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Quand il faut gérer tant bien que mal la pénurie
Sfax
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 04 - 2018

La polémique bat son plein ces derniers jours au sujet de la disponibilité des médicaments aussi bien dans les établissements de la santé publique que dans les officines privées. Alors que les pharmaciens d'officine et le syndicat de base de la Pharmacie centrale crient à la pénurie de certains médicaments vitaux, le ministère de la Santé choisit de s'inscrire dans le déni.
Cela n'est pas sans rappeler une situation similaire vécue en 2013 quand le ministère, réagissant aux plaintes de citoyens et de pharmaciens concernant le manque de certains produits médicamenteux sur le marché, avait assuré que l'approvisionnement en médicaments se déroulait normalement.
D'ailleurs, il est de notoriété publique que les pharmacies des hôpitaux et des dispensaires ont depuis longtemps coutume de ne servir qu'une partie des médicaments inscrits sur les ordonnances médicales, à charge pour les patients, si nécessiteux soient-ils, d'acheter les autres médicaments dans les officines privées.
Aujourd'hui, la situation est bien plus grave, dans la mesure où, d'une part, les citoyens se plaignent de ne pas trouver certains médicaments, d'autre part les pharmacies privées déplorent le manque aigu de médicaments alors que le syndicat de base de la Pharmacie centrale dénonce une conjoncture de crise. En effet, l'intermittence des pénuries a fini à la longue par s'installer dans la durée et devenir chronique, comme le soulignent les pharmaciens officinaux.
Génériques de substitution
A la lumière de notre enquête auprès de l'ordre régional des médecins de libre pratique, de l'ordre régional des pharmaciens et de nombreux médecins de différentes spécialités à Sfax, nous sommes amenés à constater que pour un certain nombre de spécialités, les déclarations des médecins concordent, plus ou moins, sur certains points avec le communiqué du ministère de la Santé. En effet, Dr Mohamed Bellasouad, endocrinologue, affirme : «En tant que médecin exerçant dans le domaine de la diabétologie et prescripteur de la pratique courante, je sens qu'il y a un manque de médicaments sans toutefois que cela puisse être qualifié de pénurie parce qu'il y a toujours des génériques de substitution. Je n'ai pas eu vent de cas de patients se plaignant de ne pas avoir trouvé le médicament prescrit par le médecin traitant».
Ces propos sont confirmés par un médecin, chef de service dans l'un des deux CHU de Sfax : «Certes, le manque est indéniable, mais il n'est pas vital, dans le secteur public. Ce qui est rassurant surtout, c'est l'existence de solutions alternatives ; et puis en cas de manque, il y a toujours la solution du transfert inter-pharmacies au sein des structures de la santé publique».
Ces propos sont confirmés mais en même temps nuancés par un autre professeur de la santé publique : «La pénurie touchant certains antibiotiques majeurs n'est pas vitale. De plus, elle peut être contournée par la prescription de médicaments de substitution, sans toutefois que le pronostic du malade ne soit mis en jeu, mais cela ne se fait pas sans difficulté parce qu'il faut discuter les situations de patients, cas par cas, et recourir à la solution de l'association de deux antibiotiques et plus, pour éviter que la vie du patient ne soit mise en danger».
Cependant, c'est du côté des gynécologues, des cardiologues et des anesthésistes réanimateurs que la réaction est plus sévère et les critiques plus acerbes.
Accroissement des Ivg et baby-boom en perspective
Les gynécologues prévoient la montée en flèche du recours aux interruptions volontaires de grossesse (ivg), avec les risques encourus par les femmes de tomber enceintes suite à la pénurie des stérilets et des pilules contraceptives, ou du moins de l'émergence du phénomène du baby-boom, c'est-à-dire celle d'un «pic de la natalité» qui viendrait perturber les plannings des familles.
Ce qui est pour le moins surprenant, c'est que, selon nos interlocuteurs, l'Office National de la Famille et de la Population s'entête à nier l'évidence, balayant d'un revers de la main tout ce qui est dénoncé par les gynécologues, le syndicat de base de la Pharmacie centrale et le syndicat des pharmaciens d'officine : «Aucune rupture de stock n'a été enregistrée en matière de moyens contraceptifs. Le stock a connu par contre une diminution légère n'ayant eu aucune incidence significative sur le fonctionnement normal des services rendus par l'office et ses commissariats dans les différents gouvernorats du pays».
Médicaments introuvables pour certains et pour d'autres des stocks qui ne couvrent pas plus d'un mois
Pour leur part, résolument frondeurs et arguant de l'obligation de préserver la santé et la vie des malades, des cardiologues et des anesthésistes réanimateurs, plus tranchants, fustigent l'existence d' «une pénurie de médicaments quasi générale», décriant les ruptures de stocks pour ce qui est du gardénal, un médicament vital prescrit dans le traitement de l'épilepsie, de la Dépakine ainsi que des médicaments utilisés dans le traitement de la maladie de Parkinson. On apprend, d'autre part, que certains antibiotiques comme le Tienam ainsi que d'autres médicaments de la même catégorie, utilisés pour le traitement des infections graves, sont introuvables, tandis que pour certains médicaments comme l'Invanz, le stock actuel ne couvre pas plus d'un mois.
En revanche, on précise que l'approvisionnement d'autres médicaments comme l'Asilix et la vitamine K, utilisée pour les bébés à leur naissance afin d'éviter les éventuelles hémorragies cérébrales, a repris après une période de rupture.
Pour ce qui est de la pénurie, de la rupture des stocks ou, dans le meilleur des cas, de la perturbation de l'approvisionnement des pharmacies privées en certains produits, une source du conseil régional de l'ordre des pharmaciens de Sfax indique : «Certaines insulines sont manquantes comme certains antibiotiques majeurs comme la Colimycine et la Fosfocine. Le phénomène est constaté depuis environ un mois».
Dans la gamme des produits importés, 100 médicaments manquent à l'appel
Dans ce chapitre, cet état de fait est d'ailleurs blâmé à cor et à cri par les pharmaciens d'officine, comme l'a souligné Naoufal Ben Amira, vice-président du Syndicat national des pharmaciens d'officine, sur un plateau de télévision : «Dans la gamme des produits importés, 100 médicaments manquent à l'appel, sans compter les perturbations considérables en matière d'approvisionnement». Déclaration à laquelle font écho les propos de Abdelmoneem Ben Ammar : «Aujourd'hui, pour ce qui est du secteur des hôpitaux, 32 produits sont en rupture de stock tandis que les stocks de 153 autres produits couvrent moins d'un trimestre. Pour ce qui est du secteur officinal, la situation se présente comme suit : 88 médicaments (stock zéro) et 326 dont les stocks couvrent moins de trois mois».
Attitude rassurante du ministère de la Santé
A ce propos, cependant, face à l'obstination des chiffres alarmants avancés par le syndicat de base de la Pharmacie centrale ainsi que le syndicat national des pharmaciens officinaux, le ministère de la Santé, bien dans son rôle naturel de modérateur, ne trouve pas mieux que d'afficher une attitude des plus rassurantes, à force de déclarations et de communiqués, pour le moins, lénifiants : «Les médicaments vitaux n'ont enregistré aucune pénurie et leur stock stratégique couvre actuellement trois mois», concédant toutefois : «Au sujet du manque concernant certains médicaments ordinaires, les services du ministère ont pris les dispositions nécessaires en vue de fournir les médicaments génériques de substitution». Commentaire sarcastique d'un citoyen : «Le ministre est bien dans son rôle politique d'apôtre des contre-vérités».
Concurrence injustifiée
Là où le bât blesse encore davantage, c'est que «certains médicaments génériques utilisés dans le traitement des maladies gastriques par les gastro-entérologues comme le Mopral, l'Ipproton ainsi que le Risek, sont fabriqués en grandes quantités chez nous, mais ils continuent d'être importés des Emirats Arabes Unis, à coup de devises. Idem pour les anticoagulants, comme l'Enoxa, fabriqué par un laboratoire tunisien mais qui continue de subir la concurrence des produits importés», blâme un professeur anesthésiste réanimateur.
Plus inquiétant encore, le même médecin prévient : «De nombreux produits génériques sont appelés à disparaître pour la simple raison que les laboratoires n'ont pas été payés !».
La solution ?
Tout le monde est unanime à réclamer l'assainissement de la situation financière de la Pharmacie centrale, des structures hospitalières et des caisses sociales.


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