«La situation n'est pas préoccupante tant que les médicaments des maladies chroniques sont disponibles en quantités suffisantes» «En admettant que la pénurie a touché quelques produits et non la globalité des médicaments on peut se rassurer que ce n'est pas le secteur dans son ensemble qui cale» Par sa situation centrale dans le processus de commercialisation des médicaments, entre les fournisseurs de soins et les patients assurés, on a jugé que l'administration pourrait avoir un angle de vision spécifique pour expliquer cette pénurie constatée sur le marché. D'autant plus que certains pointent du doigt la lourdeur administrative de la caisse, probablement un facteur qui a enfoncé le clou. Pour élucider la situation, on a rencontré M. Noureddine Mejri, médecin-inspecteur à la Cnam. En se basant sur le niveau d'activité de l'administration, il juge : «Je n'ai pas constaté un fléchissement du rythme du traitement des bulletins de soins ni de celui des décomptes des pharmaciens d'officine». Au contraire, l'activité de la Cnam ne cesse d'évoluer. Mais s'agissant d'indicateurs a posteriori, le nombre des bulletins de soins reflète la situation des deux derniers mois. Ainsi, on peut se demander si cet indice est en mesure d'évaluer la situation. A cet égard, le médecin réagit : «On parle depuis trois mois de pénurie. Donc à la lumière de cet indicateur on peut trancher qu'il n'y a pas eu de pénurie à cette période». Et d'ajouter «Même de nos jours, on ne peut pas parler de pénurie». Il est à rappeler que les données de l'administration portent principalement sur les APCI (Affectation Prise en Charge Intégralement). En effet, d'après le responsable, les manquements ont été enregistrés pour des médicaments pour des maladies ordinaires. «La situation n'est pas préoccupante tant que les médicaments de maladies chroniques sont disponibles en quantités suffisantes», rassure-t-il. Mieux encore, «en admettant que la pénurie a touché quelques produits et non la globalité des médicaments on peut se rassurer que ce n'est pas le secteur dans son ensemble qui est calé». Donc, la pénurie semble toucher les médicaments traitant les maladies de la saison hivernale, à savoir les grippes, les rhumes, les bronchites... Pour ces états, les possibilités de substitution des médicaments sont nombreuses. Une liste de classification des produits et de leurs équivalents à l'appui, le médecin nous illustre plusieurs cas et plusieurs alternatives de prescriptions. «Pour éviter toute ambiguïté pour les patients, les médecins pourraient prescrire les médicaments disponibles de la même classe thérapeutique» relève-t-il. Toutefois, cette substitution se trouve limitée par les formes de médicaments. Un médicament prescrit sous forme de comprimé ne peut pas être remplacé par un autre effervescent même s'ils appartiennent à la même classe. Comme étant payeurs des fournisseurs de soins, plusieurs citoyens et patients, qu'on a rencontrés à l'une des pharmacies du centre-ville, ont douté que d'éventuels retards de paiement puissent être l'origine d'un changement de comportement des pharmaciens, qui rechercheront, probablement, à s'approvisionner en médicaments payables au comptant par les patients. Rejetant cette thèse, le médecin rappelle que la Cnam offre une alternative plutôt avantageuse pour les pharmaciens et tout fournisseur de soins. D'ailleurs, selon l'article 42 de la convention des pharmaciens d'officine, «la Cnam procède au paiement intégral du pharmacien dans un délai maximum de sept jours à compter de la date de réception de la décompte... en cas d'incident empêchant la caisse de respecter le délai conventionnel de sept jours, la Cnam, sur une simple demande, procède au paiement dans les deux jours ouvrables suivants». Toutefois, la procédure basée sur le saisi intégral des bulletins de soins et des décomptes est confronté à plusieurs difficultés. «Communiquer les données sur un support numérique, au lieu des bordereaux saisis manuellement, est de nature à faire gagner du temps de traitement des décomptes», note le médecin. Ainsi, il est à constater que certains médicaments manquent de vignettes. «Ce qui nécessite un travail supplémentaire de recherche du produits dans le système», ajoute-t-il. Et la situation s'avère plus délicate pour des produits ne disposant pas de vignettes. «Pis, sans vignettes, on risque le double paiement du médicaments», explique le responsable. Ainsi, pour une meilleure gestion des procédures de traitement des décomptes de la caisse, dont les répercussions se feront ressentir sur l'ensemble du secteur, il est conseillé de doter l'administration d'un système de code à barres.