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Caroline Brac de La Perrière : « La diversité nous enrichit »
Rencontre avec... La directrice du Fonds pour les Femmes en Méditerranée
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 07 - 2018

Fondatrice du Fonds pour les femmes en Méditerranée, Caroline Brac de La Perrière est historienne et psychologue de formation. Dix ans après la mise sur pied de cette organisation, elle continue, avec la même énergie et la même passion, à représenter la cheville ouvrière du FFMed.
Comment est née l'idée du Fonds pour les femmes en Méditerranée ?
Nous avons créé le FFMed en 2008 après plusieurs d'années d'expérience de militantisme dans le monde féministe de la région. Nous nous étions rendu compte que les associations de femmes n'avaient pas assez de financements et qu'elles vivaient avec presque rien. Ce n'était pas possible de défendre la cause des femmes d'une façon efficace en fonctionnant avec des bouts de chandelle. Il se trouve par ailleurs que dans nos expériences militantes, nous avons reçu l'aide d'autres fonds pour les femmes, qui existaient et sont âgés maintenant de trente ans, dont Mama Cash. En 2006 j'ai été invitée à une grande réunion internationale dans laquelle il y avait un panel intitulé : «Où est l'argent pour les droits des femmes ?». La directrice du Global Fund for Women, basé en Amérique, y avait pris la parole pour remercier à l'occasion de la réunion une héritière ayant signé 20 chèques d'un million de dollars au bénéfice du Global Fund. C'est là que je me suis dit : «Il faut trouver des donatrices fortunées pouvant soutenir la cause des femmes dans notre région». C'est comme cela que l'idée du FFMed a émergé. Depuis dix ans, nous avons aidé 200 ONG situées dans 19 pays du pourtour méditerranéen, dont la Tunisie.
En Tunisie, quel genre de projets soutenez-vous ?
Différents types de projets. Nous avons entre autres aidé l'année passée l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) à monter la production de la pièce de théâtre «L'héritage», présentée au public le 8 mars 2017. Nous aidons l'Association «Victoire pour les femmes rurales» à installer un centre où des femmes victimes de violence peuvent trouver conseil et prise en charge. Nous avons également apporté notre soutien à l'association «Engagement soutien» qui a travaillé sur les élections de 2011 en informant les Tunisiennes sur le scrutin d'octobre 2011 et en les incitant à aller voter.
Comment a émergé l'idée d'une rencontre dédiée au thème : «Média et féminisme» ?
Grâce au Fonds, nous commençons à renforcer tous les réseaux méditerranéens et à établir plus de connexions. Au cours d'une réunion qui s'est déroulée à Paris l'année dernière où nous avons réuni nos vingt conseillères de la région, certaines ont beaucoup insisté sur le besoin de mettre en place un réseau de journalistes féministes qui traitent la question des femmes à la fois d'une manière respectueuse et positive. Cela faisait cinq ans que nous cherchions à concrétiser un tel projet.
L'affaire Weinstein et les phénomènes «Me Too» et «Balance ton porc» ont-ils rendu cette rencontre en Italie encore plus à l'ordre du jour ?
La relation entre ces affaires et notre rencontre réside dans le fait qu'on arrive plus facilement à parler de féminisme aujourd'hui et par conséquent décrocher des fonds pour une réunion comme la nôtre. Avant cela, le féminisme était considéré comme un gros mot.
Comment les femmes peuvent-elles à votre avis exploiter ce nouvel écosystème constitué entre autres de réseaux sociaux pour faire entendre davantage leur voix ?
Des filles très jeunes ont déjà investi tous ces médias partout dans le monde. Et c'est formidable ! Ce sont des blogueuses et des activistes très douées. Le phénomène est souvent lié à des initiatives individuelles et individualistes où les filles peuvent aller très loin et sont suivies par des milliers de personnes. Quelque part, cela prolonge la tendance au selfie. Or c'est dans le fait de s'exposer en étant toutes seules que réside la fragilité de ces filles, qui subissent souvent un très féroce cyber harcèlement. Je peux citer l'exemple d'une youtubeuse française Marion Seclin, qui a fait face pendant un an aux plus ignobles des insultes sexistes pour avoir pris des positions féministes. Tout ce contexte est nouveau. Nous sommes en train de nous y adapter petit à petit.
Un projet voit le jour grâce à cette rencontre italienne : un réseau/plateforme des femmes de la Méditerranée. Quel rôle peut jouer cette structure dans le rapprochement des femmes des deux rives ?
C'est une structure qui peut devenir un outil fabuleux d'échange, dans la mesure où nous cherchons toutes une plateforme dotée d'informations fiables sur les femmes de la région. Une sorte de caisse de résonance de tout ce qui se passe chez nous du côté des femmes. Le réseau/plateforme peut servir d'endroit aux femmes journalistes de diffuser toute cette matière qu'elles n'arrivent pas à passer dans leurs médias à défaut d'intérêt de leur rédaction pour les questions féministes. D'autre part à chaque fois qu'il y a du nouveau dans le mouvement des femmes, journalistes et activistes du réseau peuvent tout de suite en rendre compte. L'information sera alors relayée par des journalistes femmes de partout.
Les contextes des unes et des autres sont très différents. Qu'est-ce qui unit par exemple les femmes croates et les femmes tunisiennes ? Cette diversité peut-elle représenter un avantage ou plutôt une contrainte ?
Il y a beaucoup de similitudes aussi entre les Tunisiennes et les Croates. Des deux bords de la Méditerranée les femmes se battent actuellement pour la défense de leurs droits reproductifs. Moi je crois beaucoup plus à ce qui nous unit qu'à ce qui nous divise. La diversité nous enrichit. Justement les différences sont renforcées par les personnes que nous dérangeons en étant solidaires et en se présentant comme des êtres humains qui créent un univers de paix en acceptant nos diversités.
La Tunisie est en train de vivre une expérience de transition au cours de laquelle les droits et les libertés des Tunisiennes ont beaucoup avancé. Ce pays peut-il incarner une locomotive pour les autres femmes de la région ?
J'en suis absolument convaincue d'autant plus que j'ai longtemps été membre du Collectif Maghreb Egalité. D'ailleurs, au moment où nous avons voulu rédiger une proposition d'un Code égalitaire, nous nous sommes référés au dispositif législatif tunisien qui était plus avancé que ce qui existait en Algérie et au Maroc. C'est grâce à ce qui se passe actuellement en Tunisie que d'autres peuvent changer et évoluer par esprit d'émulation entre des populations qui se ressemblent. Et puis quelle bouffée d'air frais pour tout le monde à voir des personnes qui osent, comme en Tunisie, faire bouger les choses ! C'est vraiment super ce qui est en train de se passer dans ce pays !


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