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Riadh Charfi (docteur en sciences techniques des activités physiques) : «Des risques à prendre en considération...» Dossier : Sport et ramadan font-ils bon ménage?
L'éternelle question que se posent les sportifs de tous bords concerne la pratique du sport au cours du mois du jeûne : est-elle compatible avec le football de haut niveau? Les avis émanant des savants musulmans, des médecins des équipes sportives et des spécialistes dans le domaine du sport en général ont été divergents. Pour certains théologues, le caractère obligatoire du mois saint prime sur la pratique du sport favori du joueur, alors que pour d'autres, plus exigeants, les footballeurs pourraient se dispenser du jeûne pour des raisons inhérentes à leur gagne-pain et à leur santé physique. Du côté des médecins spécialistes dans le domaine du sport, un grand nombre d'entre eux précisent que le jeûne risque d'avoir des répercussions néfastes sur l'état de santé du sportif, alors que d'autres voient plutôt le contraire... Risque d'hypoglycémie En fait, jouer au football à haut niveau, sans s'alimenter, et surtout sans boire de l'eau notamment au cours des périodes où la chaleur est élevée, risque de générer une hypoglycémie, tout en rétrécissant la force musculaire du joueur. Et puis, les répercussions sont aussi néfastes pour ceux qui souffrent du diabète; ce qui pourrait engendrer des tremblements, du vertige, des troubles de l'équilibre de santé, des vomissements, des maux de tête aussi comme des troubles de la vigilance... Cette hypoglycémie pourrait même provoquer le coma, voire engendrer l'arrêt cardiaque. Ces éventuels risques influent négativement sur le moral des joueurs et par là sur leur comportement sur le terrain. De ce fait, la précision dans le jeu sera amoindrie, et par conséquent moins efficace, tant au plan technique, tactique, physique, que mental. Les risques de blessures tendineuses, musculaires et articulaires seront aussi plus élevés. Voilà ce qui guette le sportif de haut niveau, sachant bien que la pratique du football à jeun brûle en premier lieu le sucre circulant dans le sang, les acides gras aussi. Par conséquent, elle impose à l'organisme de puiser dans ses réserves de glycogène, de graisse et de protéine. Dans une situation pareille, on ne peut attendre du sportif des performances sur les terrains de jeu. L'utilisation des protéines musculaires à des fins énergétiques provoque l'altération des fibres contractibles et fragilise aussi le tissu musculaire. La déshydratation, un haut risque Ce risque pourrait être plus élevé si l'hydratation n'est pas correcte, une situation fréquemment associée à l'absence de prise alimentaire. Les blessures tendineuses et musculaires (tendinopathie, élongation, claquage) seront plus fréquentes dans ce cas précis. Et puis, la mauvaise alimentation, associée à un apport hydrique insuffisant, pourrait engendrer des accidents traumatiques du type tendinite, claquage, déchirure. Tout cela nous amène à dire que les performances physiques et techniques du footballeur sont peu plausibles au cours du mois du jeûne. Programmer des compétitions à haut niveau au cours du jeûne qu'observent les sportifs ne peut donc être au niveau de l'attente. Et puis ses risques sur la santé du sportif sont grands... Mais, si on a envie de jouer au foot par plaisir, c'est autre chose. Ce serait alors juste pour changer le rythme de vie. Un sport loisir en quelque sorte, surtout lorsqu'il est pratiqué deux ou trois heures après la rupture du jeûne. Alors, gare au trouble métabolique résultant d'une alimentation défaillante et qui pourrait engendrer des déchets sanguins, l'hypoglycémie plus précisément et une modification du fonctionnement hépato-rénal en cas de pratique d'un football de haut niveau.