En s'adressant aux investisseurs du secteur pharmaceutique, le chef du gouvernement a affirmé que le gouvernement est prêt à entreprendre toutes les mesures nécessaires et exigées par les professionnels, notamment du secteur privé, à condition de signer un pacte sectoriel sur la base d'un contrat par objectifs qui engage les deux parties Le chef du gouvernement a donné, hier, à Hammamet, le coup d'envoi officiel au Forum médical de Réalités qui traite d'un thème de grande actualité : l'industrie pharmaceutique face à ses défis. Cet événement était l'occasion pour de nombreux industriels tunisiens du secteur pharmaceutique ainsi que les représentants de toutes les autres parties prenantes dont l'administration concernée par ce secteur de débattre de ses principaux enjeux et de ses perspectives. Le chef du gouvernement a entamé son allocution d'ouverture en rappelant que l'accès à la médication est un droit constitutionnel et qu'il est étroitement lié au droit à la santé. De ce fait, le secteur de l'industrie pharmaceutique revêt une importance cruciale et est un secteur potentiellement compétitif. Youssef Chahed a assuré que les réformes au sein du secteur pharmaceutique figurent parmi les priorités du gouvernement, étant donné qu'il impacte d'une manière directe la société tunisienne sur deux plans, à savoir le plan sanitaire en assurant l'autosuffisance en médicaments, mais également sur le plan économique en contribuant à l'amélioration de la balance commerciale et de l'investissement. Ainsi, un manque au niveau de l'approvisionnement en médicaments ouvre la voie au commerce parallèle des médicaments où les normes sécuritaires, sanitaires et hygiéniques sont quasi absentes et qui de ce fait menace aussi la paix sociale », a-t-il souligné. Encourager les fabricants locaux Se voulant rassurant, Youssef Chahed s'est adressé aux investisseurs du secteur des médicaments leur affirmant que le gouvernement est prêt à entreprendre toutes les mesures nécessaires et exigées par les professionnels, notamment du secteur privé, à condition de signer un pacte sectoriel qui engage les deux parties signataires, le gouvernement et son partenaire privé, à atteindre ensemble les objectifs préalablement fixés. Par ailleurs, le chef du gouvernement a affirmé que le secteur de l'industrie pharmaceutique est en plein essor, néanmoins une véritable expansion du secteur est freinée par de multiples problèmes qui s'articulent autour de trois axes, essentiellement celui relatif à la politique de fixation des prix des médicaments, qui nécessite une réforme structurelle de la démarche actuelle. En effet, les modalités actuelles de fixation des prix des médicaments font intervenir plusieurs parties induisant une divergence au niveau des critères de fixation des prix, ce qui s'illustre par des différences patentes au niveau des prix des médicaments importés et ceux qui sont fabriqués en Tunisie. Youssef Chahed a indiqué que le gouvernement a, déjà, entamé des réformes touchant cet axe, pour faire bénéficier les fabricants locaux d'une discrimination positive dans le cadre des appels d'offres internationaux. Vers la création d'une agence tunisienne des produits médicamenteux Un autre volet, sur lequel ont insisté non seulement le chef du gouvernement mais également les protagonistes du secteur, est celui de la restructuration des organismes qui chapeautent et qui organisent le secteur des médicaments en Tunisie. A cet égard, le chef du gouvernement a annoncé que le gouvernement travaille actuellement à instaurer une agence tunisienne des produits médicamenteux, à l'image des pays occidentaux où le secteur pharmaceutique est régi par des agences de tutelle. Il a annoncé qu'au niveau législatif et financier, les avancées sont jusque-là considérables, se faisant au rythme souhaité pour activer le lancement de cette nouvelle structure, parallèlement à l'élaboration d'une stratégie nationale qui vise à promouvoir les exportations des médicaments. Aussi, le chef du gouvernement a souligné que la promotion du secteur nécessite, également, la simplification des procédures en vue de réduire les délais d'octroi des autorisations de mise sur le marché (AMM), et ce, pour accélérer les procédures de commercialisation des médicaments produits localement, mise à part la révision des critères de sélection des demandes de mise sur le marché tunisien qui sont assurés par le Laboratoire national du contrôle des médicaments. Pour souligner le rôle pionnier des précédentes générations dans la fondation du secteur et l'édification d'une industrie sophistiquée qui répond aux normes de qualité à l'échelle internationale, Youssef Chahed 7a rendu hommage au corps médical tunisien, notamment les médecins et les pharmaciens. À cet égard, il a précisé que depuis les années 90, le secteur de l'industrie pharmaceutique est en continuelle croissance à un rythme soutenu à raison de 11% par an, et ce, grâce à un environnement d'affaires très favorable caractérisé par des incitations législatives et financières. Etant une industrie stricte sur le plan normatif et qualitatif, la Tunisie n'a pas épargné les efforts pour s'aligner sur les normes de qualité européennes et internationales. En effet, le secteur de l'industrie pharmaceutique est un secteur hautement compétitif et à grande valeur ajoutée qui est constituée de 43 unités de production médicamenteuse, employant environ 6500 personnes avec un taux d'encadrement qui dépasse 40% et qui couvre 50% des besoins du marché local en médicaments. Le volume d'investissement dans ce secteur dépasse les 500 millions de dinars, quant aux recettes d'exportation elles se situent à environ 100 millions de dinars. Tous ces indicateurs, qui ont été évoqués par le chef du gouvernement durant son allocution d'ouverture, dénotent un potentiel sous-exploité, sur lequel le gouvernement travaille pour passer à un niveau productif supérieur. Un secteur menacé De son côté, Taïeb Zahar, président du Forum, a souligné que le secteur de l'industrie pharmaceutique est actuellement menacé, malgré les considérables exploits réalisés en la matière. L'instabilité politique, la crise économique, les tensions sociales et les conflits d'intérêts ont largement contribué à cette situation de crise, a-t-il fait savoir. Il a précisé que le colloque est une occasion propice pour les échanges entre les autorités de tutelle, notamment l'administration tunisienne, et les protagonistes du secteur de l'industrie pharmaceutique, afin de débattre des principales entraves qui freinent une véritable envolée du secteur et de faire les recommandations nécessaires en matière d'investissement, d'exportation et de développement. A cet égard, il a précisé que les dernières décisions prises récemment par l'administration tunisienne suscitent un véritable désenchantement des investisseurs tunisiens qui les trouvent franchement hostiles. Etant un secteur potentiellement compétitif et prometteur, l'industrie pharmaceutique pourrait être l'un des principaux moteurs de la croissance et de la création d'emplois, surtout en cette période de crise économique. Zahar a, par ailleurs, appelé les opérateurs tunisiens à établir davantage de partenariats gagnants-gagnants avec des homologues étrangers, notamment pour ce qui concerne le transfert de technologies et l'innovation. Il est à noter que la deuxième et dernière journée du forum se tiendra aujourd'hui ; les recommandations issues des débats serviront, a priori, de socle d'études et de réflexion pour les prochaines réformes.