Par Jalel Mestiri «Qui ne risque rien n'a rien», comme dit le proverbe. Une équipe qui prend des risques avance et grandit. C'est sûr qu'il était difficile à la sélection de faire face à un adversaire qui lui était supérieur à plusieurs niveaux, dans un contexte hautement contraignant. Mais on aurait aimé que Maâloul et ses joueurs ne se disent pas finalement que c'était trop bête de ne pas avoir essayé. Au fait, comment concilier l'intérêt que peuvent présenter la prise de risque, la liberté de chacun et la sécurité de toute l'équipe ? Certainement en adoptant une démarche raisonnée... Gagner ou encore faire match nul devant l'Angleterre relevait quelque part du miracle. La sélection est tombée dans le panneau et elle l'a fait les yeux grands ouverts. Elle est tombée tête baissée parce qu'elle a cédé à ce que son adversaire espérait. Il existe d'autres formes de défendre que de subir et refuser le jeu. C'est pourtant l'histoire d'une équipe de Tunisie qui tombe et qui, au fur et à mesure de sa chute, se répète sans cesse. C'est une histoire assez incroyable que seuls l'inaction et le fatalisme peuvent proposer. C'est dans le vide de la pensée que naît la passivité. Si le système conçu était compliqué dans son principe dès le début du match, il était impossible dans sa mise en œuvre pendant les différentes péripéties de la rencontre. L'absence d'une stratégie aux contours bien définis et porteuse d'un projet de jeu motivant n'avait pas sa raison d'être. Ni dans la tête du sélectionneur ni dans la tête de ses joueurs. Ni proximité ni adversité. Il est un fait qu'une sélection a besoin d'audace, il est un fait que les joueurs ont besoin de liberté d'action. Avec le principe de précaution, rien n'est définitif. Lorsqu'il est appliqué, les joueurs continuent de travailler pour approfondir leur jeu. Si certains veulent faire croire que la prise de risque n'existe pas, ou que les conditions d'une épreuve comme la Coupe du monde la font disparaître, les interdictions ne doivent pas être excessives. Le résultat n'est qu'un chiffre. Tout est dans la tête. Nous espérons que les joueurs et leur entraîneur ont pris la mesure de la gravité de cette manière injustifiée et incompréhensible de refuser le jeu. Car on ne peut pas passer sous silence la réalité des formes de dérives et de manquements qui ont germé tout au long d'un match, dans un terreau où plusieurs parties prenantes ont leur grande part de responsabilité. L'enlisement est collectif, partagé. On a l'impression que certains n'ont pas une grande idée de ce que doit représenter une Coupe du monde. Une sélection de façon générale. Paralysés dans tout ce qu'ils devaient entreprendre, les différents acteurs ont visiblement laissé de côté toutes les vertus du football, celles qui font les grands joueurs, les grands entraîneurs, les grandes équipes. Celles qui favorisent les performances, les exploits et les consécrations... Maintenant et tout en étant respectueux de ce que chacun peut apporter à l'équipe, il est temps de comprendre qu'on ne peut être bon et performant que dans les choix les plus indiqués et les plus compétitifs. La sélection est dans l'obligation de chercher sa force dans le collectif plus que dans les individualités. L'utilité plus que les noms. En football, le meilleur acte de remise en cause doit être avant tout un choix collectif. Il s'agit de trouver les meilleures options techniques et la façon de penser le football tel qu'il doit être exprimé. Aujourd'hui, les priorités devraient changer. On exige moins de restriction dans le jeu. Est-ce que c'est là que pourrait résider tout le renouveau de la sélection ? La possibilité de se confronter à une vision radicalement différente du football déjà pratiqué ? Il n'y a qu'une seule réponse : découvrir autre chose ...