Les indicateurs sont négatifs à cause du retard enregistré dans la mise en œuvre des réformes. Le diagnostic de la situation économique montre, une régression du taux de croissance par rapport aux années quatre-vingt-dix et avant la révolution. S'agissant de la compensation, celle-ci ne sera pas supprimée. L'orientation est de cibler les catégories à faible revenu pour les faire profiter de la compensation. Des négociations ont été engagées avec les partenaires sociaux, l'Utica et l'Ugtt, pour examiner la situation de certaines entreprises publiques. Chahed a regretté l'absence de l'Ugtt au symposium. Le gouvernement d'union nationale compte entamer, dans les meilleurs délais, les réformes pour améliorer la compétitivité de l'économie nationale, tout en préservant les équilibres financiers des entreprises publiques et en orientant la compensation vers les catégories à revenu limité qui en ont vraiment besoin. C'est l'idée force du symposium sur les réformes majeures organisé hier à Gammarth sous le haut patronage de M. Youssef Chahed, chef du gouvernement, qui était accompagné de plusieurs ministres, cadres et experts économiques. On a constaté, cependant, la présence de l'Utica et de l'Utap et l'absence du représentant de l'Ugtt. Dans une allocution prononcée à cette occasion, M. Chahed a indiqué que le symposium vise à faire connaître les réformes majeures que le gouvernement compte mettre en œuvre. D'où l'importance du dialogue dans l'intérêt général du pays. Mais ce dialogue ne constitue pas une alternative au document de l'Accord de Carthage. L'orateur a souligné que la Tunisie va réussir sa transition démocratique à la faveur des élections municipales qui auront lieu bientôt. Plusieurs acquis ont été réalisés au lendemain de la révolution et ceux-ci ont un coût. « Nous avons tiré la sonnette d'alarme, il y a quelques mois », rappelle le chef du gouvernement qui a brossé un tableau plutôt noir sur les indicateurs de l'économie nationale. Des réformes qui tardent à venir Les indicateurs sont négatifs, et ce, à cause du retard enregistré dans la mise en œuvre des réformes. Le diagnostic de la situation économique montre, en effet, une régression du taux de croissance par rapport aux années quatre-vingt dix et avant la révolution. Les exportations et les investissements ont chuté alors que le déficit des caisses sociales s'est accru d'une façon sensible. On a constaté aussi une augmentation de la valeur de la compensation et de l'endettement. La solution, selon Chahed, est de passer aux réformes structurelles avec l'appui des institutions internationales donatrices. « Personne ne nous impose ces réformes, soutien M. Chahed. Celles-ci sont élaborées par le gouvernement. Les réformes non sont pas un choix mais une nécessité ». Les indicateurs économiques ont reculé même si on a remarqué, au cours des derniers mois, des améliorations au niveau du tourisme et de l'investissement. Mais ces améliorations ne sont pas suffisantes pour permettre à notre économie de retrouver sa bonne santé. Le chef du gouvernement a rappelé, en outre, qu'en 2017, il a annoncé un ensemble de réformes qui concernent, entre autres, la fiscalité, le financement de l'économie, les entreprises et structures publiques... Des équipes de travail ont été constituées et se réunissent régulièrement pour discuter des réformes envisagées. S'agissant de la réforme fiscale, le chef du gouvernement a indiqué que ce secteur se distingue par la corruption dans la mesure où l'on a constaté des fuites fiscales. D'où la nécessité d'effectuer certaines retouches au système fiscal pour le rendre plus équitable et plus transparent et permettre aux investisseurs d'avoir une vision claire de la fiscalité tout en peaufinant le climat des affaires. Les sept dossiers de la réforme Le chef du gouvernement a souligné que les dossiers de la réforme sont au nombre de sept dont quatre, les plus urgents, seront examinés au cours du présent symposium, à savoir la réforme des entreprises et structures publiques, de la Fonction publique, des caisses sociales et du système de compensation. Les caisses sociales ont atteint un niveau de déficit que l'Etat ne peut plus supporter. Il faudrait au moins 100 MD pour pouvoir effacer ce déficit. Cela a amené le gouvernement à proposer des solutions radicales en vue de préserver la qualité des prestations de ces caisses. C'est que le déficit de ces caisses a eu des impacts sur d'autres structures comme la Caisse nationale de l'assurance-maladie (Cnam) et même sur la Pharmacie centrale dont une partie des problèmes est due à ce déficit. Pour préserver le système social, il est nécessaire d'effectuer les réformes qui s'imposent en reportant l'âge de départ à la retraite, par exemple, à 62 ans. On s'est inspiré des expériences étrangères réussies dans ce domaine pour faire perdurer une sécurité sociale de qualité. Déjà, on a appliqué la contribution sociale de 1% en faveur des caisses sociales pour améliorer un tant soit peu les revenus de celles-ci et les aider à équilibrer leurs finances. S'agissant de la compensation, le chef du gouvernement a rassuré l'assistance que celle-ci ne sera pas supprimée. L'orientation est de cibler les catégories à faible revenu pour les faire profiter de la compensation qui est utilisée actuellement en faveur des riches et des pauvres, des Tunisiens et des étrangers. Certains contrebandiers ont exploité ce système pour faire des affaires. La situation ne peut plus perdurer et les réformes doivent être engagées dans les meilleurs délais. Entreprises publiques peu performantes Le programme de réforme concerne aussi les entreprises et les structures publiques. « Nous n'avons pas un projet idéologique », soutien Chahed. Le but est d'équilibrer les finances de ces entreprises et de les rendre plus efficaces. Il n'est pas question, comme certains le font penser, de privatiser ces entreprises stratégiques comme la Sonede et la Steg, qui rendent un service public, mais d'améliorer leur gouvernance. Il est possible, cependant, de se désengager de certaines entreprises évoluant dans un environnement concurrentiel. Et en plus, il faut distinguer entre entreprises stratégiques et non stratégiques. Car c'est le contribuable, particuliers et entreprises privées qui paient pour maintenir ces entreprises en vie. L'idéal serait d'utiliser ces fonds pour effectuer certains projets dans les domaines de la santé, de l'enseignement et du développement. La réforme concerne aussi la Fonction publique en révisant le système de rémunération qui est complexe. Il s'agit aussi de comprimer la masse salariale. Il s'est avéré que 40% du budget sont alloués aux salaires. Il faut mettre fin aux recrutements anarchiques pour redresser la situation. Des négociations ont été engagées avec les partenaires sociaux, à savoir l'Utica et l'Ugtt, pour examiner la situation de certaines entreprises publiques. M. Chahed a regretté l'absence de l'Ugtt à ce symposium Pour un régime social aux agriculteurs et pêcheurs Prenant la parole, M. Abdelmajid Ezzar, président de l'Utap, a indiqué que l'organisation professionnelle des agriculteurs est partie prenante dans la réforme qui se fait dans le cadre d'une approche participative. Il s'agit de contribuer efficacement à la mise en place d'une feuille de route pour atteindre les objectifs fixés dans le domaine économique. A cet effet, les partenaires sociaux ont été invités à donner leur avis et à discuter des différents dossiers soumis à la réforme comme les finances publiques, la compensation, les entreprises et la Fonction publiques. Il est nécessaire, selon l'orateur, que toutes les parties prenantes participent à ces réformes par le travail. Ces réformes doivent être structurelles ne répondant pas à des sensibilités politiques ou électorales. Il a noté que la couverture sociale des agriculteurs et pêcheurs ne dépasse pas les 10%, appelant à améliorer cette couverture en instituant un régime spécialisé pour cette catégorie de travailleurs. L'orateur a exprimé sa volonté de préserver les entreprises publiques qui constituent un frein à l'invasion du capitalisme, mais celles-ci ont besoin certainement d'une restructuration pour améliorer leur rendement. Dans ce même ordre d'idées, M. Samir Majoul, président de l'Utica, a souligné l'importance de la contribution de son organisation dans la mise en place de la feuille de route rappelant, au passage, que la crise économique s'est aggravée au fil des jours. Cette crise menace les acquis de la transition économique. Depuis cinq ans, l'Utica avait prévenu les autorités publiques de la gravité d'une crise économique qui se dessine à l'horizon. En 2012, une étude a été élaborée sur les perspectives économiques jusqu'à 2020. Cette étude a abordé plusieurs sujets comme la formation, l'éducation et l'enseignement. En 2015, une stratégie a été conçue par l'Utica pour favoriser l'investissement dans le secteur privé. Malheureusement, toutes ces initiatives n'ont pas trouvé un écho auprès des autorités publiques. Parmi les priorités citées par M. Majoul, celle qui concerne les entreprises publiques qui constituent un fardeau pour l'Etat suite à l'augmentation de la masse salariale. La compensation est également un dossier d'actualité qui mérite des réformes. La fiscalité a besoin également d'une réforme pour élargir son assiette tout en pensant à accroître le volume des devises.