La visite guidée nocturne au musée du Bardo, organisée, récemment par l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle (Amvppc), en partenariat avec la direction du musée du Bardo, au profit des journalistes, s'inscrit dans le cadre de la célébration des 130 ans de la création du Musée national du Bardo et de la promotion du patrimoine national auprès des Tunisiens. Une déambulation animée par le guide Azza Mraïhi a permis aux visiteurs de replonger dans le Mouthaf Al Alaoui, première appellation du musée national du Bardo avant l'indépendance de la Tunisie. Plusieurs célébrités ont visité le musée, en l'occurrence Tito, ex-président de la Yougoslavie, la reine Elisabeth 2, l'ex-président français François Hollande. Tout cela pour rappeler l'importance et la valeur historique et archéologique de ce musée qui renferme 3.000 ans d'histoire. Appelé communément «Dar Laâjeyeb» (la Maison des curiosités ou étrangetés), cet ancien palais beylical hivernal devenu il y a 130 ans le musée du Bardo à l'instar du musée Prado à Madrid réunit la plus grande exposition de mosaïque au monde, environ 5.000 mètres carrés. Driba ou l'allée cavalière où les chevaux étaient stationnés de part et d'autre, patio, galeries et chambres ont été transformés en salles d'exposition regroupant de riches collections d'œuvres antiques et d'expositions d'art contemporain. Les ouvrages exposés proviennent de différentes civilisations qui se sont succédé sur le sol tunisien représentant les trois religions monothéistes et les différents styles d'architecture : baroque, italien, andalou, mauresque. A noter que Carthage a été une grande métropole de l'Antiquité punique, romaine ou vandale. D'ailleurs, le patio renferme des sculptures entre autres Vénus, Bacchus, Faustine l'épouse de l'empereur Marc Aurèle, etc. provenant du site de Carthage. La restauration des sculptures, est réalisée en étroite collaboration avec le musée du Louvre. Les mosaïques romaines et byzantines provenant de plusieurs sites dont celui d'Oudhna, Chebba, Dougga sont de véritables trésors et n'ont pas d'équivalent ailleurs. Elles représentent entre autres les cycles de la vie, Ulysse et les sirènes, Neptune et les quatre saisons, la mosaïque d'Ikarios, la mosaïque illustrant Al Qods, Bethléem, etc. On peut également apprécier des ouvrages rares comme des parchemins dont celui de la Thora, un Baptistère romain, des représentations en pierre du sacrifice d'Abraham, Eve et Adam. L'une des pièces abrite des céramiques ottomanes et de la monnaie de Raqada. Des expositions temporaires Outre les expositions permanentes, le musée du Bardo accueille des expositions temporaires archéologique et historique dont une qui se tient depuis le mois de mars 2018 et se termine en septembre 2018. Ce sont des pièces en pierre avec des inscriptions latines découvertes dans les sites tunisiens par le chercheur italien Giovanni Panni qui a transporté la collection en Italie où elle a été exposée à Florence et Rome. L'ambiance nocturne a mis en valeur, grâce à un éclairage approprié, les différentes collections archéologiques représentant divers époques et styles d'art qui se chevauchent et s'entrechoquent pour le plus grand bonheur des visiteurs. Logée dans le petit palais, l'exposition temporaire « Bacchanales » ouverte au public du 8 au 22 juin 2018 est un prototype de médiation numérique à travers un dispositif d'art vidéo. «L'objectif étant de rallonger le temps de visite dans le musée et de le rendre plus ludique et plus agréable», explique Hatem Drissi, l'un des initiateurs de ce projet. Il s'agit d'une médiation sur une collection appelée « l'épave de Mahdia». Il s'agit d'une fouille sous-marine, de l'année 1907, d'une épave découverte au large de Mahdia. Le choix du prototype, un vase qui est un chef-d'œuvre de la Méditerranée sur lequel a été exécuté un projet augmenté consistant à représenter une scène mythologique sur le vase avec les techniques audiovisuelles de Design Lab. La simulation du registre des instruments de l'époque en plus de l'animation des personnages ornant le vase invitent le spectateur à vivre une expérience sonore inédite en voyageant ainsi à travers le temps pour découvrir les coutumes des populations de l'antiquité gréco-romaine. Ce projet est réalisé en collaboration avec l'Agence du patrimoine et subventionné par l'ambassade des Pays-Bas. Le musée du Bardo propose donc une gamme de nouveaux produits pour attirer les visiteurs dont l'exécution du circuit traditionnel est devenue obsolète. Enrichi d'expositions temporaires, le musée offre aussi une aire de repos et de détente : un nouveau café installé dans le jardin andalou, un restaurant et des boutiques d'artisanat. Toutes ces nouveautés ont pour objectif de prolonger la visite et de transformer le musée en un lieu agréable à la fois éducatif et culturel. Actuellement, le musée n'est pas ouvert pour les visites nocturnes mais «nous y penserons sérieusement», a confié Kamel Al Bchini, directeur général de l'Amvppc.