent et ne se ressemblent pas pour le CA qui, après avoir remporté ses quatre titres, a baissé les bras. Les joueurs, étaient sur un nuage et ont manqué d'humilité. Il a fallu l'arrivée de Sérafin pour que le CA retrouve ses lettres de noblesse, «Avec Sérafin, nous avons eu avec nous Nabil Maâloul, Saliou Tajou et Wadja. Nous avons remporté le titre national et le titre arabe. Il est utile de souligner que nous sommes une famille. Nous avons bien accueilli Nabil Maâloul qui est pour moi un grand monsieur et un grand joueur. C'est un homme de principe. Bien sûr, pendant ces saisons, tout le monde a fait des gaffes, mais l'essentiel est qu'il soit pardonné, c'est la clé de notre réussite». En effet, la saison 1995-1996 était euphorique pour Sami Touati qui a enfin remporté le titre de meilleur buteur avec 17 buts. «Avec ce titre qui est venu après tant de travail et de souffrance, je suis devenu le 2e buteur du CA avec 125 buts derrière le glorieux Bayari. Je ne manquerais pas aussi de souligner que mon frère Khaled Touati m'a rejoint au CA et a écrit l'histoire, dommage que sa chute ait été fatale pour sa carrière. Seulement, en dépit de tout, je suis un peu perplexe de constater que tous les grands joueurs du CA sont sortis par la petite porte». A 32 ans, Sami Touati n'a pas réussi sa 2e année avec Sérafin. Il a perdu sa place de titulaire et n'a marqué que 11 buts. «En effet, cette saison 97-98, feu Chérif Bellamine est venu pour me dire qu'il vaut mieux quitter le CA, tu n'as plus ta place. J'étais choqué mais je lui ai souligné que je veux quitter le club par la grande porte. De ce fait, j'étais approché par le ST et j'ai joué deux matches, dont un face à l'EST et j'ai marqué le seul but à Chokri El Ouaer qui reste un grand gardien. Il a un mental de fer». Aujourd'hui, il est père de famille avec 3 enfants : «Ils sont clubistes et j'ai un fils, Walid Touati, qui promet une belle carrière footballistique à Ben Arous. Je saisis cette occasion pour remercier le père spirituel du CA Hamadi Bousbiaa qui a aidé énormément la famille Touati. Il y a aussi Montacer Louhichi, un grand monsieur et un grand technicien. Il a tout donné au CA et ce n'est pas en raison d'une petite gaffe qu'on le jette. La famille clubiste est toujours sacrée. J'ai tout donné au CA et je ne peux oublier la sanction imposée par Faouzi Benzarti qui m'a écarté dix mois de l'effectif, sans être découragé, je me suis entraîné seul pour être fin prêt. Et lorsque j'ai été gracié, Faouzi Benzarti m'a titularisé d'entrée en finale de la coupe de la CAF, c'est ça le Club Africain».