Par M'hamed JAIBI Appelé en catastrophe pour sauver les finances et la monnaie, le nouveau gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie s'est accordé la latitude d'être franc quant à la situation. Cette réalité financière et monétaire, caractérisée par une inflation galopante, des réserves en devises qui fondent au soleil, une balance commerciale et des paiements qui s'effondre et des exportations aux performances trop timides, exige une reprise en main totale de tous les paramètres par une véritable stratégie monétaire et financière qui puisse redresser les finances nationales. M. Marouane Abassi assure que la situation est très sérieuse, et à la limite dangereuse. Il affirme que le taux d'inflation qui atteint 7.1% en ce mois de mars est très grave, ce qui a poussé la BCT à augmenter son taux directeur d'intérêt, pour tenter de freiner cette escalade vertigineuse. Le gouverneur de la BCT explique qu'en termes de finances, un taux d'inflation qui dépasse les 3% intime une réaction urgente de la part de toute banque centrale, et que la situation en Tunisie deviendrait critique si l'inflation augmentait encore devenant hors de contrôle. M. Marouane Abassi avait averti dès son arrivée à la rue Hédi-Nouira que la cumulation des déficits de la balance commerciale et de la balance des paiements complique la situation. "Dans ces conditions, la relance économique n'est pas facile". Et d'ajouter que "stabiliser les prix et revenir aux équilibres fondamentaux, à savoir augmenter les exportations et baisser les importations, sera l'objectif majeur de la BCT". D'où le fait que sa priorité sera, comme il l'a affirmé, "d'agir sur l'inflation et sur le déficit de la balance des paiements car si l'on continuait sur cette lancée, la situation irait de mal en pis". Concernant la baisse du dinar, M. Abassi affirme qu'elle résulte d'une grande faiblesse des investissements et d'une aggravation du déficit commercial. Et Abassi de répéter, en toutes occasions, que "le seul moyen de sortir de la crise était dans le travail, la production et l'amélioration de la productivité".