Une semaine après le scrutin du 6 mai, la Haica, haute autorité indépendante de communication audiovisuelle, est revenue sur la couverture médiatique de la campagne électorale des municipales, ayant eu lieu du 14 avril au 4 de ce mois. Une évaluation à la fois quantitative et qualitative. Ses moniteurs l'ont qualifiée de bonne, voire de très bonne par rapport à celle de la présidentielle et des législatives de 2014. Son président, M. Nouri Lajmi, entouré de son staff, a donné, hier matin, une conférence de presse, au cours de laquelle il a tenu à remercier les journalistes pour les efforts qu'ils ont consentis dans l'accomplissement de leur mission. Un grand hommage leur est aussi rendu pour l'éthique professionnelle dont ils ont fait preuve, se plaçant à égale distance de toutes les formations politiques en lice. «Ce fut une couverture médiatique qui était dans les normes en vigueur, conformément à la décision conjointe de l'Isie et de la Haica, signée le 14 février, puis modifiée le 18 du mois écoulé », témoigne-t-il, sans presque rien dire sur les irrégularités et les infractions commises à ce titre. Sauf que certains abus sont liés essentiellement à la publicité politique ou à des campagnes partisanes manipulatoires. Le journaliste s'est ainsi trouvé, à son insu, instrumentalisé. Mais, ce sont des cas, semble-t-il, isolés. Ce constat est loin d'être le même qu'en 2014. Tant et si bien que le président de la Haica, lui-même, a fait remarquer un certain bond qualitatif au niveau de la couverture médiatique des campagnes électorales. «Ainsi se mesure le professionnalisme du journaliste», note-il, en conclusion, soulignant l'intérêt que les médias portent au respect des critères d'équité, d'impartialité et d'indépendance. Temps alloués Par ailleurs, Mme Radhia Saïdi, membre de la Haica, a pris la parole pour rendre compte des résultats définitifs du monitoring et du suivi des programmes audiovisuels répartis sur toute la campagne. Se basant sur un plan de couverture tel qu'il lui a été, précédemment, communiqué, l'unité de monitoring de la Haica a analysé un grand nombre d'interventions des acteurs politiques diffusées par 14 médias publics et privés (télévision et radio). Il s'agit, selon ledit rapport, de collecter les données pertinentes en rapport avec le temps d'antenne et le temps de parole alloués aux acteurs politiques, qu'ils soient candidats ou non. Tout correspondant a une durée totale en nombre d'heures visionnées de 14 jours, 6 heures, 8 minutes et 16 secondes. Pour mieux comprendre cette approche analytique du contenu quantitatif, les moniteurs voient très utile de recourir à l'explication de la terminologie utilisée. « Temps d'antenne » et « temps de parole », à titre d'exemple : « Le premier est le temps utilisé par le journaliste et par tout autre locuteur non politique (experts, citoyen lambda...). Le second se définit comme la durée pendant laquelle l'acteur politique individuel prend la parole dans les médias, que ce soit lors d'un débat, d'une intervention, d'une déclaration ou de toute autre forme». Dans l'arène des médias Toujours, selon ledit rapport, la Haica a rapporté que la couverture qu'Al Wataniya 1 avait consacrée aux candidats se situe autour de 36 heures, dépassant largement celle des chaînes privées. D'ailleurs, elle a été l'unique à avoir exclusivement réservé autant d'espace médiatique aux candidats. Alors qu'Attassiaa et Hannibal TV ont, toutes deux, partagé la couverture entre candidats et non candidats. Parmi ces chaînes privées, faut-il le rappeler, Al Hiwar Attounsi et Nessma ont fait l'exception, ayant choisi de ne pas couvrir la campagne des partis. Exception faite de la télévision nationale, ces chaînes privées ont généralement moins couvert les listes indépendantes et privilégié les grandes formations politiques. «Ennahdha a eu plus de visibilité que Nida Tounès, avec 14, 6% contre 12,3% à la télé et 17,9% contre 15,6% à la radio », a-t-il ajouté. Les autres partis (Front populaire, Courant démocratique, Afek, Machrou Tounès, Mouvement du peuple...) y ont trouvé leur compte. De même, le taux de présence féminine demeure assez favorable. Quant aux radios, elles ont montré un plus grand intérêt pour la campagne électorale, en donnant la parole aux différents candidats. Et là, encore une fois, les médias audiovisuels publics ont créé la différence. La radio publique, avec ses trois stations nationales et cinq régionales (Gafsa, Kef, Monastir, Sfax et Tataouine), a réservé aux candidats une grille de programmes répartie sur 180 heures au total. De surcroît, un temps variant entre 10 et 21 heures leur a été accordé sur les ondes des radios privées. Le monitoring de la Haica n'a pas, cette fois-ci, épargné les réseaux sociaux, espace virtuel jusque-là incontrôlable. Peut-être, la prochaine loi de l'audiovisuel, dont le projet traîne encore à l'ARP, prendra en considération tous ces maillons manquants.