Malgré la crise des caisses sociales, les retraités exigent une augmentation de leur pension de retraite Tous les moyens sont bons pour le gouvernement pour désamorcer une crise d'une acuité inédite, celle des caisses sociales en manque de liquidités. Les réformes, pourtant urgentes de ces caisses, sont toujours renvoyées aux calendes grecques. A défaut d'un consensus qui prendrait en considération la difficile conjoncture socioéconomique du pays, le gouvernement n'a pas hésité à s'attaquer au maillon faible de la chaîne : les retraités de la fonction publique. En effet, les retraités sont soumis à la contribution solidaire de 1% selon l'article 53 de la loi de finances 2018 au moment où ils sont privés des augmentations en raison de la non-application de l'accord conclu entre le gouvernement et l'Ugtt en mai 2017. Comme un malheur ne vient jamais seul, le pire a été évité de justesse à la fin du mois d'avril dernier et le versement des pensions des retraités a été effectué in extremis, confirmant ainsi ce choix frustrant du gouvernement qui consistait à s'attaquer à ce maillon faible après avoir subi un échec cuisant dans la lutte contre la corruption, l'évasion fiscale et la gangrène du secteur informel pour redresser une économie en chute libre. L'un des retraités, croyant encore au père Noël, s'est adressé dernièrement au siège de la Cnrps muni de tous les documents qui attestent de son droit à une majoration de salaire, mais le responsable qu'il a rencontré lui a bien expliqué que la Caisse passait par une crise et qu'en raison du manque de liquidités, toutes les augmentations sont actuellement suspendues. Ainsi, après tant d'années de travail et de cotisation, les retraités sont en train de payer fort le prix du dilettantisme et de la politique politicienne de la troïka après la révolution. «Aujourd'hui, l'Etat est en situation de faillite, il est incapable d'honorer ses engagements et les pensions des retraités ne sont plus payées en temps requis», avait souligné le professeur Mahmoud Ben Romdhane lors d'une conférence donnée à Beit El-Hikma à Carthage en mai dernier, à l'occasion de la présentation de son nouveau livre «La démocratie en quête d'Etat». Si aujourd'hui on est dans une situation de cessation de payement, c'est parce qu'il n'y a pas d'Etat, c'est parce que la démocratie est en quête d'Etat et la démocratie ne peut pas longtemps survivre quand elle n'est pas accompagnée de prospérité, a-t-il ajouté. Rêver d'une retraite digne en Tunisie n'est plus permis. Le gouvernement persiste dans l'erreur et refuse de faire amende honorable et de s'attaquer frontalement aux maux dont, primordialement, la mauvaise gestion dans le secteur public jugée pire que la corruption en terme de dégâts subis selon Kamel Ayadi, président du Haut comité de contrôle administratif et financier (Hccaf) . Dans sa rencontre avec un groupe de retraités du Grand -Tunis venu demander le soutien de l'Ugtt pour appuyer leurs demandes, le secrétaire général Noureddine Taboubi a tenu à les rassurer, leur expliquant que ce point figure parmi les raisons du différend existant entre l'Ugtt et le gouvernement, selon un communiqué publié au début de ce mois par la Fédération générale des retraités. Une journée nationale de colère sera organisée le 27 juin prochain au cas où les demandes des retraités ne seraient pas satisfaites, a décidé la partie syndicale dans ce même communiqué.