La succession des incendies depuis le début de l'année en cours laisse planer une menace réelle sur la sécurité dans les foyers et les institutions scolaires. Les unités sécuritaires ont du pain sur la planche. Les incendies se succèdent et à un rythme préoccupant et visent notamment les foyers des filles. Certaines parties jouent au pompier pyromane sur fond de crise entre le ministère de tutelle et le syndicat de l'enseignement du secondaire par le biais de déclarations incendiaires dénotant un corporatisme clivant qui ne fait que diviser profondément notre société. Des déclarations saugrenues et des conclusions à la va-vite, allant jusqu'à imputer ces actes à des manipulations externes émanant de partis politiques ou à des tentatives visant à favoriser le secteur de l'enseignement privé au détriment du secteur public, et même à des éléments terroristes. La thèse terroriste écartée Il est vrai que la lenteur observée au niveau des enquêtes ouvertes à ce sujet ne pourrait qu'alimenter les rumeurs les plus folles et créer de vives tensions dans le pays. Dans les sphères du ministère de l'Intérieur (MI), la thèse d'actes terroristes est, pour le moment, exclue mais rien ne filtre jusqu'à l'heure quant aux mobiles de ces incendies, excepté celui commis à Sabalat Ouled Asker dans le gouvernorat de Sidi Bouzid durant le mois courant. En effet, et selon le MI, des agents relevant du district de la garde nationale de Sidi Bouzid ont réussi à arrêter quatre jeunes filles pensionnaires du foyer qui ont avoué avoir prémédité leur coup en mettant le feu aux matelas. Les raisons avancées par ces jeunes filles sont inconcevables. C'était pour exprimer leur refus des conditions d'hébergement au foyer et par mimétisme des autres incendies enregistrés dernièrement, avaient-elles avoué. Toujours selon le MI, les unités de police relevant du district de Kairouan ont pu arrêter quatre élèves qui avaient incendié l'internat à Sbikha le 6 mars 2018. L'enquête suit toujours son cours et nous ne savons pas plus sur les mobiles de cet acte, comme d'ailleurs pour les autres incendies. Depuis le début de l'année en cours, plusieurs incendies ont ciblé des collèges, des lycées et des foyers situés généralement dans les régions, dont le foyer du collège 25-Janvier de Thala à Kasserine, le collège de Bouzguem à Kasserine -sud, le dortoir pour filles dans un lycée à Siliana, le foyer des garçons au lycée cité Chabeb à Gafsa, le foyer des filles de la délégation de Sabalat Ouled Asker à Sidi Bouzid, et l'internat de Sbikha à Kairouan. Deux jeunes filles à la fleur de l'âge avaient perdu la vie à cause de l'incendie du foyer de Thala survenu le 25 janvier dernier. L'apport des sociologues ne doit pas être écarté Le ministère de l'Education a, dans un communiqué publié le 26 février, condamné vivement ces incendies à répétition qui ne font qu'éveiller les doutes quant à la nature criminelle des faits et a annoncé qu'il est en train d'enquêter sur les circonstances de ces incendies, avec le concours des ministères de la Justice et de l'Intérieur et des autorités régionales. Des cellules de crise centrales et régionales pour le suivi et la prévention ont été citées dans le cadre des mesures prises par le ministère de tutelle. L'absence du ministère des Affaires sociales au niveau des mécanismes de lutte et de prévention contre ces actes ne doit pas passer inaperçue. Si l'assistance des victimes est un devoir pour les autorités, l'écoute des personnes arrêtées dans le cadre des enquêtes en cours, par des sociologues, est impérative. Ceci pourrait aider à mieux comprendre les raisons de ces actes criminels et mieux cerner la dérive de nos jeunes, d'autant plus que dans certains incendies des registres d'appels ont été visés. La succession des incendies depuis le début de l'année en cours est préoccupante à plus d'un titre et laisse planer une réelle et grave menace sur la sécurité dans les foyers et les institutions scolaires. Entre-temps, la tension ne fait que monter entre le ministère de l'Education et le syndicat de l'enseignement secondaire, faisant planer le spectre d'une année blanche.