Le Festival international de Hammamet prend sa vitesse de croisière et ce week-end sera exceptionnel alliant le charme du cinéma en plein air, le rythme exalté des Balkans et les douceurs de grandes poésies. Le rendez-vous cinématographique de la 54e édition du Festival de Hammamet renoue avec le cinéma, et c'est justement avec le tout récent film d'Emir Kusturica «On the Milky Road» que les cinéphiles auront à se régaler. C'est le retour de Kusturica tel qu'en lui-même : échevelé, baroque, mêlant la guerre et le rire, la violence et la beauté, le réel et l'imaginaire, la musique et les lance-flammes. Comédie tragique d'une étrange beauté, «On the Milky Road» est l'expression parfaite d'un onirisme génialement désespéré. Critique sociale et religieuse à la musicalité grinçante, cet impitoyable ballet envoie valser son auteur aux bras d'une Monica Bellucci rarement aussi enchanteresse. Le film sera présenté en présence de son réalisateur qui assurera le lendemain son extravagant concert avec son groupe «The no smoking orchestra». Déguisé en guérilleros mexicains tendance zapatiste, affublés de sombreros, de cartouchières et de moustaches, que le groupe de Belgrade nous revient, dix-huit ans après «Unza unza time» (2000), avec ce nouvel album baptisé «Corps Diplomatique». Un clin d'œil cinématographique un peu foutraque qui correspond autant à leur musique qu'à l'œuvre du génial cinéaste franco-serbe qui leur sert de mentor, de guitariste et désormais de chanteur. Dans le grand melting-pot aux profondes et solides racines balkaniques du «No smoking orchestra», tout ce qui sert à danser et faire la fête est le bienvenu. Valse country, cuivres et fanfares gitanes, musette, marches turques, sample techno, punk-rock, rythmes sud-américains, danse Kolo serbe... Ainsi depuis 20 ans, Emir Kusturica profite de chaque trou dans ses plannings pour parcourir le monde avec sa bande de joyeux drilles déjantés... Un groupe sans égal pour faire revivre, en quelques notes de tuba, saxophone et violon, tout l'imaginaire fantasmatique des Balkans. Après l'euphonie des Balkans, le dimanche sera un moment d'apaisement de voyage à travers les vers des plus grands poètes arabes. Jahida Wahbe excelle autant dans la poésie que dans le théâtre ou la musique. Initiée aux différentes techniques de chant : oriental, syriaque, lyrique au Conservatoire national de musique du Liban, elle étudie également l'art du chant soufi, de la récitation du Coran, de la musique d'avant-garde et la composition de pièces musicales et poétiques pour théâtre. Ses apparitions avec de grands metteurs en scène de théâtre libanais et avec la grande comédienne Nidal Al Achkar la rendent populaire au Liban où elle est reconnue pour la qualité exceptionnelle de sa voix et la rigueur avec laquelle elle choisit son répertoire. Grande dame du chant arabe, Jahida Wahbe fait partie de la grande famille de ceux qui ne badinent pas avec l'art. Son répertoire vogue à travers les poèmes les plus précieux et traverse le temps avec des compositions d'un extrême raffinement des textes de Bader Chaker Sayeb, El Hallej, Rabiaâ Adaouiya, Lorca, Grass, Jobrane, Darwiche, Ibn Arabi, Adonis...