Le football est un jeu interprété individuellement. Avec le même maillot, le même système de jeu, les mêmes coéquipiers et le même entraîneur. Et après ses années d'exercice dans ce métier de sélectionneur, Nabil Maâloul continue à laisser ces profils individuels dicter le visage de son collectif. Ainsi, à quelques jours du Mondial et de son premier match face à l'Angleterre, le processus continu de construction collective des camarades de Ben Youssef transforme encore ces matches amicaux en visites officielles de ces profils et variations. Vendredi soir, Nabil Maâloul rendait visite à Bronn, Ben Youssef Syam, Ben Youssef Fakhreddine, Khaoui (encore ?) Ben Amor. Le brassard fièrement accroché, Ferjani Sassi semblait faire office de guide. Ce fut une opposition physique, ponctuée par quatre buts pour les deux équipes. Pourtant, le onze national a répondu aux trois défis du manuel de la construction offensive : de la vitesse, de la circulation de balle, de l'avancée positionnelle dans le camp adverse, et enfin du mouvement dans l'animation. Ce n'était pas forcément le cas avec l'équipe de Tunisie du Polonais Kasperczak. Il faut donc le souligner et s'en réjouir surtout dans l'animation offensive, mais pas dans l'animation défensive. Encore des défaillances à gogo, très visibles face aux Portugais et aux réservistes turcs. Bien évidemment, et ce n'est pas une surprise après ces années de l'ère Nabil Maâloul, il faut rappeler que ces défis sont soulevés par le choix des joueurs plutôt que le choix du jeu. Le rôle ambigu de Ferjani Sassi Ce sera le grand défi de la phase des poules face à l'Angleterre, la Belgique et le Panama : la vitesse dans le contrôle du ballon. Les camarades de Ali Maâloul devront montrer une possession aboutie pour dominer le temps du match. Un problème grave face au Portugal et maintenant face à la Turquie et du savoir-faire pour défendre avec le ballon et diminuer les situations dangereuses. Mais pour se mettre à l'abri le plus tôt possible, il faudra surtout une circulation de balle rapide pour déséquilibrer le bloc adverse et une bonne migration défensive. A notre avis, il faut accélérer pour pouvoir mettre le ballon plus vite sur les côtés. Il y a eu Skhiri et Badri, les deux joueurs font de la vitesse et ont été les deux outsiders du milieu face à la Turquie. Ferjani Sassi a été encore une fois transparent. Certes, il a marqué un but heureux, mais il doit jouer plus pour l'équipe et non pour lui. Selliti est devenu aussi moins collectif en l'absence de Youssef Msakni et Khazri. La défense a encore été le talon d'Achille en dépit de la forme affichée de Syam Ben Youssef. Il a été impérial mais Meriah et Maâloul ont paru fatigués et timides. Ce duo a joué long durant tout le match. Les deux joueurs n'ont pas apporté les solutions pour jouer simple et précis. De son côté, Badri a encore marqué son but. Il vient toujours par derrière pour surprendre ses adversaires. Le «Sang et Or» a offert sa science de la possession et son courage dans la conservation. Il a été aidé par Skhiri avec sa discipline et ses atouts : sérieux dans ses remises, intelligent dans ses déplacements et dangereux dans la surface adverse. Nabil Maâloul doit trouver une stratégie pour rendre sa défense plus rigoureuse. Il faut rappeler que Naguez a encore une fois confirmé ses limites. Responsable du but encaissé face au Portugal, il récidive face à la Turquie. Il a été incapable de bloquer cette balle fatale qui a permis à la Turquie d'égaliser à la 89' du match. Enfin, le gardien tunisien Moez Hassen a encaissé quatre buts. Il doit être plus vigilant. Bref, nos joueurs devront se servir de ces matches amicaux pour rectifier le tir et non pour se faire des éloges parce que le plus dur sera le Mondial 2018.