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Au tapis, le rêve des championnes
ARRêt sur image: «Sœurs courage» de Latifa Doghri et Salem Trabelsi
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 05 - 2018


Par Samira DAMI
«Sœurs courage», le long métrage documentaire coréalisé par Latifa Doghri et Salem Trabelsi, a été projeté lors du Festival du cinéma tunisien (30 avril-5 mai) où il était en lice aux côtés de 8 autres opus.
Produit en 2017 par «Machmoum Production», ce film de 51 mm s'avère être le prolongement de leur premier long métrage documentaire, «Boxing with her» ou «B'net El Boxe» produit en 2011, et où la caméra s'est invitée dans l'univers singulier des boxeuses tunisiennes de l'équipe nationale, en se focalisant sur le quotidien et les difficultés rencontrées par les protagonistes dans un monde quasi exclusivement masculin. Le film opère un va-et-vient entre la passion pour la boxe et la vie familiale (le dehors et le dedans, l'ouvert et l'intime).
La caméra suit les huit jeunes boxeuses, les meilleures de leur génération, brosse leur portrait, révèle la passion qui les unit et se polarise sur les défis à relever par ces battantes en quête de gloire.
Championnes de Tunisie, d'Afrique et même vice-championne du monde pour l'une d'entre elles, elles luttent, également, en dehors du ring pour transcender les difficultés du dur quotidien, la violence et le regard désapprobateur d'une société arabo-musulmane machiste et conservatrice pour laquelle le corps d'une femme, sur un ring, relève de l'hyper tabou.
La société considérant que la fonction naturelle et première du corps de la femme est la procréation.
Pour tous les personnages dans «Boxing with her» (Boxe avec elle), un clin d'œil clair au film de Pedro Almodovar, «Parle avec elle», la boxe est un moyen de s'affirmer individuellement et de s'émanciper socialement.
Gagner, vaincre, connaître la gloire ce sont là leurs rêves et challenges.
Mais on peut se demander pourquoi le binôme Doghri/Trabelsi revient à la charge en optant pour un «Boxing with her 2» ou «Sœurs courage»?
La réponse des coréalisateurs est précise : «En accompagnant notre premier documentaire «Boxing with her» aux festivals de «Doha», «Rotterdam», «Oslo» et de «Sun Valley», nous avons remarqué que la plupart des questions lors des débats, tournaient autour de deux boxeuses, Marwa et Houda, alors que le film brossait le portrait de huit boxeuses. En fait, celles-ci sont des sœurs et leur relation fusionnelle n'a pas laissé le public indifférent. Nous avons trouvé dans ce rapport un grand potentiel cinématographique».
Ainsi, six ans après, le film revient sur les deux sœurs pour découvrir que l'aînée Marwa a fui clandestinement le pays pour faire carrière en France. L'aînée vit dans l'exil pour fuir un pays qui exploite son talent (championne d'Afrique) pour des misères, la cadette Houda, ayant abandonné la boxe, tente de vivre une autre aventure.
Mais elle reste marquée par le départ de sa sœur, personnage présent-absent. Le film se focalise, donc, sur le seul personnage de Marwa, ayant profondément changé physiquement car ayant «jeté les gants». Le contraste entre le corps, la passion, les défis et les rêves du personnage en 2010, puis en 2016 est manifeste, voire criant.
Le film s'ouvre sur des images tournées six ans auparavant quand les deux sœurs boxaient dans le même club, ensuite, le flash-back laisse place au présent.
La caméra se braque sur une «nouvelle» Houda, désormais fiancée et rêvant de devenir actrice. Réussira-t-elle à oublier la boxe et à vivre une nouvelle aventure ?
Rêves brisés
Il est clair qu'un plateau de cinéma rappelle, aux yeux de Houda, le ring, les lumières et la célébrité. Mais, à l'évidence, elle est plus vraie, plus naturelle et plus à sa place sur un ring, comme le lui fait remarquer le réalisateur Jilani Saâdi lors d'un casting.
Houda, n'est, donc, pas près de voir le bout du tunnel, d'autant que sa situation sociale n'a pas évolué et que sa relation avec son fiancé se détériore au fil des jours et finira dans la violence.
Victime de violence privée (son fiancé) et sociale, Houda s'enferme dans la solitude. Or, justement, «Sœurs courage» est un film-documentaire sur l'isolement, l'écrasement de l'individu, le tarissement des rêves brisés sur le tapis du destin, la frustration et la souffrance, d'où les plans façon plongés, exprimant l'étouffement.
Pour Houda, la concrétisation de l'espoir, des rêves de gloire, l'accomplissement de soi, la réussite, le succès résident, autant que pour les autres boxeuses, dans l'ailleurs, en Europe, là où leurs talents sont reconnus. Voilà qui, en arrière-plan, reflète la misère de la boxe, sous nos cieux, mise K.-O. par les dirigeants de la fédération de boxe qui gèrent mal ce sport.
En atteste la misère des salaires décriée par les boxeuses de haut niveau (120 D par mois et 10 D pour le transport, après un match de championnat d'Afrique).
Et on comprend, en fait, que le rêve latent et caché de Houda n'est pas tant de devenir actrice, mais de rejoindre, en France, sa sœur Marwa, ce personnage présent-absent, qui flotte sur le film et hante le sujet central.
«Sœurs courage» traque le réel dans un traitement moderne, le représente en posant un regard lucide et cru sur le monde de la boxe féminine. Cela, en racontant l'histoire d'un échec. Une histoire portée par une caméra fluide distillant des images expressives, adaptée au récit et au sens, où les plans rapprochés baignent dans une lumière en clair-obscur, stimulant la dramaturgie de l'œuvre en rendant parfaitement le désarroi du personnage principal qui paraît écartelé, le corps ici et l'esprit ailleurs (en France auprès de sa sœur). D'où l'exil intérieur que vit Houda, se morfondant et souffrant cette absence pesante et accablante.
Les images concoctées par Amine Messadi, Sofiène El Fani, Mehdi Bouhlel et Ramzi Ben Fredj, le son réalisé par Moncef Taleb et la musique composée par le groupe Crack de Rap, accentuent cette atmosphère délétère entre vacuité, égarement et étouffement.
Et cette tension va s'intensifiant jusqu'à la scène finale, où sur le son d'une musique rap, portée par une voix féminine, la caméra se braque sur une salle de boxe vide, inoccupée, abandonnée et inutile, car quittée par les pugilistes. Un plan exprimant, cinématographiquement, le dénuement, la vacuité, la détresse et le désarroi.
«Sœurs courage», documentaire de création nettement plus abouti, au plan de la forme, que «boxing with her», a participé à plusieurs festivals internationaux, dont «le Festival vision du réel» de Nyon en Suisse, le Festival international du film de femmes de Salé (Maroc) et autres. Il a, ainsi, raflé le prix du jury du Festival international de Louxor (en Egypte 2018) et s'apprête à participer, prochainement, à bien d'autres manifestations cinématographiques internationales.


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