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Palestine : cessons de nous leurrer
Commentaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 05 - 2018


Par Azza Filali
Annoncer le transfert de l'ambassade US à Jérusalem en décembre dernier. Inaugurer ladite ambassade le 14 mai, jour anniversaire des 70 ans de la création de l'Etat d'Israël. D'un côté du mur, la fille Trump, poupée Barbie grandeur nature, inaugure et festoie. De l'autre côté du mur, soixante-trois morts et 2.700 blessés palestiniens ont un peu gâché la fête du sieur Netanyahu. D'ailleurs, même les Israéliens se sont demandé ce que faisaient tous ces gamins palestiniens sur le front ? Leurs mères manquent-elles à ce point de sentiment pour placer leurs enfants en avant ? Quels êtres étranges, ces Palestiniens ! Sont-ils d'ailleurs des êtres ou quelques humanoïdes, accablés d'une tare génétique inconnue ?
Tenons-nous à distance du chagrin et de l'indignation. L'histoire avance, dépourvue d'états d'âme. Le malheur du peuple palestinien vient s'ajouter à celui d'autres peuples qui se sont trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment : n'y a-t-il pas eu Hiroshima et Nagasaki ? N'y a-t-il pas eu le gazage des Vietnamiens par les Américains ? N'y a-t-il pas eu le génocide rwandais et, avant lui, la tuerie du peuple kurde par les Ottomans ? Combien de civils innocents tués sans raison? Tout ceci procède d'une logique implacable : celle de l'histoire mouvante des peuples et des territoires.
Cessons de nous leurrer : Israël est un état colonialiste et agit comme tel. Il a chassé les Palestiniens de leurs terres, les a confinés dans des camps (de concentration...) et ce soixante dixième anniversaire qui a éclaboussé de sang la fête de « Trumpette » fille, est l'anniversaire de soixante-dix ans de bonne et loyale colonisation. Cet Etat que certains Occidentaux qualifient comme étant la seule démocratie du Moyen-Orient est le seul dont la constitution ne fixe pas les limites d'un territoire en expansion permanente. Le seul à ne considérer comme citoyens israéliens que les juifs. Le seul qui a rejeté les Palestiniens dans la bande de Gaza, leur imposant d'innombrables check-points, qui transforment leur quotidien en un enfer renouvelé.
Cessons de nous leurrer : depuis 1948, Israël est le flic du Moyen-Orient. Flic de ces messieurs les Anglais qui préfèrent l'existence d'un «Etat-tampon » au centre d'une région sensible. Flic des US, qui veulent mettre la main sur le pétrole en faisant profiter leurs chères multinationales des bénéfices des ventes. Lorsqu'en 1953, l'Iranien Mosadek déclara qu'il serait plus « normal » que les bénéfices de la vente du pétrole soient fructifiés en Iran, il a été limogé en un tour de main et remplacé par une implacable dictature, celle de Reza Pahlevi, autoproclamé Shah d'Iran. Après tout, l'Amérique ne peut pas faire la guerre partout et tout le temps : après l'Irak et la Syrie, il est temps que les boys se reposent et que quelqu'un d'autre veille au grain. Et puis l'alibi des armes chimiques, utilisé deux fois de suite, commence à prendre un goût de mauvaise farce! Entre-temps, le précieux « état-flic » garde un œil sur l'Iran, la Turquie, la Russie. Mais, comme tout service mérite salaire, la bonne Amérique verse chaque année trois milliards de dollars d'aide militaire à celui qu'on appelle le 51e Etat des US, et qui est aussi presque européen (vainqueur du concours de l'Eurovision, le 12 mai dernier...)
Cessons de nous leurrer ! Ces Européens si prudes, qui rivalisent de déclarations dénonçant l'horreur commise le 14 mai, sont les mêmes qui approvisionnent Israël en armes, bombes et munitions. Les groupes français Lagardère et Dassault ont Israël en bonne position sur leur carnet de commandes. Qui sait ! Parmi les soixante morts du lundi 14 mai, certains l'ont sans doute été par des cartouches ou des fusils «made in France or In Great Britain». Voilà pourquoi, mardi 15 mai, le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a fui le parlement, préférant éviter les questions déplacées de certains députés sur les événements de Gaza.
Entre-temps, à Washington, Trump peaufine sa charte de coexistence entre Palestiniens et Israéliens : Jérusalem capitale d'Israël, le territoire d'Israël conforme à son étendue actuelle. Aucun retour possible pour les réfugiés palestiniens, car la Palestine n'aura, pour profiter de la vie, que l'étroite bande de Gaza. Voilà pour la charte, celle-là même que Hassen Nasrallah exhorte les différentes factions palestiniennes à ne pas signer. Mais ce n'est pas une signature qui arrêtera le cours de l'histoire.
Il est un fait : la roue de l'Histoire a tourné et ne reviendra pas en arrière, aussi bien pour les Occidentaux que pour les Arabes. Le mythe du nationalisme arabe a vécu. Après le bref élan impulsé par Nasser, il n'est plus qu'une expression creuse, juste bonne à agiter, tel un encensoir, aux réunions vieillottes de la Ligue arabe. Les Etats arabes sont des individualités distinctes, veillant chacune à ses intérêts, et obéissant au maître qui la protège et la finance. Désormais, la Palestine et ses réfugiés sont devenus une présence encombrante et inopportune. Hormis le Hamas et l'Iran (qui n'est pas un Etat arabe), personne dans la région ne se préoccupe du sort des Palestiniens. Certains (telles la l'Arabie Saoudite ou la Jordanie), rangés sous bannière américaine, en viennent même à les combattre.
En vérité, le sort de la Palestine n'est ni entre les mains des Etats voisins, ni chez Trump ou son successeur. Dans le réseau complexe d'alliances et d'intérêts qui a mené Israël à la place qu'il occupe aujourd'hui, d'insidieux changements sont en cours. D'abord et avant tout, l'importance accordée au pétrole. Avec les énergies renouvelables, et la tendance écologique qui infiltre de plus en plus la planète, il est fort à parier que l'or noir verra son exclusive puissance se dissiper peu à peu au cours des cinquante années à venir. Dès lors, le flic du pétrole, risque de voir sa cote dégringoler auprès des Occidentaux.
Autre élément vers lequel on s'achemine, quoi qu'on en dise : la paix au Moyen-Orient. De tout temps, les guerres s'allument puis s'éteignent un jour. Même les plus haineuses, même les plus acharnées. La guerre de cent ans n'a duré que cent ans. Dans cette région du monde, Irak et Syrie, éprouvés par des années de combat, n'aspirent qu'à se reconstruire et se remettre à vivre. Iran et Turquie, soucieux de maîtriser des populations de plus en plus vigilantes et réactives (qu'on pense aux gigantesques manifestations à Téhéran et Istanbul, en réaction aux événements du 14 mai) continueront de s'épier dans une guerre froide qui dure depuis des lustres, mais, échaudés par ce qui vient de se passer à leurs frontières, ils éviteront soigneusement tout conflit armé.
Troisième donne, déjà présente : il s'agit de ce nouveau terrorisme qui attaque l'Occident, actes individuels, qui peuvent frapper n'importe qui, n'importe quand, n'importe où. Qui peut affirmer que le terroriste tchétchène (naturalisé français) de la dernière attaque à Paris n'a pas agi en réaction aux frappes françaises sur la Syrie ? Cette menace qui pèse sur tous les pays occidentaux aura pour conséquence ce que l'on voit déjà venir : des frontières de plus en plus verrouillées aux étrangers, un repli sur la sécurité intérieure, et une extrême retenue lorsqu'il s'agira d'effectuer des frappes hors frontières. Pour la bonne cause, celle du Bien et de la Sécurité... (Le bien et la sécurité de qui, au juste ?)
Face à toutes ces nouvelles donnes, les banquiers juifs qui contrôlent la politique américaine auront sans doute plus de peine à dicter aux présidents successifs l'absolue nécessité de protéger Israël. Et comme toujours, l'Europe suivra... Le 14 mai dernier, Benyamin Netanyahu a savouré une de ses plus belles victoires; elles ne seront pas infinies. La roue du temps (et de l'argent) tourne, indifférente au bien et au mal, peu soucieuse des vies qu'elle écrase sur son passage.


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