La ville de Sfax vit, du 26 au 29 avril, deux événements culturels, dont la promesse tient au succès de leurs éditions précédentes qui ont rayonné sur la scène culturelle régionale : «sos borj en péril 3», une initiative de l'Association des Amis des arts plastiques et le festival «Rencontre internationale des musiques du monde», une charmante aventure de l'Association Nahawand. Mis à part l'essence éminemment culturelle, les deux manifestations a priori sans autre lien de parenté évident présentent, en fait, de multiples affinités, voire une parfaite concordance, tant il est vrai qu'elles sont de nature à se prêter mutuellement main-forte, unissant leurs efforts, à travers la sauvegarde du patrimoine architectural, pour «sos borj en péril», et par le biais des dialogues musicaux, dans un élan commun, celui d'œuvrer à la promotion de l'image de la région et d'en dynamiser l'activité culturelle et touristique. Risque d'extinction «sos borj en péril 3», comme l'indique son intitulé, est la troisième étape de l'action lancée en 2014 par l'Association des Amis des arts plastiques et ses partenaires, interpellés par le sérieux des risques de disparition des borjs «Habitats fortifiés, faisant partie intégrante du paysage urbain de Sfax, construits entre les XVe et XXe siècles». Subissant les effets ravageurs de l'irrésistible raz-de-marée des constructions modernes à la faveur du boom urbanistique anarchique enregistré à partir des années 1970, ces anciennes maisons de campagne, à l'aspect de citadelles, ont dans leur grande majorité disparu du paysage urbanistique : «Il s'agit de véritables trésors patrimoniaux, des hauts lieux de mémoire, de souvenirs, de traditions. Ce sont de vrais ouvrages chargés d'histoire et de savoir-faire», s'est plu à répéter Aïda Zahaf, présidente de l'Association des Amis des arts plastiques au cours de la conférence de presse consacrée communément aux deux événements avec Omar Fourati, président de l'Association Nahawand. Dans un bref flash-back, Aïda Zahaf a fait un rappel des précédentes sessions de l'action «sos borj en péril», en vue de sensibiliser l'opinion publique, les gens de bonne volonté et les décideurs dans le domaine de la culture à l'impératif de soustraire ces anciennes habitations au péril de l'extinction qui les guette. Au cours de la première session, intitulée «Sauvons les borjs», le parcours organisé, les 26 et 27 avril 2014, avait permis de visiter et faire la découverte de 13 borjs privés, agrémentés pour la circonstance d'une dizaine de performances culturelles artistiques entre courts métrages, danse, musique, narration, expositions, installations, illustrations, design culinaire, etc. Le résultat de cette action, fort appréciée, est assez réjouissant : «Trois propriétaires ont entamé la rénovation de leurs borjs et trois jeunes couples se sont installés dans les anciennes demeures ancestrales réaménagées à cet effet. Conséquence de ce regain d'intérêt : les valeurs morale et marchande de ces bâtisses ont sensiblement augmenté», souligne la présidente de l'Aaap à Sfax. Mais ce n'est que le début d'un cheminement ponctué par la création de l'Association des propriétaires des anciennes demeures, sur le modèle italien de Pérouse. C'est ainsi que la deuxième édition de l'action intitulée «sos Borj en péril 2», placée sous le thème : «Je rentre en ville et je remonte au Jnène», a permis à la nouvelle association de renforcer l'action menée par la Société Arij, avec pour résultat la réhabilitation de deux anciennes demeures de la Médina, la première transformée en un hôtel au charme authentiquement ancestral et la seconde en palais de la photo. Poursuivant dans le sillage des éditions précédentes, «sos borj en péril 3» se tiendra du 26 au 29 avril sous le slogan : «Empreintes du passé». Raja Charfi, présidente de la manifestation durant ses trois étapes, en présente le dense programme en ces termes: «Les festivités débuteront par une journée scientifique meublée par une table ronde au cours de laquelle les universitaires, chercheurs et architectes : Habib Jamoussi, Fakher Kharrat, Soufiane Souissi, Anis Karâa, Kamel Ben Hammouda et Meriem Gouiâa, présenteront des communications sur différents thèmes relatifs à divers aspects architecturaux et urbanistiques de la ville de Sfax, qu'il s'agisse de la Médina ou du quartier européen». Le programme de la manifestation comprend également un circuit culturel et touristique : «L'association a mis au point un programme varié comprenant la visite de Borj Sellami, route de Sidi Mansour et de la Maison de France, en plus de l'organisation du circuit "balade nocturne" au quartier européen, avec pour objectif d'attirer l'attention sur cet autre pan de notre patrimoine architectural en péril», fait-elle allusion aux immeubles de Bab Bhar, bâtiments chargés d'histoire et déployant fièrement leurs riches ornements du style arabisance et Art nouveau. Le programme comprend, également, la visite du village de Boudhadi, construit pendant l'époque coloniale. Tous les parcours seront jalonnés de concerts, de fanfare et d'autres spectacles artistiques se déclinant sur des représentations théâtrales et autres activités artistiques. Rencontre internationale des musiques du monde Prenant la parole pour présenter le festival «Rencontre internationale des musiques du monde», Omar Fourati, président de l'Association Nahawand, organisatrice de l'évènement, indique : «Cette quatrième édition de la rencontre se tient du 26 au 28 avril avec la participation d'instrumentistes et de musiciens de nombreux pays arabes, asiatiques et africains. L'association Nahawand "Rencontre des cultures" a pour but de promouvoir la culture musicale à travers des événements publics destinés à toutes les personnes qui aiment partager et échanger les rythmes et sonorités des musiques du monde. Le festival "Rencontre internationale des musiques du monde" est né en 2013. Il se donne pour objectif de devenir un rendez-vous annuel à Sfax, destiné à dynamiser l'activité culturelle et touristique de la région. Notre festival est l'unique festival de musique du monde en Tunisie. Il est dédié aux musiques traditionnelles ou du moins à des genres musicaux fusionnés à partir du traditionnel», poursuit-il. L'objectif primordial du festival est de vulgariser la culture musicale, d'anéantir les barrières et de minimiser les distances entre les peuples à travers la concentration de genres variés, avec en perspective la possibilité d'ouvrir d'autres horizons à la musique tunisienne et de lui permettre de se faire connaître à l'échelle internationale». Présenté par Sadok Aouissaoui, chargé de la communication,le programme concocté par le comité de pilotage du festival comprend un tableau de stambali, une résidence musicale de la troupe Nostalgia Ban avec le groupe musicien Guests,du Maroc, et une soirée animée par Sabri Mosbeh (Tunisie). Le 27 avril, c'était au tour de Kays Jammoussi/Sophie Armache/Toyoko Hatanaka (Tunisie/Liban/Japon) de se produire devant le public, avant les spectacles de Rami Ourabi (Tunisie), puis de Marema (Sénégal). Enfin, hier samedi, 28 avril, un spectacle pour enfants à la Maison de France, suivi d'un show «Danses du monde», puis des spectacles donnés par Yuma (Tunisie) et, ensuite, par Barbara Luna (Argentine). Festival de l'amandier, du 3 au 11 mai Au cours de la même conférence de presse, un éclairage a été donné sur le Festival de l'amandier auquel prendront part une quinzaine de plasticiens tunisiens, outre onze artistes algériens, français, grecs, indonésiens, omanais, sénégalais, suédois et turcs, dont les œuvres s'articulent autour de ce thème. Au menu du festival, figure un symposium dont le programme scientifique intitulé : «L'amandier en fleurs et en fruits» comporte des communications axées sur des sous-thèmes qui seront traités par des spécialistes en nutrition, des agronomes et un chef d'entreprise spécialisée en pâtisserie traditionnelle, etc. Il y sera question de «L'amandier dans la culture locale» (Sihem Kallel), de «L'état des lieux», (Chokri Walha), de «L'amandier dans le paysage arboricole dans le centre» (M.A.Ghrab), de «L'impact économique de l'amande» (Ahmed Masmoudi), de «L'intérêt nutritionnel de l'amande» (Neïla Abid), et des «Vertus médicinales de l'amandier» (Mohamed Dammak).