Lors d'une conférence de presse tenue hier, jeudi 16 octobre 2014 à Tunis, la HAICA a annoncé la publication de son premier rapport relatif à l'observation de la couverture médiatique de la première semaine électorale. Dans ce tout premier rapport, qui sera publié sur son site aujourd'hui-même, la HAICA a présenté, sous forme de tableaux quantitatifs, les premiers résultats dutraitement médiatique de la pluralité politique lors de la première semaine de la campagne électorale. Le but est non pas de dénoncer les fraudes ou les transgressions de certains médias de la loi électorale ou du principe de la parité. Il s'agit, en réalité, de sensibiliser encore plus les médias à se conformer à l'éthique déontologique en termes de neutralité et de respect du principe de pluralisme au sein des établissements médiatiques. Il est à noter que ce premier rapport concerne aussi bien les chaînes et les radios légales que celles non autorisées de diffuser. Inciter les médias à s'autocritiquer et à s'améliorer Lors de son allocution d'ouverture, le président de la HAICA, NouriLajmi annoncé que le paysage médiatique tunisien actuel compte 10 chaines télévisées et 35 radios privées. Quant au secteur médiatique public, jusqu'au mois de septembre, il est composé de 9 radios, deux radios sous la tutelle de l'Etat. Il a, par la suite, rappelé que ce premier rapport couvre la durée du 4 au 10 octobre 2014 soulignant que le but est purement pédagogique afin que les journalistes voient les points positifs ainsi que les lacunes. L'objectif est que les représentants du secteur médiatique puissent remédier aux failles et puissent améliorer leur rendement quant à la couverture médiatique durant la campagne électorale. Il s'agit, notamment, d'inciter les organes de presse audio-visuels à s'auto-rééquilibrer. Dans ce même contexte, NouriLaajimi a cité l'exemple des médias étrangers qui ont leur propre organe de monitoring pour contrôler leur rendement et améliorer la qualité de leurs propres programmes. Il continue : « Nous exhortons, à travers ce rapport, les médias tunisiens à plus de neutralité et de professionnalisme afin de contribuer à la consécration de la culture démocratique chez l'opinion publique.». Il a, par ailleurs, annoncé qu'à la fin de la campagne électorale, la HAICA publiera un rapport final qui sera plus détaillé. Quant au rôle de régulation dont jouit la HAICA, le président de l'instance a annoncé que des autorisations ont été divulguées à certains médias. Des dossiers sont en cours d'étude afin d'autoriser ces établissements à diffuser légalement leur produit. «Dernièrement, la HAICA a donné des licences de principe à 3 radios privées, 8 radios associatives et 4 nouvelles chaînes télévisées. Elles ont toutes répondu aux critères imposées par les cahiers de charge de la HAICA. Aujourd'hui, le paysage médiatique se compose, outre les radios associatives, de 35 chaînes et 10 télévisions. Je tiens à rappeler que ces licences seront effectives à la signature de l'accord relatif aux cahiers de charge. Licences non accordées... Concernant les demandes qui ont été rejetées, le président de la HAICA a tenu à préciser que « beaucoup d'encre a coulé suite à ces refus. Je ‘attire votre attention sur le fait que la majorité de ces demandes ne répond pas aux critères évoqués dans les cahiers de charge.». Ce refus revient, toujours selon NouriLajmi, à l'absence de la transparence financière, l'absence de l'indépendance de ces médias ainsi que les soucis et les défaillances d'ordre techniques. «Tous les établissement qui n'ont pas eu l'autorisation ont été contactés par la HAICA pour leur expliquer les différentes raisons qui ont fait qu'ils n'aient pas la licence». Il a rajouté : «La HAICA a été très compréhensive. Pour éviter le recours aux amendes et à la confiscation du matériel, l'instance a allongé trois fois la durée d'attente pour que les médias puissent régler leur situation. Elle a, également, allongé la durée de la retransmission spontanée afin que ces médias arrêtent de diffuser spontanément le temps qu'ils finissent par réglementer leur dossier». Pourtant, «certaines chaînes n'ont pas respecté ces closes et ont défié la loi en continuant à diffuser sans licence.» A ce moment-là, l'instance est obligée d'appliquer la loi et de se référer à l'article 131 du décret-loi 116. D'ailleurs, NouriLajmi a tenu à saluer les chaînes et les radios qui ont arrêté spontanément de diffuser en attendant de régler leurs dossiers : «J'y vois une prise de position très civique et exemplaire dans l'instauration de la démocratie dans le secteur de médias.» Au terme de son intervention, le président de la HAICA a évoqué toutes les accusations dont fait l'objet l'instance ces derniers temps et qui mettent en doute son indépendance et critiquent son traitement de certains dossiers. « Je tiens à dire que dans le traitement des dossiers des organes de presse a été fait de manière très scientifique et académique. Pour ce faire, nous avons équipé la HAICA d'une équipe d'experts techniques. Nos décisions étaient les résultantes de ce que ces établissements médiatiques ont présenté dans leur dossier. Nous avons même fait en sorte de les accompagner et de les aider pour les compléments de leurs dossiers.» Il annoncé à la fin que la HAICA va rouvrir de nouveau l'étude des dossiers de tous les médias audiovisuels et désireux d'avoir une licence au lendemain des résultats du premier tour des élections présidentielles. «A partir du 24 novembre 2014, l'instance accepte de nouveau les dossiers de candidature. On a demandé aux médias non licenciés de profiter de cette période pour compléter les pièces manquantes ou de bien présenter leurs dossiers afin qu'ils répondent aux critères des cahiers de charge.» Il est à rappeler que l'équipe monitoring qui surveille le travail des médias audio-visuels relevant de la HAICA a commencé son travail à partir de la période de la pré-campagne électorale. Sa mission arrivera à son terme lors de la fin de la campagne présidentielle. Cette équipe est composée d'un chargé de la pédagogie qui est en même temps le responsable de l'unité, 2 experts en informatique qui assurent l'enregistrement de toutes les séances télévisées et radiophoniques, de sauvegarder ces données et de 29 analystes de médias. Leur travail consiste à analyser et vérifier la pluralité de la matière politique ainsi que les transgressions. Une équipe a à sa charge l'enregistrement et l'analyse quotidienne de la matière de 14 chaînes télévisées entre 6h du matin jusqu'à 00.30. Quant aux radios, il s'agit d'enregistrer et d'analyser 20 radios dont 5 associatives. Cette opération se fait quotidiennement entre 7h du matin jusqu'à 19h.