Les nombreux gouverneurs, délégués et conseils municipaux qui se sont succédé n'ont pas réussi à résoudre le casse-tête de la circulation dans la ville de l'Ariana. S'il est pressé, tout automobiliste qui se respecte n'a qu'à suivre ce petit, mais ô combien précieux conseil: pas question, alors là pas question de s'aventurer au cœur de la ville de l'Ariana. Un conseil d'autant plus inestimable qu'une fois tombé dans l'oreille d'un sourd, il ne le regrettera jamais assez. Exagération ? Vous n'y êtes pas, car il suffit seulement d'en faire l'amère expérience pour en avoir le cœur net. Et c'est simple comme bonjour : où que vous soyez dans les principales artères de cette ville, de 7 heures du matin jusqu'à avant la rupture du jeûne, d'asphyxiants goulots d'étranglement font la loi et rendent la vie dure aux pauvres automobilistes qui ne savent plus à quel saint se vouer. C'est que, comble de malheur, un goulot en appelle un autre, et on n'en sort plus, si intelligentes et audacieuses soient les acrobaties entreprises désespérément par un automobiliste à ses risques et périls. «Pour tous les trésors de la terre, je refuse catégoriquement toute course à destination de l'Ariana-ville», tempête un taxiste non encore remis, selon ses dires, des douloureuses mésaventures qu'il y avait vécues. Un vieil Arianais affirme avoir déniché la formule idoine qui consiste à laisser sa voiture dans son garage pour prendre le métro. «Comme ça, moins de stresse et moins de perte du temps» note-t-il, visiblement ravi de cette «trouvaille»... C'est surtout dans l'avenue Habib-Bourguiba qui se prolonge de la Nouvelle Ariana jusqu'à la place de Sidi Ammar, et celle de Taïeb-Méhiri qui lui est adjacente, que circuler est synonyme d'enfer. Et cela pour les raisons suivantes : le stationnement anarchique des véhicules le long (tenez-vous bien) des deux trottoirs, alors que l'exiguïté de ces deux grandes artères ne le tolère pas, le nombre très réduit des feux de signalisation, le trafic des camions et camionnettes qui paralysent la circulation, afin d'y effectuer les opérations de déchargement de la marchandise devant les innombrables établissements commerciaux (restaurants, cafés, dépôts...), l'invasion désastreuse des taxis collectifs (ennakl errifi) qui, en toute impunité, font, jour et nuit, comme bon leur semble, en sillonnant ces deux artères principales où il n'est pas rare de les surprendre en train de garer leurs véhicules n'importe où, n'importe comment et n'importe quand, et l'absence inexplicable des agents de la circulation qui ne s'amènent que lors des heures pointe. Un calvaire qui date... Ce qui est encore incroyable, c'est que ce calvaire quotidien auquel participent également les bus a de vieux os, puisqu'il perdure depuis voilà deux bonnes décennies. Les nombreux gouverneurs, délégués et conseils municipaux qui se sont succédé, depuis, avaient tous fait chou blanc dans leur recherche désespérée d'élucider cette énigme. Et pourtant, la mairie avait, à la fin des années 90, annoncé «triomphalement», l'élaboration d'un projet spécialement conçu pour le décongestionnement de la circulation au centre-ville. Des commissions impliquant toutes les parties prenantes ont été même créées et s'y sont attelées. Hélas, il a fallu vite déchanter, ce projet audacieux et qui a ravi tout le monde, étant fatalement tombé à l'eau dans le sillage de la fin du mandat du conseil municipal de l'époque! La future équipe municipale réussira-t-elle là où les autres ont lamentablement échoué? Autrement dit, le «miracle» aura-t-il lieu? Wait and see...