Un sit-in est prévu ce matin, à La Kasbah, pour protester contre le retard pris dans le traitement de ce dossier. Finalement, la liste définitive des martyrs et blessés de la révolution est arrêtée. Elle est déjà entre les mains du président de la République, Béji Caid Essebsi, avant de passer à la présidence du gouvernement pour être, bientôt, publiée dans le Jort. Lundi dernier, au Palais de Carthage, le président du Haut Comité des droits de l'homme et des libertés fondamentales (HCDHLF), M. Taoufik Bouderbala, avait, entre autres, remis au chef de l'Etat le bilan d'activités de son comité, dont la liste en question tant attendue par tous les Tunisiens. Cela fait sept ans déjà que tout verse dans le sensationnel politique et les promesses de feu de paille. Et les professions de foi qui fusaient de toutes parts n'étaient, alors, que de la poudre aux yeux. Toutes ces manœuvres dilatoires n'ont laissé personne indifférent. En première ligne, les familles des victimes qui, sur le gril, semblent prendre, jusqu'ici, leur mal en patience. Et maintenant que la liste définitive est établie, l'on s'attend à un retour au calme. Pas forcément ! Puisque les familles des martyrs et blessés de la révolution comptent revenir à la charge. Aujourd'hui, mercredi, elles vont immédiatement réagir, en observant un sit-in de protestation, à partir de 10h du matin à la Kasbah. Mais, pourquoi y revient-on encore ? « On en a marre! On ne croit plus aux officiels», s'indigne M. Ali Mekki, un des représentants des familles endeuillées, en allusion aux faux délais qui leur ont été, à chaque fois, fixés pour tout dire sur le dossier. Coordinateur, lui aussi, de la campagne « lâchez la liste », lancée sur les réseaux sociaux depuis avril 2016, l'homme ne semble pas content de ce que vient de rapporter M. Bouderbala sur l'état des lieux. Il ne fait plus confiance aux impressions, ni aux prévisions non plus. Le vrai du faux, dirait-on Pour lui, les faits sont têtus. Nul n'est dupe pour croire qu'un nombre si peu de sinistrés prenne aussi beaucoup de temps pour être recensé, a-t-il critiqué. D'ailleurs, le prédécesseur de M. Bouderbala avait déjà fait le compte: environ 321 martyrs et quelque 3727 blessés au total dont la majorité est issue, selon lui, de Sidi Bouzid, Thala et de Kasserine. Sans d'amples détails, l'ex-président du HCDHLF n'a pas donné un résultat définitif : « La finalisation de ce travail nécessite, quand même, assez de temps, pour des raisons purement techniques, vu le flux massif des dossiers à gérer», avait-t-il déclaré à l'époque. Notons, ici, que ces statistiques tiennent compte d'un intervalle temporel bien déterminé, couvrant la période allant du 17 décembre 2010 au 28 février 2011. Au-delà, on n'est pas considéré comme martyr ou blessé de la révolution. Cela dit, point d'indemnités dans ce cas. L'on se rappelle bien également que les jours qui suivirent le 14 janvier 2011 ont, sans coup férir, enfanté des figures présumées dignes de ce nom. Et chacun se proclamait, alors, victime de la révolution. Or, la commission chargée de ce dossier, dont la présidente était Mme Majdouline Cherni, l'actuelle ministre de la Jeunesse et des Sports, a rayé d'un trait plusieurs faux noms. Ce qui avait, à l'époque, exacerbé les tensions et prêté à moult interprétations. Aussi la liste finale, qui vient d'être établie, serait-elle en mesure de calmer les esprits et rétablir la situation ? De toute façon, le sit-in prévu, aujourd'hui, à La Kasbah est susceptible d'accélérer sa promulgation au Journal officiel de la République, à même d'identifier le vrai du faux dans ce dossier. Puis, suivra, alors, l'ultime épisode du feuilleton, celui du dédommagement.