Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
ABDELKADER RAKBAOUI, EX-ATTAQUANT INTERNATIONAL : «Sollicitation excessive et fatale du muscle» Dossier : Blessures des internationaux, de causes à effets
«En raison d'un régime assez soutenu, terrain propice aux accidents musculaires, nul n'est à l'abri d'une pathologie traumatique courante». « Franchement, vu mon expérience, je pense qu'une blessure musculaire vous marque à jamais, au-delà de la tension autour de vous dans la perspective d'une échéance importante à venir telle que le Mondial. Une blessure musculaire est comme un coup d'arrêt, une nouvelle qui tombe tel un couperet dès que vous vous écroulez. Pourquoi ? Parce que dès que vous vous tordez de douleur, vous savez que c'est sérieux. Maintenant, je veux aussi parler d'anticipation dans ce cas d'espèce. Quand un joueur international est fortement sollicité, il prend le risque de trop solliciter ses muscles. Il n'est pas ici question de perte d'élasticité musculaire, de déficit d'élasticité musculaire mais d'aller au-delà des limites de l'organisme. Bien entendu, ça, c'est quand un joueur n'est pas victime d'un contact violent avec un adversaire ou un partenaire. Mais avant d'aborder ce volet, je tiens aussi à rappeler l'importance d'une attitude irréprochable de tout joueur pro, et ce, en vue d'éviter toute blessure pénalisante à terme. L'hydratation, le sommeil, l'alimentation équilibrée. Tout cela, c'est important. Vous savez, en football de haut niveau, même une mauvaise hygiène dentaire peut être fatale ! Il y a aussi des facteurs endogènes liés à l'entraînement qui peuvent précipiter le mal. L'absence ou l'insuffisance d'échauffement. L'entraînement excessif ou mal programmé. Des exercices de musculation mal dosés. L'absence de récupération. Un footballeur pro, qui plus est international de son état, doit composer avec tout cela. Comment éviter au maximum les blessures musculaires? Premièrement en réduisant aux maximum tous ces facteurs qui les favorisent! Tout d'abord, en effectuant un travail de prévention et de renforcement des muscles concernés. Varier les exercices de prévention et les modes de contraction aussi. Il y a aussi le travail global de renforcement musculaire et de gainage qui est aussi essentiel. Puis, et là, je sais de quoi je parle, la notion d'équilibre est très importante dans la prévention des blessures. Quel est cet équilibre? Cela peut être l'équilibre entre les muscles, car un déséquilibre dans le renforcement musculaire peut être fatal pour le muscle le plus faible. C'est ce que m'a enseigné le staff médical quand je me suis gravement blessé. Bref, en football et en sport de haut niveau en général, volet équilibre au sein d'une même chaîne, une chaîne musculaire n'est jamais plus forte que son maillon le plus faible ! Un footballeur-compétiteur ou de type athlète n'est qu'un être humain qui peut être victime d'une surcharge de travail ou d'un choc fatal. Particulièrement pour le sport-roi qui expose irrémédiablement à des blessures. Bien sûr, c'est en lien avec les conditions de pratique. Que l'on soit footballeur de haut niveau, membre de l'Equipe de Tunisie, ou simple pratiquant, les blessures sont les mêmes, mais les prises en charge sont beaucoup plus spectaculaires pour le professionnel avec une médiatisation de sa gravité et de son temps d'arrêt de pratique du football, comme c'est le cas pour Youssef Msakni. Je remarque même que souvent pour nos champions les médecins sont à la limite du respect du secret médical obligatoire! Il faut comprendre par là qu'un international appelé à représenter son pays au Mondial devient une personnalité publique ! Il n'est pas libre de ses mouvements ni de son destin. Il doit se ménager pour représenter dignement la Tunisie, voilà tout »! « Réduire la voilure » « Vous savez, la médecine a fait d'énormes progrès depuis des dizaines d'années. Exemple, alors que les entorses fréquentes dans le football étaient systématiquement plâtrées voire opérées il y a une vingtaine d'années, aujourd'hui le traitement a totalement évolué avec une prise en charge beaucoup plus dynamique, comme éviter les effets secondaires en pratiquant une très bonne rééducation pour vite retrouver ses sensations à terme. En Tunisie aussi, il y a le problème de l'aire de jeu qui peut occasionner bien des dégâts. Il faut comprendre par là que changer souvent de structure de terrain peut occasionner la survenue d'entorses répétitives par manque de repères et par sollicitation normale du pied. Les chaussures gardent toute leur importance dans ce cas d'espèce, il faut pouvoir jouer avec des crampons adaptés à la surface. Maintenant, le but suprême et final et la prévention car prévenir vaut mieux que guérir. Les faits sont là, volet équipe de Tunisie, le trimestre dernier a été particulièrement dévastateur pour les joueurs de l'équipe. En raison de cette hécatombe, on a presque davantage parlé médecine que football autour de la sélection récemment ! Cette avalanche est préjudiciable mais le groupe est assez nanti pour s'en remettre. Cela fait partie des risques encourus, mais l'on ne manquera tout de même pas de glisser au passage une petite pique sur les cadences infernales de nos footballeurs de haut niveau ! Les joueurs sont soumis à un régime assez fort, terrain propice aux accidents musculaires. Mais bon, nul n'est à l'abri d'une blessure ou d'une pathologie traumatique courante. Je vous pose même une question: Qui ne connaît pas un footballeur célèbre qui, en retombant brutalement sur la jambe, s'est fait une entorse du ligament croisé du genou? Il y a d'innombrables cas pour étayer cette thèse, et cela peut toucher n'importe quel joueur de haut niveau. Les mécanismes d'apparition sont aussi nombreux. Spontanément en pleine course, ou plus rarement lors d'un shoot dans le vide, afin d'éviter un adversaire, ou lors d'un tacle assassin, le joueur est stoppé net, se tord de douleur ! Enfin, je dirais que pour le plateau technique ayant un groupe qui se heurte à de nombreuses lésions musculaires, il serait de bon esprit de s'interroger sur la quantité d'efforts intensifs demandés à ses troupes et de réduire la voilure ».