Tanit d'or du court-métrage lors des JCC 2015, «Diaspora» de Alaeddine Abou Taleb a permis à son réalisateur d'aller encore plus loin dans l'aventure de l'animation. Il vient de parachever son nouveau court «Fade». On ne peut pas parler de Ala Abou taleb sans évoquer de nouveau l'excellent «Diaspora». Comment retenir le spectateur pendant 13 minutes dans un court-métrage sans musique mais seulement avec la sculpture d'une tête sans expressions faciales ? Voici le défi que relevait le film «Diaspora», produit en 2015. Un défi qui a donné beaucoup de fil à retordre à ce jeune réalisateur qui en est aujourd'hui à son quatrième court-métrage d'animation. «Diaspora» a valu à son réalisateur un Tanit d'or lors de session des JCC 2015 ainsi qu'une sélection officielle au festival international du film de Dubaï. Aujourd'hui, il revient avec un nouveau court métrage «Fade», où pendant 12 minutes, il nous entraîne dans une histoire qui n'est pas étrangère à nos us et coutumes mais aussi à nos crémages populaires. En voici le synopsis : «C'est l'histoire d'un petit homme intimidé par les autres... Une nuit, un chat noir errant l'attaque et lui vole sa nourriture. Il le pourchasse pour se venger, dans les ruelles labyrinthiques de la Médina où l'attendent des surprises imprévues». Réalisé à partir d'une technique d'animation 2D mais pour la première fois pratiquée en Tunisie, à savoir une animation purement digitale, «Fade» installe déjà un univers particulier dès ses premières images et son décor très particulier qu'on connaît pourtant, puisqu'il s'agit de la Médina de Tunis. Mais c'est une Médina presque onirique dans son décor nocturne et ses ruelles étroites où les chats sont rois. Voici les décors où évolue l'histoire de ce petit bonhomme et de ce chat noir. Dans son traitement, le film accorde beaucoup d'importance à l'évolution du personnage dans le décor. Pas de dissonance graphique ni sonore d'ailleurs. L'univers sonore réalisé par Moncef Taleb enveloppe ce monde particulier issu de nos proverbes et ne le lâche pas d'un iota. Les ambiances vacillent d'ailleurs entre les bruits de la ville et la «respiration mentale» interne du personnage. C'est dans cette concomitance juste entre le choix du son, du style graphique et de la mise en image que Ala Abou Taleb a réussi son défi dans ce film sur une idée et un story board de Aymen Mbarki, un développement de Abir Gasmi, et des arrière-plans de Walid Chagway. Le proverbe tunisien dit «comme un chat noir ! Si on le frappe on tombe sous sa malédiction, si on le laisse, il mange notre pitance !». C'est à partir de là que le film a pris naissance, selon son réalisateur. «Ce film est très différent dans son écriture par rapport à mes films précédents. L'idée m'est venue lorsqu'un ami m'a parlé de ce proverbe. Je me suis dis alors qu'il était temps que l'animation traite notre patrimoine et notre réservoir de proverbes». Pourquoi le choix de l'animation ? «Parce qu'à l'origine, je suis dessinateur et plasticien. J'essaie de visualiser mes idées avec beaucoup de détails et j'ai trouvé que le médium qui m'offre le plus d'espace de liberté, c'est l'animation, dit le réalisateur. En tant que cinéaste qui maîtrise les arts plastiques, je peux exprimer tout ce que je veux. Cela ne m'empêche pas de réfléchir à un long métrage de fiction avec de vrais personnages».