«Loin de l'exotisme, cette exposition révèle tout simplement le revers de la médaille» Depuis samedi dernier, sur la route principale de Ouled Bou Ali à Kerkennah, en face du cimetière, est posée, sur une chaise de couleur rose, une pancarte affichant «Insulaire 00/ Exposition». La plasticienne Nadya Zarrougui, kerkenienne du côté de sa mère, a ouvert la maison familiale au public pour faire découvrir une partie de l'œuvre photographique de son oncle. Une action forte en symboliques. «Najib Bousabbeh, né le 14 novembre 1952 à Kerkennah, est photographe, peintre et sculpteur et a étudié à l'université de Tunis. En 1972, il est parti en France pour étudier le cinéma à Paris 8. Il a entre autres exposé au Centre Pompidou - Musée national d'art moderne à Paris». En quelques mots, Nadya Zarrougui présente son oncle dont les photographies investissent le salon et les murs de la maison qui accueille «Insulaire 00». Des clichés en noir et blanc, retraçant différentes périodes des séjours de l'artiste en Europe, où il filme des rues, des visages, des paysages et des scènes de vie de Paris ou de Madrid. Un travail aussi intéressant qu'inconnu et que Nadya Zarrougui a voulu faire découvrir aux visiteurs de l'île — entre autres ceux venus pour le festival Kerkennah 01 —, comme elle a été surprise de la découverte de cet aspect du parcours de l'artiste qu'elle ne connaissait pas. Une partie des photographies de l'exposition a été prise à Kerkennah en 2008 et expose un côté moins glorieux du paysage de l'île, celui de la pollution et de la négligence. Là s'affiche le message de Nadya Zarrougui à travers cette exposition éphémère, qui aura duré moins d'une semaine. «Insulaire 00» vient en effet en réponse à ceux qui exotisent Kerkennah mais surtout à ses propres habitants, en proie au laxisme et au laisser-aller. «Je voulais montrer à tous que si l'on veut agir, il suffit de prendre l'initiative. Que si l'on a la volonté, on trouve le moyen, on peut même exposer chez soi !». Elle a fait connaître cet événement à travers facebook et «de bouche à oreille, Insulaire 00 a attiré des artistes et des gens intéressés par ce qui se passe réellement à l'île!», décrit-elle. Nadya Zarrougui déplore également un manque de conscience de la part de certains habitants qui exploitent les richesses de l'île sans penser aux futures générations et sans prise en compte de l'impact sur l'environnement. «Loin de l'exotisme, cette exposition révèle tout simplement le revers de la médaille», explique-t-elle.